La nature de l’exécuteur, de Rachel Tanner

Posted on 2 mai 2020
Encore une nouvelle gratuite, encore offerte dans le cadre du confinement actuel. Cette fois, en réaction à son annulation, le festival des Imaginales a décidé d’offrir à la lecture gratuitement plusieurs nouvelles issues des différentes éditions de son anthologie officielle. Le texte ici présent est celui de Rachel Tanner (paru dans l’anthologie « Elfes et Assassins », correspondant à l’édition 2013 du festival), que j’ai lu un peu un hasard parmi tous ceux disponibles (au nombre de onze, même si je n’ai reçu des lines que pour 10 d’entre eux…).

 

Quatrième de couverture :

Y en n’a pas !

 

Elfes militants

Choisir un texte au hasard, sans même avoir lu le moindre début d’indice sur le contenu, c’est toujours un peu risqué. Ça peut être une bonne surprise, ou un désagréable raté. Ça peut aussi être tomber un peu entre ces deux extrêmes. C’est un peu le cas ici. Parce que le texte, même si son contexte n’a rien de très original (le monde des feys, des elfes notamment, se mélange à la société des humains, dans un monde contemporain) ni de quoi faire rêver (le dossier très politisé de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à proximité de Nantes), est plutôt bien écrit, avec même une ambiance réussie, mêlant un brin de fantastique (avec son héroïne mi-elfe mi humaine et ses capacités afférentes, et quelques manifestations surnaturelles) avec un ton froid et détaché, digne des récits d’espionnage (l’héroïne, Juliette, en est d’ailleurs une, d’espionne, ceci explique cela).

Sauf que derrière son intrigue là encore pas vraiment renversante (notre espionne métissée est chargée par les services secrets d’éliminer une figure du militantisme anti-aéroport et qui se trouve être son propre oncle), on trouve un message politique asséné sans grande finesse. Qui plus est, cette nouvelle entre clairement dans la catégorie des textes trop courts pour leur propre bien. Une nouvelle repose bien souvent sur une idée forte, un concept suffisamment captivant pour tenir le récit à lui seul. Mais le concept qui donne son sel à « La nature de l’exécuteur » (le mélange de deux mondes) et qui lui permet de ne pas être un simple texte militant comme un autre, n’est pas exploré ici, et le lecteur ressort du texte avec trop de questions sans réponse.

Car après les évènements décrits, qui semblent n’être qu’un élément d’un canevas plus vaste, what’s next ? Le monde des feys va réagir comment ? Idem pour les services secrets ? Pourquoi Juliette, qui n’est pas une tueuse professionnelle, a-t-elle vraiment été choisie pour cette mission, au-delà de ce qu’on pourrait comme un test ? Quel est le plan des services secrets la concernant ? Oui, ce texte mériterait d’être développé, pour densifier un univers qui a du potentiel et surtout pour lui donner du corps, alors qu’ici il en manque cruellement.

Soyons clair, ça se lit bien, c’est bien écrit, ça fonctionne (malgré une ou deux facilités scénaristiques), mais il lui manque un truc pour ne pas être rapidement oublié. Dommage.

 

Critique écrite dans le cadre des challenges « Le Projet Maki » de Yogo.

 

  
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