Good Omens
C’est peu dire que cette série était attendue ! L’adaptation du célèbre et ô combien délicieux roman de Neil Gaiman et Terry Pratchett (dont je ne vous ferai pas l’affront de vous donner le synopsis, le mieux étant de consulter mon article sur le roman) aura pris son temps, passant d’un film longtemps repoussé à finalement la série que voici, en six épisodes (mais elle a coché avec succès les cases « adaptation radio » par la BBC et « pièce de théâtre » entre temps). Une adaptation forcément très fidèle au roman puisque Neil Gaiman est à la baguette, en tant que producteur du show et scénariste de tous les épisodes. Son but étant de faire quelque chose que Terry Pratchett aurait apprécié (lui qui lui avait demandé dans une lettre posthume de réaliser cette adaptation), il ne sera pas surprenant de s’apercevoir immédiatement que le ton du roman est conservé, plein d’humour bien sûr, so british, mais aussi de petites allusions caustiques et pince-sans-rire à notre monde et notre société (du temps présent, alors que, rappelons-le, le roman va bientôt souffler ses trente bougies), le tout proposé à travers une intrigue bien barrée comme il faut.
/* Critique garantie sans spoilers !! */
Car oui, le ton est donné dès le premier épisode, alors que nous prenons connaissance avec les personnages imaginés par Pratchett et Gaiman : c’est drôle, pas forcément hilarant mais l’humour est suffisamment savoureux pour que le sourire reste présent du début à la fin. Il faut dire que la production a mis les petits plats dans les grands, à commencer par le casting étincelant. Evidemment, on ne peut pas passer sous silence le couple formé par l’ange Aziraphale et le démon Crowley (Rampa pour la version française), deux personnages merveilleusement incarnés par Michael Sheen et David Tennant. Ils sont en osmose parfaite, se répondent du tac au tac (avec des dialogues très réussis), ils sont tout simplement par-faits. Et ce n’était d’ailleurs pas gagné d’avance, notamment pour David Tennant, son rôle pouvant facilement le faire tomber dans le cabotinage le plus ridicule. Mais il s’en sort haut la main. Les deux acteurs sont donc au top, chacun dans leur personnage, mais plus que leur performance individuelle, c’est leur travail d’équipe que je retiens. Le duo est magistral. A tel point que lorsqu’ils ne sont plus à l’écran, le spectateur se sent comme orphelin, pressé de les revoir à nouveau.
Le reste du casting ne démérite pourtant pas, loin s’en faut, entre une Miranda Richardson qui incarne Madame Tracy (une prostituée qui arrondit ses fins de mois avec quelques séances de pseudo-voyance), Jon Hamm dans la peau (terme fort mal choisi j’en conviens…) de l’archange Gabriel, ou la délicieuse Adria Arjona dans celle de Anathema Device (Anathème Bidule en VF). On pourrait aussi citer Michael McKean en Witchfinder Sergeant Shadwell au délicieux accent qui roule les « r », ou bien Amma Ris dans le rôle de Pepper, une jeune fille déjà fermement féministe. Oui, je crois qu’on pourrait tous les citer. Mais ils ne peuvent que s’éclipser devant la prestation Sheen–Tennant.
La série, qui a le bon goût de ne pas s’éterniser avec ses six épisodes, est donc un cocktail plein de bonne humeur, de what-the-fuck très british, d’humour et d’action. Pas ou peu de temps mort, ça va vite à l’essentiel, les épisodes se dévorent et on en arrive vite à la fin, fascinés par ce qu’on a vu, surpris de s’être pris au jeu d’un tel déluge de « non sense » à l’anglaise (oui, les quatre cavaliers de l’apocalypse sont bien là, de même que les extraterrestres, les tunnels tibétains, les nonnes satanistes, la sorcière Agnes Nutter (Agnès Barge en VF), etc…). La réalisation est à la hauteur, et se permet même quelques audaces, comme dans ce troisième épisode ou le générique n’apparaît qu’au milieu, après une longue introduction (peut-être un peu trop cela dit…) retraçant la longue vie d’Aziraphale et Crowley. Certes, tout n’est pas parfait, notamment au niveau des effets spéciaux qui font parfois un peu peine à voir. De même, sur le strict plan narratif, on pourrait regretter l’omniprésente voix de Dieu (Frances McDormand) qui n’est qu’un moyen d’expliquer certaines choses sans nécessairement avoir à les montrer, ou bien certaines digressions qui fonctionnent moins bien à l’écran que sur papier. La musique est aussi un peu en retrait, pas très marquante hormis le thème principal (et les réutilisations de chansons de Queen bien sûr, même si leur présence n’est pas expliquée comme dans le roman…). Mais ce ne sont que de petites anicroches qui ne ternissent pas un tableau ma foi fort réussi.
Reste à savoir à qui pourrait s’adresser cette série qui, à l’évidence, sort réellement de l’ordinaire, avec tout un tas de personnages assez fantasques disons… Les lecteurs de Gaiman et/ou Pratchett seront bien sûr ici en terrain conquis, qu’ils aient ou non lu le roman d’origine. Les férus d’imaginaire y trouveront sans doute leur compte aussi, si tant est que l’humour un peu débridé et WTF n’est pas un obstacle. Mais les autres, le fameux « grand public » ?… Si j’en crois les articles vus sur le Net, ça semble fonctionner, mais les notes des agrégateurs type Rotten Tomatoes ou Metacritic ne donnent pas des résultats stratosphériques… Pas forcément surprenant pour une série aussi « typée » (et qui multiplie les clins d’oeil au microcosme des séries « de genre » anglaises, cherchez donc les références à « Doctor Who », « Sherlock », etc…), parfois audacieuse, toujours drôle, vraiment déjantée, frôlant parfois l’absurde. Peu importe, moi je me suis bien amusé. 😉
« POURQUOI NE PARLEZ VOUS PAS DE MOI ? AVEZ-VOUS UN PROBLÈME AVEC MA PERSONNE ? »
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Vraiment une très bonne série. Je ne m’étais pas posé la question du « grand public », ça sera intéressant de savoir si la série a « fonctionné » – mais peut-on vraiment le savoir avec les séries de VoD ?. En tout cas ça parait au moins parfait pour le Royaume-Uni. ^^
J’AI VOLONTAIREMENT OMIS DE PARLER DE VOUS CAR JE LAISSE CET HONNEUR À BAROONA QUI SE FERA UN PLAISIR DE VOUS MENTIONNER. AVEC UNE POINTE DE DÉCEPTION J’EN AI PEUR…
*reprend sa voix normale*
Il est toujours difficile de savoir si une série diffusée sur un service de streaming touche sa cible. Sauf à constater son renouvellement pour une saison supplémentaire, ce qui ne sera de toutes façons pas le cas ici.
Mais on peut quand même observer que la presse en a pas mal parlé, ça incitera peut-être les curieux à regarder… Ils auraient bien raison de le faire. 😉
J’adore David Tennant depuis qu’il a incarné un célèbre docteur. Il joue parfaitement le british, je finis donc Black Mirror pour me jeter dans cette série.
Comme j’ai un peu oublié ma lecture De bons présages qui date, le fait que cela soit proche du roman me convient parfaitement.
Je ne l’ai pas vu dans « Doctor Who », certains voient quelques similarités entre ce qu’il a fait dans cette série et « Good Omens ». Tu es plus à même que moi d’en juger.
J’espère que tu prendras du plaisir à regarder ces six épisodes, ça te fera une bonne piqûre de rappel en ce qui concerne le roman. Et on garde le côté fun, déjanté et so british. 😉
Je rejoins ton avis, j’ai trouvé extraordinaire le duo Michael Sheen et David Tennant. Je suis contente que cette mini-série soit aussi fidèle au roman éponyme. Exercice de haute voltige ! (et le générique est à lui seul, très appréciable)
Oh que oui, quel duo !
Je suis mal placé pour en juger vraiment, puisque mes souvenirs du roman étaient un peu flous, mais tout le monde semble d’accord : c’est très fidèle, avec quelques ajouts et retraits bien vus qui ne travestissent pas le roman d’origine. Donc c’est du tout bon de ce côté là !
Et oui, le générique est plutôt sympa. 😉
Très belle adaptation ! (même si je ne cache pas m’être demandée moi aussi ce qu’en penserait quelqu’un qui n’a pas lu le livre). Le duo de tête est excellent, le reste du casting n’est pas en reste et on retrouve à peu près tout ce qu’on pourrait attendre. Il ne manque que les motards de l’Apocalypse coupés pour des raisons de budget… mais comme le reste est à la hauteur et qu’on a même deux trois bonus, ça ne me viendrait pas à l’idée de protester.
C’est étonnant parce que c’est un livre comique à la base, mais à chaque relecture ou devant cette adaptation je le trouve des fois bien plus sérieux et profond qu’on ne pourrait le croire.
Hum, j’ai bien vu les cavaliers de l’apocalypse Pas beaucoup à moto, certes mais ils sont bien présents
Et j’ai bien aimé les bonus moi aussi ! Par contre, ayant découvert le livre en français, je suis étonnée que « toutou » ne possède pas comme origine anglophone un surnom mignon comme « doggy » plutôt que « dog » tout simplement.
Je n’ai plus le roman en tête mais il me semble que les cavaliers/motards de l’Apocalypse avaient tout un groupe qui les suivait. On ne les voit pas dans la série, et je crois que c’est d’eux dont vert veut parler. 😉
Quant au terme « toutou », si j’ai tout bien compris, la traduction a été revue tout récemment (et le livre est ressorti en grand format aux éditions Au Diable Vauvert) par Patrick Marcel, et le terme « toutou » est devenu « chien » pour correspondre à la VO. 😉
Merci de préciser pour les motards de l’apocalypse, parce que je me suis arrêtée aux quatre principaux (oups)
Et bien… je crois que je préfère « toutou » car je trouve que l’aspect « mignon » sert justement l’action. Après, j’ai bien compris que nommer les choses telles qu’elles sont, donc « Chien » pour le chien est tout aussi important 😉
De rien. 😉
La précision concernant la traduction vient du traducteur lui-même, Patrick Marcel, qui a donc logiquement décidé de coller à la VO. 😉
Oui, c’est vraiment fait pour les fans du roman je trouve, je suis plus réservé pour le public lambda. J’essaierai de montrer la série à ma soeur, on verra…
Il y a finalement beaucoup de choses derrière l’humour du roman. C’est sans doute pour ça qu’il supporte très bien adaptation et relectures (ça me démange d’ailleurs. 😉 ). Le signe des grands romans ? 😉