Zapping cinéma et VOD, épisode 70

Posted on 2 novembre 2022
Quoi de mieux qu’un nouvel article pour luter contre le blues post-Utopiales ? La réponse est : un nouvel article qui parle des « Anneaux de pouvoir » ! 😀 Et presque sans spoiler… 😉 Mais il n’y a pas que ça, on n’oublie pas le récent film de Jordan Peele (« Nope ») et l’inattendue nouvelle incursion dans la franchise « Predator » (avec « Prey » de Dan Trachtenberg). Enjoy  😉

 

Nope, de Jordan Peele

Il y a toujours quelque chose à explorer dans le cinéma films de Jordan Peele, qui revient sur grand écran après « Get out » et « Us », puis une incursion en tant que producteur et maître de cérémonie de la dernière itération en date de la série « The twilight zone ». Le réalisateur ne fait jamais rien de gratuit, tout a un sens, même s’il faut parfois réfléchir (hé oui…) pour le découvrir.

C’est à nouveau le cas ici avec « Nope » qui, sous couvert d’une mystérieuse apparition au-dessus d’un ranch américain, s’intéresse à la société du spectacle et à l’addiction qu’elle crée. Il faudra, comme pour « Us », accepter de suspendre son incrédulité pour adhérer à ce qu’on voit à l’écran, mais on ne pourra en revanche critiquer quoi que ce soit sur l’aspect visuel du film qui, sans en faire des tonnes, parvient à impressionner, inquiéter, époustoufler, et plein d’autres verbes du premier groupe. C’est beau, parfois poétique même, et « la chose » est vraiment remarquable.

La thématique du film me paraît toutefois moins accrocheuse que celle de « Us », « Nope » en devenant peut-être, pour moi, moins prenant. Ça n’en fait pas pour autant un film mineur, d’autant que les acteurs (pour la plupart issus des minorités) sont au top (superbes Daniel Kaluuya et Keke Palmer) et que le long-métrage est thématiquement très riche. Jordan Peele reste donc toujours aussi pertinent, le fond et la forme venant se compléter. Rendez-vous au prochain film.

 

Prey, de Dan Trachtenberg

Je dois l’avouer, je n’ai jamais rien vu de la franchise « Predator », jusqu’à ce « Prey » sorti cette année et qui en est une préquelle. Ça n’est pas un problème, le film ne demande aucune connaissance préalable de cet univers. Dan Trachtenberg (déjà vu en réalisateur sur un épisode de « Black mirror » et de « The boys », et surtout sur le film « 10 Cloverfield Lane ») se réapproprie cette licence pour la relancer au XVIIIe siècle, sur le territoire des Comanches.

Le pitch est simple : un Predator débarque et, conformément à la culture de son peuple, se met à chasser, jusqu’à trouver une proie digne de lui. De fil en aiguille, c’est la jeune Naru, dont le vœu est de devenir une guerrière plutôt qu’une cueilleuse pour la tribu, qui va lui procurer ce challenge.

Un pitch simplissime donc, mais efficace, et cette épure scénaristique joue pleinement pour lui. On y trouve quelques écarts thématiques (sur la culture améridienne, proche de la nature, comparée aux vils envahisseurs Européens sans foi ni loi) un peu présentés à la truelle mais ça ne vient pas perturber le déroulé du film, parfaitement maîtrisé.

C’est donc haletant, prenant, et on saluera au passage la prestation de Amber Midthunder, elle-même issue de la nation Sioux. Seul bémol, alors que tout s’était bien déroulé et qu’on s’approchait du sans faute, la fin nous montre un Predator devenu complètement idiot, pour une résolution scénaristique qui tombe dans la facilité. Vraiment dommage… Hormis cela, « Prey » est une belle réussite inattendue, qui m’incite à aller faire un tour du côté des premiers films de la franchise.

 

Les Anneaux de Pouvoir, saison 1, de J.D. Payne et Patrick McKay

Alors alors… Attendu depuis longtemps, auréolé (ou pas…) de son budget colossal, la série d’Amazon basée sur quelques lignes des appendices du « Seigneur des Anneaux » de J.R.R. Tolkien était attendue au tournant, c’est le moins que l’on puisse dire. La question se posait de savoir ce qu’elle allait raconter puisque l’entreprise de Jeff Bezos n’a pas les droits du « Silmarillion ». Et pourtant, les producteurs nous avaient (r)assurés en affirmant qu’il y avait suffisamment de matière pour aborder le retour de Sauron, la fabrication des Anneaux (c’est la moindre des choses quand on s’appelle « Les anneaux de pouvoir »…), la submersion de Númenor, la dernière alliance des Elfes et des Hommes… Ca en fait des choses, tout ça en, a priori, cinq saisons…

Et quand on voit cette première saison, on se demande bien comment vont être abordés tous ces éléments. En effet, on dit souvent que pour adapter une oeuvre littéraire à l’écran, il faut faire des concessions puisque les médias sont différents. Certes c’est le cas ici, sauf que les différences scénaristiques (inévitables) semblent pour la plupart être des circonvolutions pour éviter d’attaquer de front le récit du « Silmarillion » puisqu’Amazon n’a pas le droit de s’en approcher… Dès lors, tout s’explique, mais le problème de la série c’est que, en tout cas pour le moment, elle n’a pas grand chose à raconter. Pire, elle ne cesse malgré tout de faire de l’exposition. Il faut certes que tout le monde puisse visionner la série sans problème de compréhension, pas uniquement les connaisseurs de cet univers, mais quand on continue d’exposer de nouvelles choses au sixième épisode sur les huit que compte cette saison (sans jamais prononcer le mot « anneau », un triste exploit, rappelez-moi le titre de la série déjà ?…), ça commence à faire beaucoup, et le spectateur finit forcément par trouver le temps long… Rendez-vous compte : cette saison est presque aussi longue que la première trilogie de Peter Jackson (11h22 pour la trilogie, 9h17 pour la série, j’ai compté ! 😀 ), sauf qu’il s’y passe cent fois moins de choses…

Alors Amazon transforme des choses (innombrables), en invente d’autres (plus ou moins réussies, comme Halbrand, la bonne surprise), justifie certains trucs bizarrement (cette histoire du mithril, sérieusement, quelle horreur !…), bref ça louvoie pas mal pour faire du Tolkien avec les éléments que le géant du e-commerce a en sa possession. Bien sûr, il ne s’agit que de la première saison, le plus important reste à venir, mais bon sang ça manque quand même sérieusement d’enjeux forts. On parle pourtant du retour de Sauron mais tout ce que la série propose jusqu’ici c’est le départ de trois bateaux (oui, trois…) de Númenor pour aller sauver un obscur village de paysans dans les Terres du Sud. Mouais, on a vu plus passionnant, et plus épique. Rappelons que le « Silmarillion » est le récit, pour moi, le plus épique et le plus poignant de Tolkien. Ha mais oui, Amazon n’en possède pas les droits… Ok, donc de ce côté là, on peut dire que la non-adaptation du récit phare de l’auteur anglais est réussie… 😀

Donc voilà, ça n’est pas franchement passionnant jusqu’ici, et les personnages ont bien du mal à relever le niveau, certains perdent même au passage toute prestance (Isildur, qu’ont-ils fait ?… Je sais toute l’ambiguïté du personnage mais ici il n’a absolument aucune stature…), alors que d’autres correspondent bien peu à ce qu’ils sont censés être (j’aime bien la Galadriel de la série, mais honnêtement, son comportement de jeune femme impulsive ne semble pas être très cohérent avec celui d’une Elfe âgée de plus de 1000 ans…). Mais ça manque quand même un peu de charisme tout ça, et ce n’est pas le brushing des Elfes qui va relever le niveau (Elrond et Celebrimbor, franchement ? 😀 ). Seul Durin parvient à relever le niveau, et le duo qu’il forme avec Elrond est un vrai plaisir, de même qu’avec son épouse Disa.

Bref, on pourrait aussi discuter longtemps des aménagement faits avec la chronologie du monde de Tolkien mais tout cela serait finalement assez vain, puisque c’est à la fois nécessaire pour l’adaptation à l’écran tout autant que guidé par l’obligation de se défaire du texte du « Silmarillion ». Reste qu’en l’état c’est long, poussif, parfois ennuyeux. Mais évidemment, le dernier épisode relève le niveau et donne envie de voir la suite… et d’avoir une explication du comportement totalement stupide d’Elrond et Galadriel à la toute fin. Honnêtement, pour une Elfe qui poursuit un but depuis plusieurs centaines d’années, à un point tel que son propre peuple la juge bornée, (attention spoilers !!) la voir nez à nez devant ce qu’elle cherche depuis si longtemps et le laisser filer sans rien dire à personne, je ne comprends pas… Mais bon, wait & see et on verra bien ce que nous réservera la deuxième saison… en 2024 !

 

  
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