Servir froid, de Joe Abercrombie
Quatrième de couverture :
C’est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la guerre.
La guerre est un enfer, mais c’est aussi un gagne-pain pour certains, comme Monza Murcatto, la plus célèbre et redoutée des mercenaires au service du grand-duc Orso. Ses victoires l’ont rendue très populaire… trop, même, au goût de ses employeurs. Trahie, jetée du haut d’une montagne et laissée pour morte, Monza se voit offrir en guise de récompense un corps brisé et une insatiable soif de vengeance.
Quoi qu’il lui en coûte, sept hommes devront mourir.
Elle aura pour alliés un soûlard des moins fiables, le plus fourbe des empoisonneurs, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare décidé à se racheter une conscience.
C’est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la vengeance.
Du Abercrombie pur jus !
La vengeance, tel est le thème central de ce roman. Une vengeance qui, Joe Abercrombie oblige, ne peut se faire que dans le sang. Parce qu’on n’est pas là pour rigoler. Enfin si, un peu quand même, l’auteur n’oublie pas d’alléger son récit d’une bonne dose d’humour notamment à travers des dialogues efficaces entre des personnages parfois hauts en couleurs. Mais quand même, faut que ça saigne quoi. Et donc la vengeance. Celle de Monza Murcatto, trahie par le duc Orso alors qu’elle l’a mené depuis plusieurs années, à la tête de sa troupe de mercenaires, de victoires en victoires et sur le point d’être couronné roi de Styrie. Et la voilà étranglée, poignardée, balancée au bas d’une falaise et laissée pour morte aux côtés de son frère, vraiment mort lui.
Mais Monza est une dure à cuire, et la voilà qui survit, bien décidée à venger la mort de son frère et la trahison de ceux auxquels elle faisait (plus ou moins) confiance. S’ensuit un désir de mort des personnes présentes et complices au moment de son supposé décès. Sept personnes à tuer. Garde du corps, banquier, général, mercenaire, les fils du duc et le duc lui-même. Monza, pour se faire, n’agira pas seule et s’entourera au fil du temps de personnages au départ attirés par l’appât du gain. Barbare du nord, empoisonneur, ancien mercenaire, ancien prisonnier limite autiste faisant une fixette sur les chiffres, c’est une équipe assez particulière qui tentera de mener à bien la cabale de Monza.
J’ai lu ici ou là que ce roman était très tarantinesque dans l’esprit. Assertion tout à fait logique tant le ton pourrait tout à fait donner un film du réalisateur américain, d’autant plus que Abercrombie a un don pour les dialogues qui claquent, la marque de fabrique des films de Tarantino. Et ce n’est pas le seul point commun entre les deux artistes : le cynisme assumé et la violence frontale (parfois assez difficile à encaisser d’ailleurs) achèvent de démontrer qu’il semble y avoir une certaine filiation.
Alors certes, il faut aimer le genre. Avec en plus un risque pris par Abercrombie sur ce roman, celui de la redite. Sept personnes à tuer, ce sont sept histoires différentes certes, mais dont le but reste toujours le même. Le romancier tente d’éviter cet écueil en complexifiant chaque histoire et en leur donnant un impact sur la trame globale et le devenir de la Styrie, mais ça ne marche pas totalement. Ceci dit, avec cette galerie de personnages pittoresques (un petit conseil, ce roman a beau être un one-shot et pouvoir se lire de manière indépendante, c’est un vrai plus que d’avoir lu auparavant le trilogie de « La première loi », certains personnages réapparaissant et certaines allusions parfois importantes y faisant référence) et ce style inimitable, difficile de rester de marbre devant cette (ces) aventure(s) qui, forcément avec Abercrombie, ne se terminent pas par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». L’ami Joe ne fait pas dans le conte de fées…
Parfois un peu (beaucoup…) long, le roman n’est pas vraiment le coup de coeur que j’attendais. Et malgré sa belle galerie de personnages (aaaah, inoubliable Cosca, qui n’éclipse toutefois pas le encore plus inoubliable Glokta de « La première loi »), sa volonté de proposer une fantasy « crade et cynique », ses dialogues percutants et le fait (trop rare) que ce roman de fantasy soit un one-shot, j’ai tendance à lui préférer la précédente trilogie de l’auteur. Il me reste deux one-shots de Abercrombie, toujours dans ce même univers et qui semblent plus faire l’unanimité que ce « Servir froid », et je m’y plongerai sans aucun doute. Car même si j’attendais plus de ce roman, on est quand même un cran au-dessus du tout venant de la fantasy.
Lire aussi les avis de l’Ours Inculte, Lutin82, Herbefol, Simon Courtois, Kissifrott, Blackwolf, Dup, Cécile Desbrun.
Le moins bon à mes yeux, mais c’est quand même du gros niveau, tout est relatif.
Les héros, par contre, est loin au-dessus, valeur sûre !
Voilà, c’est sans conteste de la bonne came, mais j’attendais un peu plus d’Abercrombie. Ce sera sans doute avec les suivants. 😉
J’avais aussi une impression mitigée à l’issue de ma lecture. Je l’ai quand même dévoré! Si ce n’est pas son meilleur cru, je signe tout de suite pour lire de l’Abercrombie.
Sans doute, parce que je regarde du ciné asiatique, j’y ai trouvé un échos avec ceux-ci.
La première loi, j’ai lu des avis si divers que je ne sais qu’en penser. Tu les as critiqué ?
En attendant, ‘aji pris à l’ops Bragelonne les deux tomes suivant Servir Froid.
De ce que j’ai lu jusqu’ici, j’ai trouvé la trilogie plus intéressante que ce one-shot. Mais ce n’est pas forcément l’avis de tout le monde.
Le premier tome de la trilogie est assez classique, c’est dans les deux tomes suivants que l’auteur renverse la table ! 😉
Et oui je les ai critiqués, il y a quatre fois (!!) le lien dans l’article ! 😀 Allez, je suis bon prince, je te le redonne ici : 😉 https://www.lorhkan.com/tag/la-premiere-loi/
J’ai les deux autres one-shots en papier (comme « Servir froid ») : reliés, belle couverture à effet « parchemin », ce sont de très jolis ouvrages.
Merci mon bon Prince!
Je vais donc regarder cela. Je suis curieuse car tu as préféré.
De rien très chère. 😉
Pour la trilogie, faut juste ne pas s’arrêter ua premier volume. Oui je sais, c’est un peu lourd mais la suite vaut vraiment le coup. Enfin, à mon humble avis. 😉
Arf…
C’est le seul et unique livre d’Abercrombie que j’ai dans ma PAL. Et j’ai laissé tomber à 70% de lecture.
Je lui ai donné sa chance en poursuivant un maximum… mais non. Si la mayonnaise prenait bien au début, elle est retombée assez vite. Trop long, trop répétitif, ce qui rend le tout finalement ennuyeux.
Je suis persuadée qu’avec 200 pages de moins, je le finissais et lui faisais même une bonne chronique. Là je n’ai tout simplement pas pu aller au bout.
Dommage.
Je te comprends, et c’est vrai qu’avec 100 ou 200 pages de moins, on aurait eu un truc plus ramassé, beaucoup plus nerveux en fait, un peu comme un coup de fouet, et l’effet n’en aurait été que meilleur.
En l’état, ça reste vraiment bon (pour moi), mais il y avait matière à faire un truc vraiment remarquable.
J’en garde un plutôt bon souvenir, mais c’est vrai que « Les héros » est à mon avis bien au dessus. 🙂 (il me reste le troisième one-shot et découvrir) Par contre je n’avais pas tellement accroché à « La première loi » : je me suis arrêtée au premier tome mais il faudrait que je persévère.
Ben le problème de « La première loi », c’est que le premier tome est assez classique et le moins bon des trois volumes. Donc il ne faut pas s’arrêter à lui, car c’est ensuite que ça devient passionnant. Oui, c’est un peu bête d’en passer par là mais je ressens ça comme une volonté de l’auteur de reprendre les clichés de la fantasy dans le tome 1 et de les faire exploser les uns après les autres dans les deux tomes suivants.
Je note donc « Les héros » qui semble faire l’unanimité. 🙂
Faudrait que je me rappelle du nom de cet auteur pour Monsieur, je suis sûre que ça lui plairait. Je note de l’orienter plutôt vers la trilogie par contre.
Disons que d’une part je trouve la trilogie meilleure que ce roman-là, et que d’autre part il vaut mieux avoir lu la-dite trilogie pour apprécier pleinement les références du roman.
Donc si Monsieur n’a pas peur de se plonger dans une trilogie, tu peux lui souffler le nom de l’auteur. 😉
Bon ben, moi je note que ça n’est pas pour moi, encore plus si ça ressemble à du Tarantino (que j’aime pas trop) !
Quoi, tu n’aimes pas Tarantino ? Haaaaaaaaannnnnn… 😀
Bon effectivement, tu n’es peut-être pas la cible de ce roman ! 😀
La honte, je n’ai encore jamais lu un roman d’Abercrombie… Il faudrait que je teste, un jour ! Bon, ta chronique m’intrigue, même si je note les longueurs. A voir, donc !
Il n’y a pas de honte, on ne peut pas tout lire. 😉
Si c’est juste pour tester, je ne sais si commencer par ce roman est la meilleure approche, « Les héros » semble avoir meilleure presse par exemple (mais je ne l’ai pas encore lu…).
[…] critiques : Jean-Philippe Brun (L’Ours inculte) ; Lorhkan (Lorhkan et les mauvais genres) ; Lutin82 (Albédo – Univers Imaginaires) ; Oriane (La Pile à […]