La voie de la liberté, de Tang Fei

Posted on 19 avril 2020
Confinement encore et toujours, et cette fois ce sont les éditions Jentayu (qui publient la revue du même nom et des livres mettant en avant des écrivains asiatiques peu connus en France) qui nous offrent une nouvelle gratuite issue du dernier numéro (le 10) de la revue dont le thème était « l’avenir ». Il n’en fallait pas plus pour avoir un peu de SF asiatique, avec donc au programme « La voie de la liberté » de la jeune autrice chinoise Tang Fei.

 

Quatrième de couverture :

Y en n’a pas !

 

Le confinement poussé à l’extrême

Voilà un texte dont la période actuelle de confinement fait un étrange écho… Je ne saurais dire s’il est visionnaire (l’avenir nous le dira, nous n’en sommes pas encore sortis…), mais les éditions Jentayu ne pouvaient pas manquer de faire le parallèle avec l’actualité en le rendant disponible gratuitement en ce moment.

Car « La voie de la liberté » parle de confinement. Une femme, une des premières malades d’un genre nouveau, sent le vent tourner et décide donc de rester cloîtrer chez elle, avec ses deux enfants. Une décision étonnante alors que le monde n’a pas encore conscience de ce qui va arriver. Et finalement, la catastrophe sanitaire arrive (il s’agit ici d’une pollution de l’air particulièrement néfaste), et la société finit par s’écrouler. Du moins c’est ce qu’il semble du point de cette famille confinée, alors que la femme et ses enfants (et plus tard ses petits-enfants, l’un d’entre eux (fille ou garcon, le mystère demeure) étant le narrateur du texte) n’ont absolument aucun contact avec l’extérieur.

Isolement total, sur un temps long (plusieurs années), « La voie de la liberté » nous montre que le retranchement prolongé, s’il est au départ salvateur, conduit finalement à un repli sur soi duquel il est impossible de sortir. Tang Fei, jouant plus sur la parabole que sur le réalisme (notamment scientifique, mais aussi sur le plan un peu bancal de la cohérence narrative), utilise pour cela un thème éculé de la littérature fantastique, proche de la manière de faire d’un Richard Matheson (pris à l’envers, mais je ne détaille pas… 😉 ). C’est un brin déstabilisant, surprenant, mais le discours est limpide.

On pense donc inévitablement à la situation que nous vivons en ce moment, mais en se détachant de la période actuelle, le texte peut avoir (surtout qu’il vient d’une autrice chinoise) une portée beaucoup plus sociétale, voire économique et donc aussi politique. Pas mal pour un texte d’une vingtaine de pages, joliment traduit par Coraline Jortay.

 

Critique écrite dans le cadre des challenges « Le Projet Maki » de Yogo et le « Défi Cortex » de Lune (catégorie « Asie »).

 

  
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