Stratégie de sortie, Journal d’un AssaSynth tome 4, de Martha Wells

Posted on 11 mai 2021
Quatrième novella du cycle « Journal d’un AssaSynth » signé Martha Wells, « Stratégie de sortie », dont le titre indique un peu ce-dont-il-est-question-mais-pas-tout-à-fait-quand-même, est une sorte de conclusion sur ce format d’un cycle divertissant et malin mais dont on sentait un peu qu’il commençait à arriver en bout de course. Une fin pour repartir du bon pied ? That is the question…

 

Quatrième de couverture :

« La majorité de mes voyages ont été stressants, tout compte fait.
Plus que du stress, c’était de l’angoisse, cette fois. Fidèle à mes habitudes, j’ai regardé des séries. J’avais déniché un long drame historique narrant les premiers temps de l’exploration spatiale. Mais malgré les informations très convaincantes fournies en barres latérales, j’avais un peu de mal à y croire. J’ai arrêté au milieu du deuxième épisode et basculé sur une comédie musicale. »

Le Dr Mensah a été kidnappée. À moins que sa planète d’origine, Préservation, ne verse une rançon à GrayCris et n’abandonne toute poursuite, ils la tueront.
Infiltration et piratages de haute volée, duel avec une terrifiante SecUnit de combat, affrontement virtuel en immersion totale… AssaSynth est sur tous les fronts : on ne tue pas impunément ses clients ! Encore moins ses « presque amis humains ».

Ce quatrième et dernier volet du Journal d’un AssaSynth illustre la métamorphose d’un être en quête de son individualité, et qui, loin de vouloir devenir humain, aspire à en être l’égal.

Défaillances systèmes, la première des quatre novellas qui forment « Journal d’un AssaSynth », a reçu les prix Hugo, Nebula, Alex et Locus.
Schémas artificiels
, la deuxième de ces novellas, a reçu les prix Hugo et Locus en 2019.

 

La retraite de l’AssaSynth ?

« Stratégie de sortie » boucle la boucle d’un cycle de novellas initié avec « Défaillances systèmes« , un récit particulièrement enlevé, mélangeant humour et action, et porté par un personnage principal pour le moins sympathique : ce fameux AssaSynth, androïde de sécurité qui est parvenu à hacker son module superviseur, lui donnant ainsi pleine et entière conscience de lui-même. Et le rendant peut-être plus humains que les humains. Le cycle « Journal d’un AssaSynth » s’est poursuivi avec « Schémas artificiels » et « Cheval de Troie », développant ainsi une histoire plus globale à travers des récits bien définis avec un début et une fin. Et voilà donc « Stratégie de sortie », en guise de conclusion. Mais peut-être pas tout à fait puisque Martha Wells a depuis continué de développer son cycle avec « Effet de réseau », un roman, avant de revenir au format novella avec un sixième texte, non encore traduit pour le moment.

Semi-conclusion donc, mais conclusion quand même, du moins en ce qui concerne l’arc « GrayCris », du nom de cette organisation responsable des évènements relatés dans « Défaillances systèmes« . On retrouve donc ici certains des personnage déjà croisés dans le premier texte, tous lancés de différentes manières au secours du Dr Mensah, apparemment retenue prisonnière par GrayCris.

Disons les choses simplement : AssaSynth est toujours aussi fans de séries TV, toujours tiraillé entre son désir d’aider les humains (souvent avec moults piratages et autres fusillades) et mener sa vie tranquillement loin de tout éclat. Pas de surprise donc, « Stratégie de sortie » reste dans la droite lignée des récits précédents : de l’action (beaucoup), de l’humour (moins présente que dans les textes précédents quand même), et un personnage toujours aussi sympathique (mais à propos duquel on a vite l’impression que Martha Wells a un peu fait le tour…). C’est à la fois vif et enlevé et à la fois tellement balisé que ça se lit tout seul, presque en diagonale.

Oui, même si très honnêtement j’ai apprécié ce que j’ai lu, ça ne m’a pas non plus vraiment transporté, en tout cas pas comme avait sur le faire le premier récit… Il est vrai qu’en plus d’une action très présente, on se retrouve vite noyé sous des descriptions très premier degré des actions d’AssaSynth : piratage de divers systèmes, intrusions dans divers systèmes, détournements de divers systèmes, conflits avec divers systèmes, etc… Au bout d’un moment, ça devient rébarbatif, surtout que malgré quatre novellas, on n’a toujours qu’un aperçu finalement très approximatif du fonctionnement global de l’univers mis en place, des forces en présence et des possibilités technologiques/militaires/diplomatiques de chacun. Un flou sans doute volontaire qui facilite la tâche narrative de Martha Wells mais qui, pour moi, devient un manque. Ca n’a pas d’importance sur une novella isolée, mais c’est plus gênant au bout de quatre situées dans le même univers.

Bref, j’en arrive à être heureux que ça se termine, l’essoufflement décelé dans « Cheval de Troie » semblant s’accentuer ici, le manque de surprise n’apportant aucune bouée de sauvetage (sur la forme comme sur le fond d’ailleurs, car le récit se termine tout à fait comme je m’y attendais, Martha Wells n’est pas G.R.R. Martin). Ceci dit, « Journal d’un AssaSynth » reste un cycle amusant que je suis content d’avoir lu, avec malgré tout pas mal de plaisir. Peut-être que le changement de format avec « Effet de réseau », le roman suivant, pourrait apporter un renouveau ? Je suis curieux de voir ça, même si je ne peux raisonnablement pas le placer parmi mes priorités de lecture. Mais qui sait…

 

Lire aussi l’avis de Herbefol, Zina, Baroona, Anne-Laure, Vert, Lullaby.

Critique écrite dans le cadre du challenge « #ProjetOmbre » de OmbreBones.

 

  
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