Céder la place, de Emmanuel Quentin

Cela fait un bon moment que je me suis promis de m’intéresser aux textes d’Emmanuel Quentin, sans en avoir eu l’occasion jusqu’ici. Et à l’occasion d’un concours organisé par les éditions 1115, me voilà lauréat d’une nouvelle et une novella du catalogue de l’éditeur (dans lequel j’ai déjà lu le fort sympathique « Sur Mars » de Arnault Pontier). L’occasion idéale de se faire un lot spécial Emmanuel Quentin, en commençant par la courte nouvelle « Céder la place ».

 

Quatrième de couverture :

Il y a des moments dans la vie pour partir en voyage. Et d’autres pour visiter des endroits insolites. D’autres, encore, pour faire des rencontres qui vous glacent le sang. Et d’autres, enfin, pour céder la place, même si rien ne vous dit que vous la retrouverez en revenant.

C’est vrai, si vous en revenez un jour…

 

Tourisme virtuel

Une vingtaine de pages plutôt efficace, voilà comment on pourrait résumer « Céder la place ». Dans un futur non daté dans lequel le tourisme est autant virtuel que réel (c’est à dire qu’on est physiquement présent dans un lieu recréé numériquement, l’aspect virtuel avec acteurs étant celui qui s’offre aux yeux des visiteurs) et dont les clients aiment à se faire peur dans des lieux symboliquement « chargés », comme les catacombes de Paris, le Takakanomura Greenland Park au Japon ou le très charmant ancien hôpital psychiatrique de Kazan en Russie, dans lequel on usait régulièrement de la « psychiatrie punitive », tout un programme…

On y suit Nat, acteur ayant servi à créer cette visite virtuelle, qui revient sur les lieux de sa dernière prestation pour voir le résultat en vrai et en situation, au sein d’un groupe de touristes lambdas. On pourrait voir venir le truc, mais Emmanuel Quentin nous emmène habilement dans une direction inattendue qui, si elle n’a rien d’originale dans le fond, offre son lot de surprises (que je ne dévoilerai bien sûr pas).

Alors certes, on ne tombe pas de sa chaise en se disant qu’on n’avait jamais lu ça auparavant, mais le récit est très efficacement mené et ne dévoile que ce dont le lecteur a besoin pour faire travailler son imagination (et de ce côté-là ca fonctionne parfaitement !), en le trompant au départ sur ce qu’il va lire, tout en étant limpide sur le contexte, lui aussi amené petit à petit.

Le tout fonctionne très bien, et si le mystère demeure arrivé à la conclusion, ça ne rend cette dernière que plus effrayante encore. Et, comme le dit Feyd-Rautha, on referme le livre et on découvre avec effroi ce que signifie cette curieuse couverture (et non, ce n’est pas, comme je le croyais au début, une sonnette de concierge… 😀 ), ainsi que le titre du texte. Aucun doute, « Céder la place » est une bonne pioche.

 

Lire aussi les avis de Yogo, Feyd-Rautha, Lune, la Lectrice Hérétique.

Critique écrite dans le cadre du challenge « Le Projet Maki » de Yogo.

 

  
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