Suréquipée, de Grégoire Courtois

Dans une période de lecture plutôt orientée vers les novellas, j’ai lu ce texte resté trop longtemps sur ma PAL. 160 pages, un thème connu et illustré par de glorieux auteurs (Ballard et King, cités à raison en quatrième de couverture) mais repris dans une manière très personnelle par Grégoire Courtois, « Suréquipée » est un (court) roman (ou longue novella…) certes vite lu mais pas vite oublié.

 

Quatrième de couverture :

Lorsque la BlackJag a été mise en vente, il était évident qu’elle allait révolutionner le marché de l’automobile. Constitué uniquement de matériaux organiques, qui en font pour ainsi dire une voiture vivante, ce nouveau modèle a tout pour plaire. Le prototype qui a servi aux séances de démonstration devant la presse est aujourd’hui revenu en atelier : son propriétaire a disparu ; peut-être la BlackJag a-t-elle gardé en mémoire des éléments qui permettront de le retrouver. Écoutons-la nous raconter son histoire. 

Avec Suréquipée, son premier roman de science-fiction, Grégoire Courtois, à la suite de J. G. Ballard ou de Stephen King, s’empare avec brio du mythe moderne par excellence : la relation de l’homme à sa voiture.

 

Oubliez l’électrique, voici la voiture organique !

Aaaaah, l’homme et sa voiture, une relation fusionnelle (en tout cas pour certains), qui va très certainement au-delà du rationnel. Sauf qu’ici, dans un futur non daté, la voiture n’est plus une machine faite de métal et de plastique, non non non, la voiture est ici organique, faite de chair, d’os et de sang. Voilà qui peut paraître surprenant, mais Grégoire Courtois détaille plutôt bien ce véhicule du futur (même si on pourra toujours se poser quelques questions sur certains éléments que nous connaissons dont on imagine difficilement une version organique…). Le roman s’intéresse à la disparition du propriétaire de la Blackjag, un prototype de voiture organique. Pour tenter de résoudre ce mystère, la créateur de la Blackjag et un huissier vont étudier les données de la voiture.

Le récit se présente donc comme une succession de logs, issus des données brutes du véhicule et interprétées par un ordinateur adapté (puisque le véhicule est capable réagir aux stimulis extérieurs mais est incapable de les rendre sous forme de langage compréhensible, il faut donc un système externe pour les interpréter, ce fameux ordinateur nommé Jane), entrecoupés de discussions entre les deux personnages sus-mentionnés.

Le mystère se dévoile donc petit à petit, en ne manquant pas de soulever certaines questions dérangeantes sur notre relation avec les objets (et notamment la voiture), les évolutions technologico-génétiques et les dérives qu’elles peuvent amener (que cela viennent des créateurs ou des créations elles-mêmes, Frankenstein n’est pas bien loin…). On pourra certes trouver que la révélation du livre demande une certaine suspension d’incrédulité (aussi bien sur le fait lui-même que sur ses (non) conséquences : pas de traces, vraiment ?), mais il n’empêche que ce court roman atteint son but : bardé de réflexions sur l’éthique et les dérives des recherches technologico-génétiques sans garde-fous (car dirigé par des entreprises et donc avec un but financier), « Suréquipée » n’hésite pas à déranger son lecteur et à aller au bout de son propos de manière très… explicite !

Pari réussi donc pour ce court roman vite lu mais qui reste en mémoire. Bravo !

 

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