La Suriedad, de Estelle Faye

Posted on 11 avril 2020
Je commence à avoir lu quelques nouvelles de Estelle Faye, dispersées ici ou là puisqu’elle n’a pour l’instant pas eu les honneurs d’un recueil qui lui serait dédié. En attendant, voici un autre texte, « La Suriedad », daté de 2008, et exclusivement disponible en numérique.

 

Quatrième de couverture :

Il est toujours dangereux de rencontrer les dragons…

« J’écris pour ne pas oublier. J’ai déjà perdu la mémoire, une fois, et maintenant je vis dans la crainte que cela se produise à nouveau. Je ne peux pas me le permettre. Je ne peux plus.J’écris dans un petit port de l’archipel des Galantes, il fait une chaleur étouffante. Ici, aujourd’hui, c’est la fête des morts, et c’est peut-être ce qui m’a décidé à coucher sur le papier cette histoire. »

La première nouvelle d’Estelle Faye, parue en 2008, en version numérique exclusive.

 

Corsaires et dragon

Comme on peut le voir juste au-dessus, l’éditeur de ce texte, Les Moutons Électriques, indique que ce texte est la première nouvelle de Estelle Faye, parue en 2008. Il se trouve qu’en cherchant un peu, il s’agit plutôt du deuxième texte paru de l’autrice, le premier étant « Menthe sauvage » paru dans l’anthologie « Dieu reconnaîtra les siens… » en 2006. Quant à la nouvelle ici présente, « La Suriedad », elle est apparu pour la première fois dans l’anthologie « Dragons » chez Calmann-Lévy, non pas en 2008 mais en 2009… Hum. A ces quelques approximations près, disons que Les Moutons Électriques veulent nous indiquer qu’il s’agit là d’un texte d’une Estelle Faye « débutante ». 😉

« La Suriedad » commence avec à homme arrivé à un tournant de sa vie et qui éprouve le besoin de coucher sur le papier tout ce qu’il a vécu. Du moins tout ce dont il se souvient puisque sa mémoire remonte au moment où il a été repêché par un navire faisant la chasse aux corsaires. Avant, rien, le néant. « La Suriedad » est donc le récit des deux dernières années de sa vie, depuis cet évènement jusqu’à l’écriture de ses mémoires.

On avait déjà remarqué l’amour qu’Estelle Faye voue à l’océan et qui transparaît dans plusieurs de ses écrits (« Hoorn » et « Les nuages de Magellan » pour ne citer que ceux que j’ai lus). « La Suriedad » en est un autre exemple. On est en effet devant un pur récit maritime de fantasy, se déroulant dans un monde très proche du nôtre, les noms des lieux, peuples ou même certains noms propres étant directement inspirés de ce que nous connaissons sans correspondre tout à fait (océan du Ponant, archipel des Galantes, les Phaenicians, les Fjordmen, les Néderlands, Mitgard…).

On pourrait dès lors imaginer un récit haletant fait de batailles navales, de trésor, de mutinerie, de beuveries dans les ports, etc… Et pour être honnête il y a un peu de ça, mais sur un ton très éloigné du récit maritime classique basé sur l’aventure au grand air avant tout. Ici, le ton se fait beaucoup plus mélancolique, du fait des questionnements amenés par le personnage principal et des évènements dont il est témoin. Cela amène un vrai plus pour l’atmosphère du récit, relativement calme et introspectif, sans pour autant négliger l’intrigue et l’aventure en elle-même.

« La Suriedad » est donc un texte sympathique qui permet de passer un bon moment, notamment aux amateurs de récits de pirates/corsaires, le tout dans un monde fantasy où la mythologie n’est jamais bien loin (n’oublions que le texte est a au départ été publié dans une anthologie intitulée « Dragons »…). Entre mythe fondateur et fardeau mythologique, le récit (disponible sur le site de l’éditeur pour 1,99€), sans dévoiler totalement tous ses mystères, parvient à laisser une belle petite trace dans l’esprit du lecteur. 

 

Critique écrite dans le cadre du challenge « Le Projet Maki » de Yogo.

 

 

  
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