La mythologie viking, de Neil Gaiman

Ressorti en cette fin d’année 2022 au format poche, dans une édition « collector » marquée par une couverture bicolore blanche et orange visuellement frappante (normal puisqu’il de Mjöllnir, le marteau de Thor ! 😀 ) et un jaspage orange pour parfaire la présentation, « La mythologie viking » signé Neil Gaiman parvient enfin entre mes mains d’amateur de culture scandinave.

 

Quatrième de couverture :

La légende raconte qu’il existerait neuf mondes, reliés par Yggdrasil, le frêne puissant et parfait. C’est là le théâtre des aventures d’Odin, le plus grand et ancien dieu, Père de tout ; de son fils aîné Thor, fort et tumultueux, armé de Mjollnir, son légendaire marteau ; et de Loki, séduisant, rusé et manipulateur inégalable. Dieux trop humains, parfois sages, souvent impétueux, quelquefois tricheurs, ils guerroient, se défient et se trahissent. Jusqu’à Ragnarok, la fin de toutes choses.

Voici leur histoire, rapportée par Neil Gaiman, le plus grand des conteurs.

 

Les fourberies de Scapin Loki

Tout le monde connait la mythologie viking (plutôt que d’utiliser le terme « viking », à la définition très encadrée, on pourrait plutôt parler de mythologie nordique ou scandinave mais c’est sans doute moins vendeur…), du moins en partie, ou à tout le moins tout le monde a entendu parler de Odin, Thor, Loki, etc… Mais connait-on vraiment les récits qui sont au coeur de cette mythologie ? La création du monde, le frêne Yggdrasil qui soutient les neuf mondes, la perte d’un oeil de Odin, la mort de Balder, le fameux Ragnarok, cette fin du monde qui n’est qu’un éternel recommencement, etc… Oui cela vous dit peut-être quelque chose, mais de là à « connaître » ces histoires, il y a un monde…

C’est là qu’intervient Neil Gaiman qui opère ici une véritable synthèse en rendant accessible au commun des mortels un certain nombre de récits (courts pour la plupart, les plus longs peinant à dépasser la vingtaine de pages) mettant en scène tous ces personnages bien connus (ou moins connus comme Frigg, Freya, Frey, Tyr, Heimdall et quelques autres). L’écriture de Gaiman est ici relativement neutre mais sait se réserver quelques pointes d’humour ici ou là tout en gardant une certaine distance, sans doute nécessaire dès que l’on s’attaque à des récits mythologiques. La lecture n’en reste pas moins aisée, en tout cas largement plus que quand on se lance dans « L’Edda »

Chaque chapitre est donc une histoire à part, détachée du reste, et le livre se présente comme un recueil de petites histoires successives, avec parfois quelques rappels de l’une à l’autre. « La mythologie viking » devient donc un panorama de tout ce que cette mythologie, à la fois familière et pourtant si mystérieuse, a à offrir. Tout ? En fait pas vraiment, Neil Gaiman a dû opérer un choix, un tri, entre ce qui était présentable en tant que récit « narratif » et ce qui l’était moins. Si on veut se plonger dans la totalité des mythes nordiques (avec de multiples autres personnages ou « races » comme les elfes ou les nains qui font ici de la figuration (quoique ces derniers soient parfois assimilés à des elfes noirs…), contrairement aux géants qui sont plutôt bien représentés), il faudra donc nécessairement en passer par les Eddas, en prose ou en vers. Mais les publics ne sont clairement pas les mêmes…

Et on découvre ici grâce à Neil Gaiman la duplicité de Loki, tout autant fourbe que sauveur, la force de Thor, dont la taille des muscles est inversement proportionnelle à celle de son cerveau, etc… On découvre des dieux roublards, veules, couards, fanfarons, menteurs, violents, chamailleurs mais aussi forts, sages (parfois…), puissants. La quatrième de couverture nous parle de « dieux trop humains », on ne pouvait sans doute pas trouver meilleure définition. Ca combat, ça parlemente, ça tue, ça tacle sans vergogne. Asgard ressemble à une cour divine remplie d’enfants rois boudeurs obstinés. Imaginez une crèche d’enfants en bas âge, donnez leur des super-pouvoirs, et vous aurez là une bonne idée de ce qu’est le royaume des dieux nordiques. 😀

« La mythologie viking » est donc une synthèse, un recueil condensé particulièrement agréable à lire, passionnant même, qui parvient, avec parfois peu de mots, à présenter des concepts importants de cette mythologie (les Nornes, Yggdrasil…). L’essentiel y est, ouvrant clairement l’appétit d’un lecteur qui voudrait en savoir plus (qui devra donc se tourner vers des ouvrages plus touffus (les Eddas là encore…) pour en apprendre plus sur des éléments à peine effleurés tel la pendaison d’Odin), mais offrant suffisamment de substance à travers ses 280 pages à un « simple » amateur. Avec une écriture limpide et tout à fait agréable, sans aucune lourdeur et même avec une certaine légèreté (à l’exception de la description du Ragnarok dont la noirceur de la fin du monde tranche avec le reste), Neil Gaiman parvient à rendre intelligible cette mythologie encore trop méconnue. Petit prix, bel ouvrage, contenu intéressant, « La mythologie viking » a tout d’un incontournable du genre.

 

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