Trésors de Tolkien, de Catherine McIlwaine

Posted on 14 août 2019
On risque de beaucoup parler de Tolkien ces prochains mois, puisque la très attendue exposition que lui consacre la BNF ne va pas tarder à ouvrir ses portes (du 22 octobre 2019 au 16 février 2020), après celle de la Bodleian Library d’Oxford l’année dernière. Et c’est justement à la suite de l’expo d’Oxford que les éditions Christian Bourgois ont décidé de traduire (par l’intermédiaire de Vincent Ferré, grand spécialiste ès Tolkien) l’ouvrage de Catherine McIlwaine (responsable des archives Tolkien à la Bodleian Library), « Trésors de Tolkien », qui fait un peu office de catalogue « light » de l’exposition.

 

Quatrième de couverture :

Présentant les pièces maîtresses des archives de J.R.R. Tolkien conservées à la bibliothèque Bodleian d’Oxford, cet ouvrage révèle diverses facettes de la vie et de l’oeuvre de J.R.R. Tolkien, de son enfance près de Birmingham aux recherches qu’il a menées à l’université, en passant par son expérience pendant la Première Guerre mondiale. Rassemblant ses magnifiques illustrations destinées au Silmarillion, au Hobbit et au Seigneur des Anneaux ainsi que les cartes complexes qu’il a créées et qui décrivent la Terre du Milieu – le monde qu’il a inventé -, ce livre constitue une introduction idéale à la vie de cet écrivain, illustrateur et savant extraordinaire, et à son imagination créatrice unique.

Catherine McIlwaine est responsable des archives Tolkien à la bibliothèque Bodleian de l’université d’Oxford, en Grande-Bretagne.

 

Écrivain reconnu bien sûr, mais aussi dessinateur de talent

Cet ouvrage se concentre donc bien sûr sur les oeuvres de Tolkien, mais peut-être plus sur les oeuvres graphiques (présentées à l’exposition d’Oxford) que sur les littéraires. Quoique, puisque chez Tolkien tout est intriqué, tout est lié, lui qui a passé sa vie entière à parfaire son « Légendaire ». Et donc, après une courte introduction permettant de rapidement replacer l’homme et son oeuvre dans leur contexte, on se retrouve vite confronté aux nombreux dessins qu’il a réalisés, aussi bien pour ses enfants (« Roverandom », « Lettres du Père Noël ») que pour lui-même (Ishness) ou pour illustrer ses oeuvres destinées à parution (« Le hobbit », « Le seigneur des anneaux »), la littérature et le dessin relevant pour Tolkien de la même inspiration créatrice.

Et il faut bien dire que Tolkien avait un sacré talent. Ses peintures sont superbes, qu’elles soient détaillées (le Comté, Fendeval, Bilbo rejoignant les elfes des radeaux, la conversation avec Smaug…) ou plus oniriques (les halls de Manwë, les arbres de Valinor…), le tout dans différents styles et avec différents outils (aquarelle, gouache, crayons de couleur, stylos à bille…). Si on ne peut comparer les dessins de Tolkien avec ceux d’autres illustrateurs qui ont plus tard travaillé sur ses oeuvres (Alan Lee, John Howe, Ted Nasmith et bien d’autres), dans un style beaucoup plus précis et réaliste, force est de constater que les dessins de Tolkien possèdent malgré tout un fort pouvoir d’évocation. Et moi qui ne jurais jusqu’ici que par les illustrateurs sus-cités, me voilà contraint de réviser mon jugement sur une facette de Tolkien que je connaissais mal.

 

    

 

On notera également, plus pour la forme qu’autre chose mais c’est malgré tout un petit plus non négligeable, la présence de quelques photos familiales et un beau portrait d’Edith, la Lúthien Tinúviel de J.R.R. Tolkien. Au-delà de ça, si on peut considérer que cet ouvrage est une bonne introduction à l’auteur, à sa vie, à son oeuvre, il faut malgré tout bien dire que les textes étant extrêmement courts, un amateur un minimum éclairé sur le sujet n’apprendra pas grand chose. Et peu importe, l’important ici ce sont les dessins, les peintures, bien mis en valeur. Tourner les pages de ce petit ouvrage est un vrai régal, qui permet de plus, à mesure que Tolkien développe ses oeuvres littéraires et le Légendaire qui leur est associé, de déceler une évolution dans son style, qui devient plus discret, plus doux peut-être comme le montre les illustrations aux crayons de couleur qu’il a réalisé pour « Le seigneur des anneaux ».

 

    

 

Et enfin, « Trésors de Tolkien » n’oublie pas d’insister sur le perfectionnisme de l’auteur anglais, qui n’a eu de cesse de retoucher, modifier, revenir sur ses textes, à tel point que « Le Silmarillion » est resté inachevé jusqu’à ce que la volonté de son fils, Christopher Tolkien, finisse par en faire une oeuvre cohérente malgré tout et surtout, je ne cesserai jamais de le dire, LE grand chef d’oeuvre de J.R.R. Tolkien. Ce perfectionnisme extrême se retrouve lui aussi illustré par les dessins des jaquettes de ses romans ou les nombreuses cartes que Tolkien a réalisé, lui qui allait jusqu’à vérifier que les distances quotidiennes parcourues par ses héros étaient réalistes. Pour les amoureux des cartes comme moi, c’est évidemment un bonheur, sans doute trop court tant on aimerait en avoir plus.

 

    

 

Car oui, 144 pages, c’est peu, et c’est pourtant déjà beaucoup. On pourrait sans doute regretter de ne pas bénéficier de toutes ces oeuvres dans un format plus grand, relié, cartonné, plus « ouvrage d’art » (il reste malgré tout bien supérieur aux reproductions de qualité variable postées au sein de cet article). Mais, en plus de bénéficier d’un prix relativement correct (20€), c’est peut-être reculer pour mieux sauter car d’une part, le vrai catalogue de l’exposition d’Oxford est sur le point d’être traduit en français (reprenant d’autres pièces non présentées durant l’exposition), et car d’autre part la BnF prépare elle aussi son propre catalogue, qui sera sans nul doute bien étoffé. Quand je vous disais qu’on allait entendre parler de Tolkien… 😉

 

Lire aussi l’avis de Grominou.

 

 

  
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