Zapping VOD, épisode 54

Posted on 20 juillet 2020
Remise à niveau sur la saga « Alien » et deux films d’arts martiaux (il faut croire que « La guerre du pavot » m’a donné quelques envies), voici le programme du jour. Un grand écart stylistique donc, à l’image de ce que savent faire physiquement les virtuoses des arts martiaux asiatiques.

 

Alien Covenant, de Ridley Scott

Vous vous souvenez de « Prometheus » ? Film que je n’arrive pas à ne pas aimer malgré ses scientifiques complètement stupides et son scénario rempli d’incohérences ? Hé bien « Covenant » est la suite. Première déception : moi qui m’attendais à ce que le film reprenne directement là où « Prometheus » s’était arrêté, on s’aperçoit vite que de nouveaux changements de direction sont intervenus. Je m’imaginais aller sur la planète des Ingénieurs, les rencontrer, comprendre toutes les implications de ce qu’on a entraperçu dans « Prometheus »… Las, Elizabeth Shaw (le personnage joué par Noomi Rapace dans « Prometheus ») est morte entre les deux films, et l’androïde David a fait quelques expérimentations qui font qu’on oublie vite les Ingénieurs. Dommage.

Reste l’alien, et la mythologie qui l’entoure. Fallait-il à tout prix donner une explication de l’origine des xénomorphes ? Le fan de background et de worldbuilding en moi crie oui, sauf qu’ici ça se perd en considérations pas forcément très intéressantes ni totalement satisfaisantes (ni parfaitement claires d’ailleurs, histoire de pousser vers un prochain film).

Reste un film sympathique, une nouvelle fois esthétiquement réussi (sans atteindre le niveau de « Prometheus »), mais qui peine à faire peur et qui montre que la saga « Alien » n’a jamais été aussi bonne que quand elle mettait en scène un jeu du chat et de la souris. Quand elle prend le virage du film d’action-SF moins surprenant, ronronnant un peu sur ses acquis, elle montre qu’en laissant de côté l’essence de ce qui faisait sa puissance, elle y perd grandement en substance. Car oui, « Covenant » est un bon petit film du dimanche soir…

 

Ip Man, de Wilson Yip

Envie d’un film récent d’arts martiaux sans tomber dans les festivals aériens remplis de câbles invisibles et complètement over-the-top ? « Ip Man », sorti en 2008, est le film idéal !

Ip Man (ou Yip Man) est un grand maître chinois d’art martial et qui, fut, entre autres, le maître de Bruce Lee. Ce film est donc une sorte de biopic très (très très TRÈS !) romancé et, contrairement au « The Grandmaster » de Wong Kar-wai, met clairement l’accent sur les arts martiaux. Des arts martiaux qui se veulent réalistes (dans une certaine limite), donc au corps à corps et ancrés au sol. Les chorégraphies restent malgré tout très réussies et ce côté réaliste ajoute finalement au spectaculaire, apportant une tension certaine. Tension qui malheureusement à tendance à ne pas atteindre les niveaux qu’on aimerait qu’elle atteigne, la faute au personnage de Ip Man lui-même qui n’affronte pas vraiment d’adversaire de son niveau, même lors du combat final une nouvelle fois très réussi mais assez court et sans grande adversité.

Mais le film va plus loin, puisqu’après une première partie un peu longuette et sans grands enjeux ni réelle intrigue, il bascule ensuite dans la guerre avec l’invasion de la Chine par le Japon. Le ton change, les images aussi, ne manquant pas de montrer l’horreur de la guerre et le terrible impact qu’elle a sur les populations, riches comme pauvres, tout le monde se retrouvant au même niveau, avec le simple but de tenter de survivre. Bien évidemment, c’est aussi une manière de montrer la grandeur de la Chine et de son peuple, capable d’endurer le martyr et de garder sa fierté et sa force, même si certains sombrent dans la collaboration et survivent grâce à l’oppression de leurs concitoyens (mais la rédemption est au bout du chemin…).

Ip Man (le personnage) prend donc des airs de héros national combattant le joug des envahisseurs et « Ip Man » (le film) tente d’orienter le « roman national » chinois. Nationaliste donc, oui bien sûr, mais pas dénué de qualités, qu’elles soient sur la forme ou sur le fond, même si ce dernier est politiquement orienté.

Côté acteurs, malgré un côté surjoué parfois agaçant des personnages secondaires, le boulot est fait correctement et Donnie Yen surnage très clairement, dans les chorégraphies martiales bien sûr, mais aussi dans les émotions. Il est certes tout en retenue (l’humilité, le calme et la discrétion sont ce qui caractérise le mieux Ip Man), mais il parvient à faire passer l’essentiel, juste avec un regard ou une expression de visage.

Jolie réussite donc pour les amateurs du genre, amplifiée par le beau travail de Kenji Kawai à la musique, qui m’a mené à presque tout de suite enchaîner avec le film suivant.

 

Ip Man 2, de Wilson Yip

Une suite donc, sortie deux ans après, en 2010. Mieux que le premier ? Pas sûr, mais pas vraiment moins bien non plus. Juste différent, mais pas tant que ça en fait… 😀 « Ip Man 2 » tente en effet de faire plus que le premier mais en à peu près pareil. Bon allez, je détaille un peu ! 😀 Il y a dans ce « Ip Man 2 » plus de chorégraphies spectaculaires, plus de variété dans les affrontements, etc… Cela mène à tomber dans ce que le premier film avait évité de par sa volonté de rester du côté d’un certain réalisme. Et donc, ici, place à quelques affrontements un peu « extrêmes » comme dans la poissonnerie à deux contre quelques dizaines, à coups de palettes de bois et de bacs en plastique contre des types armés de machettes. Mouais. Le combat d’Ip Man contre les maîtres des autres écoles de Hong-Kong est aussi sur le fil du rasoir avec cette table branlante de laquelle il ne faut pas tomber. Ceci dit, côté chorégraphies des combats, il n’y a pas grand chose à redire.

Pour ce qui est de sa structure et de son intrigue, ce film-ci ne prend en revanche aucun risque et reste même sur une trame finalement très identique au premier « Ip Man » avec la fierté chinoise forcée de s’exprimer pour défendre ses valeurs face à un oppresseur étranger (ici les Anglais à Hong-Kong). Rien de neuf sous le soleil donc, et pour la subtilité du message, on repassera.

En revanche, soyons honnête, on regarde un film d’arts martiaux pour les combats principalement, et même si l’aspect spectaculaire des premiers combats m’a moins enthousiasmé que dans le premier « Ip Man », dès lors qu’entre en scène le boxeur anglais (joué de manière très caricaturale par Darren Shahlavi, mais c’est ce qu’on lui demande) le niveau monte singulièrement. Contre le rival d’Ip Man tout d’abord, puis contre Ip Man lui-même, ce dernier combat étant une merveille du genre et qui a le bon goût de pallier le défaut du premier film puisque le boxeur anglais va donner du sacré fil à retordre au maître chinois. Et cette fois, même si on se doute de l’issue du combat, la tension est là, ça fonctionne parfaitement.

Pour le reste, c’est toujours un peu surjoué (sauf Donnie Yen, encore une fois très bon), c’est toujours très nationaliste, mais ça se regarde incontestablement avec plaisir (pour qui aime ce genre de films), le film étant de plus toujours porté par la belle partition de Kenji Kawai. Le côté biographie de Ip Man est toujours ultra approximatif (le combat contre le boxeur n’a jamais existé, alors que c’est le sommet vers lequel tend tout le film…) mais on voit l’arrivée d’un de ses disciples qui est ensuite devenu un grand maître très respecté (Wong Leung Sheung) puis en toute fin, un tout jeune Bruce Lee. Allez, « Ip Man 3 » est pour bientôt…

 

  
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