Arca, de Romain Benassaya
Quatrième de couverture :
Lors de sa première mission sur Encelade, satellite de Saturne, la jeune scientifique Sorany Desvoeux découvre par accident une nouvelle matière aux propriétés étonnantes. Très vite, avec l’appui de son mentor, l’éminent professeur Henri Stern, se dessine le projet Arca : il s’agit de bâtir une arche propulsée par ce que l’on nomme désormais l’Artefact d’Encelade. Un échantillon d’humanité est ainsi sélectionné pour effectuer un voyage vers La Griffe du Lion, où l’attend une exo-planète aux caractéristiques prometteuses.
Mais une fois le périple entamé et tout retour impossible, des voix de l’ombre s’élèvent au coeur de l’Arca. Des complots se fomentent et une inquiétante religion gagne en puissance, mettant en péril les fondements même du projet.
L’investigateur de bord Frank Fervent devra démêler l’écheveau de ces luttes intestines s’il veut percer à jour le secret de la matière d’Encelade…
Le space-op’ comme je l’aime !
Je ne sais pas pour vous, mais moi quand j’ai lu la quatrième de couverture, je me suis dit : « Ce roman, il me le faut ! ». Alors certes, parfois il y a de mauvaises surprises, mais « Arca » n’en fait pas partie. Car le voyage qu’il propose au sein de l’Arca (le nom du gigantesque vaisseau de 50 km de long envoyé vers une exoplanète habitable) ne manque pas de piquant pour les amateurs de space-opera. Certes, il ne réinvente pas la poudre mais utilise à bon escient les ingrédients classiques qui lui donne si bon goût.
Nous avons donc une Terre à bout de souffle au XXIIème siècle, surpeuplée et surexploitée, une planète Mars en train d’être terraformée à marche forcée avec ce qui ressemble plus à un bagne à vie pour les jeunes recrues du « service martien » qu’à une saine tentative pour trouver un autre lieu de vie (certains passages à ce sujet sont vraiment glaçants), un étrange « Artefact » découvert par une mission scientifique sur Encelade (un satellite de Saturne) qui offre une énergie potentiellement illimitée et un moyen de dépasser la vitesse de la lumière et qui permet donc d’envisager sérieusement la colonisation d’une exoplanète (hors de notre système solaire donc), un gigantesque vaisseau emmenant 3600 personnes pour un voyage sans retour vers cette fameuse planète nommée la Griffe du Lion. Déjà, rien que ça, moi, ça me donne des frissons de plaisir.
Alors bien évidemment, rien ne sera simple, et l’expédition vers la Griffe du Lion ne sera vraiment pas une partie de plaisir. Romain Benassaya maîtrise son propos et sa narration en proposant d’alterner les chapitres à l’époque de l’expédition Arca et ceux consacrés au passé des deux personnages principaux, Sorany Desvoeux la découvreuse de l’Artefact et Frank Fervent l’investigateur de bord de l’Arca. C’est toujours un peu risqué d’opérer de la sorte, souvent un fil narratif étant en deçà des autres, risquant donc de casser le rythme. Et là, pas du tout car tous les fils narratifs sont intéressants : celui de Sorany Desvoeux et sa découverte de l’Artefact et ce qui se passe ensuite, et celui de Frank Fervent et sa jeunesse sur l’enfer martien. Bien évidemment, le fil sur l’Arca reste le plus important mais le passé des deux héros est absolument nécessaire à l’intrigue, même si le suspense quant à leur devenir en prend forcément un coup. Ça reste un joli tour de force.
Je ne m’étendrai guère plus sur l’intrigue qui réserve son lot de surprises tout en reprenant certaines thématiques pas loin d’être des « passages obligés » du space-opera, mais le cocktail préparé par Romain Benassaya, s’il n’est pas des plus originaux, est des plus savoureux, avec un rythme soutenu, des chapitres courts et dynamiques (avec tout de même cette volonté un peu trop systématique de les clore sur des cliffhangers…), un vaisseau joliment imaginé (avec gigantesque forêt, aquarium géant, base d’échantillons ADN, énormes branches abritant les différentes « cités »), quelques réflexions bien senties sur la façon de coloniser une autre planète (doit-on simplement exporter la façon de faire humaine ou bien en profiter pour pour faire autrement et donc tenter de faire mieux que sur Terre, l’endroit qui a viré au fiasco ? Et comment se situent les personnages par rapport à cela ?).
Un bien bon space-opera donc, doublé d’un thriller en huis-clos efficace. Une belle manière de penser à ce qu’il serait possible de faire sur Proxima B. A condition de trouver un Artefact… 😉
Lire aussi les avis de Lune (que je remercie bien fort au passage pour ce joli cadeau ! 😉 ), Prettyrosemary.
Critique rédigée dans le cadre du challenge « Summer Star Wars, épisode VII » de Lhisbei.
Contente que ça t’ait plu !
Moi c’est le chapitre 49 qui m’a soufflée. Et j’ai vraiment passé un excellent moment : le space-op idéal pour se divertir !
Ho oui, ça m’a plu ! 😉
Le chapitre 49, en effet. Un bel exemple d’uchronie en un seul chapitre. Et émouvant en plus.
Pour Proxima on n’a pas forcément besoin d’un artefact, cf. Proxima de Stephen Baxter ou Le moineau de Dieu de Mary Doria Russell. 😉
Je n’ai lu ni l’un ni l’autre malheureusement (ceci dit, je serais bien intéressé par une traduction du Baxter)…
Ce sont eux les « Proximiens » qui viennent à nous ?
Ah non, dans les deux cas il s’agit d’aller nous même faire un tour du côté de Proxima. Dans le cas de Baxter avec pour objectif de coloniser une exoplanète repérée là-bas (mais il va se passer évidemment beaucoup plus que ça, c’est du Baxter :p). Dans le cas de Russell, pour aller voir qui sont ces gens dont on capte les signaux (et le récit tourne autour de pourquoi l’expédition a tourné au désastre, chose que l’on sait dès le prologue).
Ah d’accord. Reste le problème du temps de trajet. Avec l’artefact de « Arca » qui permet d’aller plus vite que la lumière, la solution est toute trouvée. 😉
C’est quoi quelques années de voyage pour atteindre Proxima ? Une paille. En plus l’effet de dilatation temporelle quand on arrive dans les vitesses relativistes permet d’en raccourcir la durée pour les passagers. 🙂
Encore faut-il pouvoir atteindre ces vitesses relativistes…
Ce n’est pas tant que ça un souci. Un peu d’huile de coude, une dose de moyens, une once de patience et on y arrive. 🙂
Je l’ai repéré aussi, il a l’air pas mal du tout !
Ma réponse est : il l’est. 😉
Il a l’air sympathique.
Un bon space-opera : évasion, sense of wonder, etc… Il a tout ce qu’il faut là où il faut. 😉
Faudra que je le lise l’été prochain ^^.
En voilà une bonne idée. 😉
Je me l’étais déjà dit en lisant l’avis de Lune mais : « il me le faut celui-là ! » 🙂
Par contre je suis sur la fin de la trilogie des Enfants de Poséidon (oui je suis un peu lente) et je vais peut être aller prendre un peu l’air ailleurs avant de repartir vers Proxima tout de suite 🙂
Tiens d’ailleurs il y a aussi Le Problème à trois corps de Liu Cixin qui parle de Proxima — et qui sort bientôt en français apparemment !
(J’ai lu le Proxima de Baxter qui est pas mal du tout, mais la suite, Ultima, par contre… j’ai eu un peu de mal.)
Trop de space-op tue le space-op ? 😉 C’est vrai que c’est bien de faire une pause de temps en temps, histoire de se changer les idées.
J’attends le roman de Liu Cixin avec impatience. Les Baxter, je ne sais pas s’ils sont prévus en France…
En tout cas, ce « Arca », sans prétendre changer la face du monde, permet de vivre une très belle aventure spatiale. 😉
Merci pour m’avoir fait découvrir ce super livre ! Je l’ai adoré !
Mais de rien, ravi que ça te plaise, et ravi de te l’avoir fait découvrir. 😉
[…] Lune, Lorhkan, […]
[…] avis : Lorhkan – Les Lectures du Maki – Blog-o-livre – […]