Angle Mort #9

Posted on 19 octobre 2016
On continue de remonter le temps avec le neuvième numéro de la revue « ANGLE MORT ». Quatre nouvelles au compteur, francophones mais pas que, SF mais pas que.

 

angle-mort-9-couvertureAprès un intéressant édito revenant sur les nouveaux possibles modèles du monde l’édition suite à la montée en puissance du numérique d’internet et de tout ce les possibilités qui viennent avec, place bien sûr aux nouvelles.

On commence avec « Daltharee » de Jeffrey Ford, un auteur que j’avais découvert au détour des pages du « Fiction n°19 » (c’est d’ailleurs le plus publié de cette revue » mais qui ne m’avait pas pleinement convaincu. Ici il est question d’une ville miniature, enfermée dans une bouteille (!!). L’idée d’un monde miniature imbriqué dans un autre aurait pu être intéressant, et d’ailleurs le début du récit l’est, mais l’auteur, sans doute un peu fantasque, part un peu trop dans tous les sens pour emporter l’adhésion. Dommage, mais je regrette tout de même de ne pas le voir plus souvent édité en français, car il semble avoir des choses intéressantes à dire, comme le montre son interview.

Vient ensuite « Le chant des baleines » de Stéphane Croenne. Un monde qui semble plus ou moins dystopique (le format de la nouvelle ne permet pas de développer le world-building, et là n’est pas le sujet), un homme qui s’est rendu coupable d’avoir eu une relation sexuelle avec une femme et qui va subir une opération qui n’est jamais pleinement définie mais que l’on devine. Surveillance, contrôle des masses sont des thèmes effleurés par le texte. Mais c’est surtout la peur qui en est au coeur. Une peur bien écrite, décrite, calquée également sur les peurs de l’enfant dans la salle d’attente du médecin. Et le lecteur a peur pour cet homme. Signe que le texte fonctionne.

Puis c’est au tour de Laurent Kloetzer de nous présenter le court texte « Christiana ». Un récit qui flirte avec l’imaginaire, pas si éloigné du monde de son roman « Cleer ». C’est court mais ça fonctionne bien, sans forcément marquer le lecteur outre mesure mais ça reste un bon moment, avec l’émotion présente juste ce qu’il faut avec cet homme à la triste vie qui trompe sa femme. On peut aussi y trouver le fantasme de la femme-objet, ce qui ne manque pas de soulever quelques questions.

Et enfin, après ces trois textes sympathiques mais pas forcément ultra-marquants, vient le meilleur de ce numéro, le long récit de Jack Skillingstead (qui vit avec l’auteure Nancy Kress, plus connue chez nous que ce monsieur) intitulé « Tu es là ? ». Prenant à la fois ses sources dans le cyberpunk et dans le roman noir, ce texte (le plus long du recueil et à nouveau le meilleur pour moi, ça semble être une constante avec cette revue) sur un policier solitaire qui tente de se convaincre qu’il peut tout à fait rester en contact proche avec les autres (alors qu’il est marié, mais en faisant chambre à part) développe une intrigue intéressante en plus d’un « héros » asocial sans le savoir. Un personnage principal crédible et détaillé, des thèmes intéressants et posant questions (la communication, les IA, la solitude…), tout est réuni pour que texte soit une réussite. Et c’est ce qu’il est.

Il y a donc encore une fois de quoi se faire plaisir avec ce numéro. L’exhumation des anciens numéros continue…

 

  
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