Projet Dernière Chance, de Andy Weir

Posted on 20 janvier 2022
Après le succès de « Seul sur Mars » (adapté au cinéma, avec succès là encore, par Ridley Scott, excusez du peu), Andy Weir revient avec son dernier roman « Projet Dernière Chance » (entretemps, je n’ai pas lu « Artemis »…). Avec des blurbs en quatrième de couverture de G.R.R. Martin et Brandon Sanderson, et l’annonce que ce roman se verra lui aussi adapté au cinéma avec Ryan Gosling, on peut dire que l’auteur est déjà largement engagé sur la voie du succès. Sa recette semble fonctionner, alors pourquoi en changer ? Mais malgré toutes les qualités du roman, c’est peut-être aussi là que le bât blesse…

 

Quatrième de couverture :

Ryland Grace est le seul survivant d’une expédition spatiale de la dernière chance. S’il échoue, c’est le sort de l’humanité et la Terre tout entière qui sera en péril.

Mais pour l’instant, il ignore tout de cela. Il ne se souvient même pas de son propre nom, et encore moins des objectifs de sa mission. Il sait seulement qu’il est resté en sommeil très, très longtemps. Et il vient de se réveiller pour découvrir qu’il se trouve à des millions de kilomètres de chez lui, avec deux cadavres pour toute compagnie.

Ryland se rend compte peu à peu qu’il doit faire face à une tâche impossible. Filant à travers l’espace, il lui faut trouver la clé d’un mystère scientifique insondable… et combattre un fléau qui laisse présager l’extinction de notre espèce.

Alors que chaque minute compte et que des années-lumière le séparent de l’être humain le plus proche, il est seul pour relever cet incroyable défi…

Mais l’est-il vraiment ?

 

« Un livre qui aurait ravi Robert A. Heinlein et Isaac Asimov. » George R.R. Martin

« Le meilleur roman d’Andy Weir à ce jour… et le seul de tout ce que j’ai lu récemment que je suis certain de pouvoir recommander à tout lecteur en sachant qu’ils vont se régaler. » Brandon Sanderson

 

Seul sur Mars dans l’espace

Vous avez lu « Seul sur Mars » ? Alors vous savez comment fonctionne « Projet Dernière Chance ». Parce que c’est un peu « on prend les mêmes et on recommence ». Le(s) personnage(s) change(nt) bien sûr, mais pour le reste c’est presque du copié-collé : un astronaute, seul, qui doit se débrouiller avec lui-même et sa science pour se sortir d’une situation a priori totalement inextricable. Une nouveauté : le personnage principal, Ryland Grace, est amnésique. Un moyen bien pratique (et bien artificiel narrativement parlant même si c’est justifié dans le récit…) permettant à Andy Weir de garder le suspense et de dévoiler le pourquoi du comment au fil de son récit, grâce à des flashs qui reviennent à la mémoire, souvent très opportunément, de notre astronaute.  Et comme dans « Seul sur Mars », le protagoniste coincé dans son vaisseau, seul au milieu de nulle part, garde une certaine forme d’optimisme avec un humour pince-sans-rire, peut-être le moyen de tenir le coup.

Donc oui, on peut presque dire que sur ce coup-là, Andy Weir frôle la fainéantise… D’autant que, avec sa manière très particulière de mettre l’accent sur la moindre de ses actes, en décrivant tout ce qu’il fait ou presque, la sensation de déjà vu s’accompagne d’un certain ennui devant un récit qui, même s’il sait se dévoiler progressivement pour entretenir le mystère, avance bien doucement.

Et Andy Weir a beau, heureusement, pimenter un peu son texte avec un vrai changement de direction vers le premier tiers (dont je ne dirai rien, si la quatrième de couverture ne fournit que très peu d’indices sur l’intrigue c’est qu’il y a une bonne raison à cela), les choses avancent tellement doucement (et en même temps, ça semble assez réaliste) que j’ai eu un peu de mal à aller jusqu’à la première moitié.

Et puis les choses prennent enfin forme (peut-être de manière pas tout à fait réaliste pour le coup…), et Weir emballe enfin son récit qui devient alors un vrai page-turner. Dans ma volonté de respecter le mystère du roman, je vais rester très évasif, mais les actions qui se mettent alors en place autour du personnage de Ryland Grace deviennent intéressantes, prenantes, avec des enjeux colossaux tout autant qu’intimes. Il y a une forme de beauté dans ce que met en scène Andy Weir, avec même quelques moments poignants, en plus d’être, à nouveau comme dans « Seul sur Mars », un vrai plaidoyer pour la science et la méthode scientifique, un élément toujours bon à prendre en ces temps de défiance et de complotisme anti-science.

On pourra également saluer, au fur et à mesure que les choses se dévoilent, une volonté de l’auteur de ne pas (trop) américano-centrer son texte, avec une collaboration réellement internationale chapeautée par une femme néerlandaise qui fait passer sa mission, aux enjeux monumentaux, avant tout le reste, y compris les aspects les plus contestables.

L’auteur offre ainsi aux lecteurs une grande et belle aventure spatiale, qui se permet même d’offrir un brin de sense of wonder (malheureusement trop souvent atténué par l’humour léger de Ryland Grace qui désamorce trop rapidement le potentiel merveilleux de ce qu’il a sous les yeux. Andy Weir n’est pas encore un poète de la physique et de l’espace comme pouvait l’être un Arthur C. Clarke…).

Une fois passé le ventre mou du deuxième quart du texte, il est bien difficile de le lâcher. Weir sait mener un roman, sait captiver son lecteur. Il ne lui reste plus qu’à varier un peu sa technique narrative parce que malgré le côté palpitant de ce roman, je ne peux m’empêcher de penser qu’il est vraiment passé à l’orange. Un de plus et c’est le carton rouge. En attendant son prochain récit, profitez donc de ce « Projet Dernière Chance », il a (presque) tout pour vous envouter.

 

Lire aussi les avis de Gromovar, Feyd Rautha, Le Chien Critique, Lianne, Yogo.

 

  
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