Star Trek : Prodigy, saison 1, deuxième partie

Posted on 27 juin 2023

Souvenez-vous de « Star Trek : Prodigy », série animée dont la première partie de la première saison était prometteuse et dont son orientation vers un public jeune ne privait pourtant pas les adultes d’un vrai spectacle Star Trek. La deuxième partie, toujours constituée de 10 épisodes est arrivée, et elle enclenche la vitesse supérieure ! Libérée du carcan de l’exposition nécessaire à toute nouvelle série, elle poursuit sur la lancée du dernier épisode de la première partie, envoyant enfin ses personnages vers l’espace de la Fédération, pour d’une part s’intégrer encore plus pleinement à l’univers Star Trek, puis pour retourner sur les traces d’un glorieuse série précédente.

 

   

   

 

Mais avant cela, il faut donc faire le lien avec la Fédération, après avoir quitter les mines de Tars Lamora. Le jeune équipage de l’USS Protostar, varié et fait pour plaire à un jeune public en proposant donc quelques archétypes de toute sorte (plus ou moins réussis, plus ou moins supportables, le héros Ral R’El est moins casse-pied que dans la première partie, au contraire du Tellarite Jankom Pog qui ne cesse de crier à la troisième personne…), se dirige donc vers le premier avant-poste sur leur chemin, mais les choses ne se passeront de la meilleure des manières puisque la station, au contact du vaisseau, finit par s’autodétruire pour des raisons mystérieuses, jusqu’à la découverte d’une machine intelligente au sein du vaisseau qui s’injecte dans les systèmes des vaisseaux de Starfleet et les pousse à s’entre-détruire. Dès lors, comment faire pour éviter l’apocalypse ?

 

   

   

 

On le voit, les enjeux, au-delà de l’aspect personnel lié à ces jeunes gens fuyant une vie de misère pour intégrer une société plus à même de leur offrir une vie heureuse, sont énormes puisqu’il s’agit rien de moins que de la survie même de Starfleet et de tout l’idéal porté par la Fédération. Au contraire de « Lower Decks », autre série animée dans l’univers Star Trek, « Prodigy » est « sérialisée » et son intrigue se développe à chaque nouvel épisode. Jeune public ne veut donc pas dire intrigue au rabais et sans conséquence. Je ne suis pas en train de dire par là que « Lower Decks » ne propose rien d’intéressant (son humour décapant joue pour elle), juste que son impact sur l’univers Star Trek n’est pas le même, et surtout pas aussi important. Mais comparer ces deux séries n’est pas non plus très pertinent, le public n’est pas le même, le mode de fonctionnement non plus et chacune a ses qualités propres.

 

   

   

 

Et en ce qui concerne « Prodigy », elles sont nombreuses ces qualités ! Artistiquement déjà, c’est du bon boulot, sans que ce soit renversant mais ça fait le job (ce n’est pas ultra détaillé mais la direction artistique est vraiment de bon niveau), notamment sur quelques scènes spatiales ou des plans larges et colorés qui flattent bien la rétine. Pour ce qui est de son intégration à l’univers Star Trek, elle ne fait pas les choses à moitié. La capitaine Janeway de la série « Star Trek Voyager », devenue maintenant vice-amiral, apparaissait déjà en tant qu’hologramme sur l’USS Protostar, elle est maintenant ici en chair et en os (si on peut dire, pour une série animée…), à la poursuite de l’USS Protostar justement, vaisseau sur lequel officiait Chakotay, le même qui était le premier officier de Janeway à bord du Voyager, et qui n’a plus donné signe de vie depuis longtemps. Les choses seront poussées à l’extrême au fur et à mesure de l’avancée de la saison, jusqu’au point culminant du dernier épisode où les spectateurs seront témoins d’une sorte de passage de relai, concernant les jeunes héros de la série, entre la Janeway-hologramme et la vraie Janeway. Les perspectives ouvertes par la fin de la saison, après son final épique, finissent d’ailleurs de faire carrément et complètement de « Prodigy » un véritable successeur à la série « Voyager ». Sans doute ne s’attendait-on pas à cela au démarrage de la série, mais très clairement « Prodigy » intègre les fondamentaux de Star Trek et ce qu’elle montre et met en jeu la place littéralement comme un incontournable de la saga, et ça c’est une sacrée surprise !

 

   

   

 

Et des surprises, la série ne manque pas d’en distribuer, au fil de son intrigue, en ne ménageant pas ses personnages (façon de parler pour une série jeunesse, mais l’épisode qui montre leur passé n’est pas tout rose) avec de multiples révélations qui n’ont pas fini d’être explorées par la suite, ni d’autres éléments auxquels les spectateurs ne peuvent que s’habituer et s’attacher (l’épisode final, là encore). Il y a là une prise de risque bienvenue qui montre que la série n’a pas l’intention de se reposer sur ses acquis et reste constamment en mouvement. Certes, tout n’est pas parfait, on nous refait le coup de la panne du holodeck par exemple, un truc vu et revu dans d’autres séries, et certains éléments typés action sont moins intéressants (autour des Romulans). D’autres, bien que devenu un passage un peu trop obligé dans l’univers Star Trek (les Borgs…) sont malgré tout plus ou moins justifiés scénaristiquement donc ça passe. Ceci dit, côté scénario, on pourrait quand même tiquer quand on voit sur quoi toute l’intrigue repose, alors qu’un simple message écrit sur un support physique (genre du papier…) et échangé entre les vaisseaux aurait pu tout solutionner en deux temps trois mouvements… Bonjour la suspension d’incrédulité !…

En tout cas, on voit du pays, avec des scènes que l’on n’a pas vraiment l’habitude de voir dans un Star Trek (la station pas tout à fait légale et son ascenseur spatial) et qui sonnent même peut-être un peu Star Wars par moment (l’avant-poste dans la neige…). Mais la série ne se refuse jamais rien (comme de rendre hommage à l’un des innombrables « redshirts » de la série originale dans le très réussi troisième épisode), fait évoluer ses personnages (via leur passé notamment, qui nous est révélé et qui impactera forcément leur avenir), et n’oublie pas de distiller un peu d’humour régulièrement (avec un passage très réussi où Janeway n’est plus elle-même, et l’actrice Kate Mulgrew réussi là un joli numéro de doublage quand on connaît l’habituelle rigueur de son personnage).

 

   

   

 

Le bilan est donc très favorable pour cette série que je n’attendais pas à un si haut niveau. C’est une série jeunesse oui, donc ça bouge beaucoup, les héros sont jeunes, un brin naïfs, mais elle n’a rien de simpliste et de tout rose, tout en s’intégrant parfaitement à l’univers Star Trek en y faisant appel régulièrement (les références sont innombrables) et en portant fièrement le flambeau de ce fameux positivisme trekkien. Le cynisme et la noirceur des séries récentes, qui s’éloignaient en cela de « l’esprit Star Trek » des origines n’est pas de mise ici, même si le côté gentillet dû à la cible de la série refait parfois un peu trop surface… Série jeunesse (d’apprentissage) avec une belle morale donc, forcément, mais ça colle finalement très bien avec l’état d’esprit Star Trek. Et puis, comme je le disais plus haut, « Prodigy » prend une importance significative pour le lore de Star Trek puisqu’il faut bien admettre qu’à l’instar de « Picard » pour « The Next Generation », la série devient rien de moins qu’une sorte de continuation de « Voyager », en remettant Janeway sur le devant de la scène. Rythmée, dynamique, aux enjeux forts, épique par moment, on aurait bien tort de bouder « Prodigy » en la restreignant à son public de base.

Mais alors que la série semblait bien partie, comme pour son alter-ego « Star Wars Rebels », pour prendre une importance significative dans l’univers Star Trek, Paramount+ a tout récemment décidé d’annuler la série, et de la faire disparaître d’ici quelques jours de son service de streaming (c’est déjà le cas aux US, donc dépêchez-vous de la regarder !), alors que la saison 2 entre malgré tout en post-production. Un grand moment d’incertitude donc pour cette série qui affiche pourtant bien des qualités. Souhaitons qu’elle n’en reste pas là.

 

   

   

 

 

Chronique réalisée dans le cadre du challenge « Summer Star Wars – Andor » de Lhisbei.

 

  
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