Life is strange

Posted on 25 octobre 2018

Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un jeu vidéo. Mais pas n’importe quel jeu, non non non. Je vais parler d’un jeu qui est directement entré dans mes panthéon personnel des chefs d’oeuvre du genre. « Life is strange », puisque c’est de lui qu’il s’agit, sorti en cinq épisodes durant l’année 2015 et développé par les français de Dontnod, m’a en effet marqué de la plus belle des manières. Le qualifier simplement de jeu vidéo est par ailleurs un peu réducteur. Aventure graphique, quasi-film interactif, ou pour faire anglophone « narrative & interactive drama », le choix est vaste.

« Life is strange » est un jeu mettant en scène Max Caulfield, une jeune fille qui revient sur le lieu de son enfance pour étudier la photographie dans une prestigieuse école. Elle y retrouvera son amie d’enfance, Chloe Price, qu’elle n’a pas revue depuis quelques années, et découvrira également qu’elle a l’étrange capacité de remonter le temps. Elle finira par s’intéresser à la disparition d’une autre étudiante, Rachel Amber, quelques mois auparavant.

Pour en parler, je vais faire mon fainéant, et reprendre les publications Facebook que j’avais faites à son propos à chaque épisode. Vous allez voir que la progression de l’intrigue et la découverte des personnages m’a rendu… dithyrambique !

 

    

 

  • Episode 1

Je viens de commencer le jeu « Life is strange« . Les personnages sont crédibles, soignés, ça fait plaisir à voir.
La BO semble canon (Syd Matters, José Gonzalez…).
Bref, ça sent le jeu marquant.

 

    

 

  • Episode 2

Fin de l’épisode 2 de « Life is strange ».
Je suis choqué.

Mais c’est bien, le jeu n’hésite pas à placer le joueur dans des situations délicates, il faut assumer ses choix, sans possibilité de revenir en arrière. C’est dur mais ainsi va la vie.

 

    

 

  • Episode 3

Fin de l’épisode 3 de « Life is strange ».
Le genre de fin qui ne surprendra pas un amateur de SF, mais bon sang c’est le grand huit émotionnel avec ce jeu.

Et au-delà de ces fins d’épisodes remarquablement marquantes, le reste fonctionne aussi à merveille : les personnages notamment sont crédibles et touchants, et leurs interactions vraiment convaincantes, avec forcément Max et Chloe en tête, cette dernière étant vraiment un personnage phare. Je crois que j’adore.

 

    

 

  • Episode 4

Fin de l’épisode 4 de « Life is strange ».
Et boom, prends ça dans la figure ! 😲

Après la fin terriblement perturbante (culpabilisante ?) de l’épisode 3, l’épisode 4 en rajoute une couche. Cette fois, on passe en mode thriller avec un cliffhanger de dingue.

Mais auparavant, on est passé en mode détective et on parvient enfin à assembler les pièces du puzzle (littéralement) de ce qui se passe sur le campus de Blackwell, mais aussi en mode « time traveller » avec toutes les conséquences dramatiques que cela amène.

Des choix difficiles, des émotions fortes, des drames, et une tonne de réflexion sur la jeunesse, la vie étudiante, le suicide, le harcèlement, le handicap, et j’en passe. Avec des personnages en faux-semblant, toujours au coeur du jeu, et qui font sa force.

Ce jeu est dingue, ce jeu est grand, ce jeu est exceptionnel.

 

    

 

  • Episode 5

Deux mois. Il m’aura fallu presque deux mois pour m’atteler à l’épisode 5, l’épisode final de « Life is strange ». Peut-être une peur inconsciente de quitter ces merveilleux personnages que sont Max Caulfield et surtout Chloe Price ? Allez savoir…

Mais voilà, après le cliffhanger de fin de l’épisode 4, je ne pouvais pas en rester là éternellement. Et donc voilà. Fin. J’en chiale.

Très peu de gameplay (tant mieux, c’est parfois bancal de ce côté-là, comme une scène d’infiltration un peu lourdingue) dans cet épisode qui joue avec le temps de manière très onirique (ou cauchemardesque plutôt), nous faisant vivre et revivre les évènements sans jamais parvenir à une conclusion satisfaisante. Un épisode fait comme une manière d’insister tout ce qui a précédé (ayant fait passer du temps depuis l’épisode 4, j’ai énormément apprécié cet effet de nostalgie sur tout ce qu’on a vécu avec Chloe lors d’un cheminement dans le noir vers la lumière, scène après scène), insistant sur les conséquences de nos choix, les bons comme les mauvais, les moments de joie comme les moments de peine intense.

Certes, nos choix au cours du jeu n’impactent pas LA décision finale. Une décision que je me suis refusé à prendre (j’ai fait les deux fins l’une à la suite de l’autre). La fin, la seule vraie fin, c’est qu’il faut quitter ce jeu, ces personnages, ces situations qui, forcément quand on a un peu vécu, trouvent toujours à un moment ou à un autre une résonance avec ce que l’on a vécu. Alors oui, à la fin, les larmes coulent, pour différentes raisons.

« Life is strange » est plus qu’un jeu, « Life is strange » est une vie, la vie de Max Caulfield et Chloe Price (et de bien d’autres autour d’eux), mais aussi quelque part, la vie du joueur.

« Life is strange » est un putain de chef d’oeuvre.

 

    

 

 

Voilà, je ne vois pas trop quoi ajouter. J’en suis encore tout retourné. Le jeu n’est pas parfait : quelques facilités narratives ici ou là, techniquement en retrait même si artistiquement c’est très réussi (les sentiments sur les visages passent vraiment bien, par contre la synchronisation labiale est à la ramasse…), un gameplay parfois bancal, mais bon sang, le reste… Ces personnages ! Plus encore que Max Caulfield, incarnée par le joueur, Chloe Price est absolument extraordinaire ! Un personnage attachant comme rarement, émouvant comme jamais et qui va me rester en mémoire un bon bout de temps… Et j’en profite pour citer Hannah Telle et Ashly Burch, les deux actrices qui donnent vie (par la voix) à Max et Chloe de manière admirable, Ashly Burch ayant d’ailleurs été fort justement récompensée d’un Golden Joystick Award.

Les choix que le jeu impose au joueur (jouant sur les choix moraux, impliquant émotionnellement le joueur et donnant envie de revenir en arrière pour voir leurs conséquences sur un terme plus ou moins long, même si j’aime jouer sans filet : mon aventure, ma vraie aventure, c’est celle que je fais « sans me retourner », d’ailleurs le jeu pousse à assumer ses choix), les cliffhangers de fin d’épisode (le choc de l’épisode 2 dont je ne suis toujours pas remis, le retournement de l’épisode 3 et les conséquences dans l’épisode 4, jusqu’aux terribles extrémités (et la difficile thématique qui va avec) vers lesquelles elles emmènent le joueur, le twist final de l’épisode 4…), les thèmes brassés par le jeu, parfois durs, qui prennent aux tripes (encore une fois cet épisode 4…) mais toujours abordés de manière très fine et pleine d’émotion (j’ai un paquet de scènes qui me restent en tête et ne sont pas prêtes d’en sortir), tout m’a marqué. Jusqu’à une fin… poignante, qu’elle que soit l’issue, et qui montre à quel point l’attachement du joueur aux personnages est fort.

Accompagné d’une BO de grande classe (signée Jonathan Morali, l’homme derrière le groupe Syd Matters, et piochant également parmi quelques noms d’importance tels José Gonzalez, Mogwai, Angus & Julia Stone, Amanda Palmer…), musique par ailleurs souvent (attention, je sors un gros mot !) intradiégétique (c’est à dire qu’elle est intégrée à la narration, entendue par les personnages) ce qui accentue l’immersion, « Life is strange » est, pour moi et malgré quelques défauts, un jeu d’une grande justesse, d’une belle sensibilité et qui sait se faire régulièrement bouleversant, jusqu’aux larmes. Un jeu qui a du coeur. Oui, disons-le, c’est un pur chef d’oeuvre de jeu narratif. Et même sans doute un chef d’oeuvre tout court. Inoubliable.

 

    

    

 

 

  
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