Le Duc, Dune : Chroniques de Caladan tome 1, de Brian Herbert et Kevin J. Anderson
Quatrième de couverture :
Un an avant Dune…
Avant d’être le concubin de Dame Jessica et le père de Paul-Muad’Dib, Leto Atréides est le Duc de Caladan, une petite planète de l’Imperium parmi tant d’autres. Sa patience, sa probité et sa loyauté envers l’Empereur Padishah Shaddam IV lui valent les bonnes grâces de celui-ci… et l’inimitié de nombreuses Grandes Maisons, dont celle des Harkonnen, qui voient d’un mauvais œil son ascension.
Mais là où d’autres complotent, Leto agit… Voici son histoire.
J’ai la préquelle qui colle…
Sous ce titre totalement honteux se cachent en effet la force et la faiblesse du roman de Brian Herbert et Kevin J. Anderson. Situé un an avant les évènements du premier roman « Dune » écrit par papa Frank Herbert, « Le Duc » permet en effet de retrouver les personnages bien connus de la Maison Atréides (Leto, Paul, Jessica, Duncan Idaho, Gurney Halleck, Thufir Hawat) sur leur planète Caladan, ainsi que d’autres protagonistes bien connus (l’Empereur Padishah Shaddam IV, le Comte Fenring et son épouse Margot, le Baron Harkonnen…). Tout cela est une manière de redonner vie à des héros appréciés (ce n’est pas une première : les deux auteurs l’avaient déjà fait dans d’autres romans) avec toutefois le problème, puisque le roman se situe avant ceux de Herbert père, de devoir respecter la cohérence interne de l’univers et les écrits de Frank Herbert.
C’est un problème qui semble toutefois ne pas vraiment en être un pour le couple Brian Herbert – Kevin J. Anderson puisqu’on a l’impression à la lecture de ce tome 1 des « Chroniques de Caladan », que les auteurs abordent des détails qui, si on peut les considérer comme « cachés » par Frank Herbert (puisque non cités), semblent malgré tout être insérés de manière un peu incongrue dans la biographie des personnages concernés. Mais ce n’est pas spécifique à ce roman-ci puisque ces détails (qui n’en sont pas d’ailleurs, vu l’importance de ces évènements) sont surtout des rappels de ce que Herbert fils et Anderson avaient écrit dans la trilogie « Avant Dune » (« La Maison des Atréides », « La Maison Harkonnen », « La Maison Corrino »), qu’il n’est heureusement pas nécessaire d’avoir lue. A chaque lecteur de voir s’il adhère ou pas à tous ces évènements dont il n’est évidemment fait mention dans l’oeuvre de Frank Herbert…
Au-delà de la cohérence de l’univers et des personnages, l’autre problème de ce roman c’est que si on ne connait pas à l’avance ce qui va arriver aux personnages, on sait en revanche dans quel « état » ils seront à l’époque du roman « Dune ». Difficile donc de trembler pour eux, difficile de voir leur relation être bousculée, quand on sait que les Atréides aborderont la planète Arrakis en étant soudés.
J’ai le Baron qui fait des bonds…
Reste que si on est prêt à avaler quelques couleuvres en découvrant ce qu’ont imaginé Herbert fils et Anderson, on a avec « Le Duc » un roman qui se lit fort bien et qui présentera aux lecteurs son lot de complot contre l’Imperium, de terrorisme politique, de corruption, de révolution, de marché noir (de la fameuse épice car oui on passe un peu de temps sur Arrakis, mais aussi d’une étrange drogue provenant de la planète Caladan), et de diverses machinations impliquant les principales organisations de l’univers (l’Imperium, le Bene Gesserit, la Guilde Spatiale, le CHOM, etc…) et donc les personnages sus-cités, avec bien sûr un focus particulier sur des évènements centrés sur le Duc Leto Atréides (notamment sa réaction à ce qui frappe et menace l’Imperium, et par extension lui-même et sa famille), son entourage et la planète Caladan.
Très honnêtement, pour qui est amateur de background, voir l’univers de « Dune » s’étendre un peu plus et continuer à vivre est tout à fait agréable, tout en remarquant que ce roman est en revanche très éloigné de la profondeur thématique de l’oeuvre de Frank Herbert (et en atténue aussi quelques spécificités comme une technologie qui se fait ici nettement plus présente là où Frank Herbert la faisait pratiquement disparaître, un élément singulier qui donnait une atmosphère unique à « Dune » et qu’on ne retrouve pas ici, à regret). « Le Duc » est un roman d’intrigues plutôt bien ficelées et d’aventures, qui prend son temps mais n’oublie pas d’accélérer aux moments opportuns et qui bénéficie d’un background bien connu et évidemment intéressant, soutenu par des personnages charismatiques. La recette fonctionne, c’est indéniable.
A l’évidence, « Le Duc » (traduit par Frédérique Le Boucher et illustré par une couverture signée Aurélien Police) ne peut prétendre approcher la qualité du « Dune » de Frank Herbert. Sans doute n’en a-t-il pas la prétention d’ailleurs. Faut-il y voir une dépréciation de l’univers imaginé au départ par l’auteur américain ? A chacun de juger (tout autant que sur l’aspect mercantile de l’affaire…), mais je dois bien avouer que, même si j’ai tiqué à plusieurs reprises sur ce qui m’était présenté, j’ai malgré tout passé un bon moment de divertissement dans un univers au potentiel toujours aussi vaste.
Lire aussi l’avis de Célindanaé.
Critique écrite dans le cadre du challenge « Summer Star Wars – The Mandalorian » de Lhisbei.
Je le lirai probablement mais pas avant d’avoir fini la série…
Ce n’est donc pas pour tout de suite alors… Et ce n’est pas non plus obligatoire d’ailleurs, tout dépend si tu veux voir l’univers s’étendre un peu ou si la série de Frank Herbert te suffit.
On verra comment je digère le cycle originel !
Rendez-vous… dans quelques mois ! 😀
Eh bien bravo pour avoir cité la quéquette qui colle dans une chronique sur Dune, je suis épatée!!
Ah, je finissais par avoir l’impression que personne à part moi ne connaissait cette chanson paillarde… Heureusement que tu es là pour relever le niveau, merci ! 😀
« Relever le niveau », je sais pas, mais ça m’a bien fait rire! 😀
😉
On est d’accord sur le peu d’enjeux dramatiques du roman. Mais sinon ça se lit facilement 🙂
Tout à fait, c’est même agréable à lire, si on accepte le fait de lire un roman nettement moins essentiel que ceux du père de Brian Herbert.
D’autres n’ont pas vraiment remarqué également l’hommage à Ouvrard, le « cosmique troupier » et « Je ne suis pas bien portant »…
Bien sûr, les livres d’Herbert fils et Anderson n’ont pas la puissance de Dune (surtout les premiers), mais de là à les regarder comme les critiques de Télérama regardaient les films de Bébel, en se bouchant le nez et en détournant le regard horrifié devant de telles bassesses mercantiles, il y a un pas…
Merci pour votre critique honnête, c’est sûrement un livre que je lirai avec plaisir !
Je ne fais pas dans l’élitisme intellectuel, ça doit être pour ça. 😀
J’ai bien aimé ce roman, surtout pour voir un univers toujours en mouvement. En revanche, pas de comparaison avec la puissance des romans de Frank Herbert en effet. Mais ça ne veut pas dire que c’est à jeter, il faut le prendre pour ce qu’il est : un sympathique roman d’aventures/intrigues qui tient plutôt bien la route.
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