Star Trek : Insurrection, de Jonathan Frakes

La franchise Star Trek était installée sur de bons rails en 1996 avec « Premier contact », film piochant parmi les meilleurs ingrédients de la période « The Next Generation » pour emmener l’équipage vers le plus haut niveau cinématographique SF. Sauf que ça n’évite en rien un déraillement, même si le réalisateur, Jonathan Frakes (aka William Riker à bord de l’Enterprise), déjà au commande de « Premier contact », reprend à nouveau le poste de réalisateur. Mais ici, ça ne fonctionne plus vraiment. Ca aurait sans doute pu le faire pour un épisode de série télé, mais sur la longueur d’un film c’est autre chose.

 

   

 

Pourtant ça part bien : Data, chargé d’observer en toute discrétion le peuple Ba’ku, semble devenir incontrôlable et révèle aux yeux de ceux qu’il devait « étudier » la mission d’observation que la Fédération mène avec le peuple Son’a. Et à partir de là, le film commence à s’embourber dans un gloubi-boulga mélangeant allègrement corruption au sein de la Fédération, découverte d’une sorte de fontaine de jouvence, violation de la fameuse Première Directive, désobéissance aux ordres de la Fédération, sacrifice de quelques-uns pour le bien du plus grand nombre, déplacement de population, etc… Tous ces éléments n’ont certes rien de fondamentalement nouveau mais bien agencés ils peuvent donner quelque chose de tout à fait agréable. Mais là non.

 

   

 

D’une part, le film se perd en explications fumeuses qui ne convainquent pas vraiment (le pourquoi du dysfonctionnement de Data et du comportement « léger » de certains membres d’équipage), et d’autre part il ne fait montre d’aucune finesse avec le méchant très très méchant allié à un faux gentil qu’on sent venir à des kilomètres. Et pour parachever le tout, on pourrait aussi pointer des incohérences difficiles à pardonner sur le plan narratif et sur les conséquences que cela fait peser (ou devrait faire peser) sur l’univers Star Trek (on parle quand même d’une fontaine de jouvence, une vraie de vraie, l’immortalité quoi, et à la fin on quitte la planète comme si de rien n’était… Qui peut y croire ?). Certes, on a déjà vu ça dans la série avec des éléments potentiellement très importants de par leur impact et qui ne sont jamais plus traités ensuite, mais à l’échelle d’un film, avec les moyens qu’il se donne, ça a plus de mal à passer.

 

   

 

Car des moyens il y en a. Décors naturels, effets spéciaux, scènes spatiales spectaculaires, tout y passe, avec bonheur de ce côté-là. Et ça se regarde donc bien, mais sans guère de passion. D’autant que, pour rallonger un peu la sauce et faire de cet épisode de série télé un film à part entière, on fait vivre à Picard une énième histoire d’amour dont on n’a globalement pas grand chose à faire. Soyons honnêtes, le film se garde quand même quelques côtés positifs, en plus de l’aspect visuel comme précisé juste au-dessus, notamment les Son’a dont l’aspect et les pratiques lorgnent du côté d’une horreur CliveBarkerienne (sans être aussi extrême bien sûr, on est dans Star Trek quand même, mais c’est un élément assez inhabituel dans la franchise), et un petit tour de passe-passe plutôt bien vu sur la fin. Et un soupçon d’humour apporté comme souvent par Data, et qui fait souvent mouche.

 

   

 

Mais au final ça fait quand même assez peu de choses, le film se révélant assez anecdotique, surtout au regard de la qualité de son prédécesseur. L’attention du spectateur finit par ne plus tenir que pour avoir le fin mot de l’histoire et voir comment l’équipage de l’Enterprise va s’en sortir. Pas très original là non plus : Picard sort ses gros bras d’une part (une spécificité des films semble-t-il…), et l’Enterprise dirigée par William Riker poursuit les méchants d’autre part. Bof. On pourrait reprocher à la franchise de toujours nous sortir les Klingons, les Romulans ou les Borgs, mais il faut bien avouer qu’en sortant de ce schéma (c’est tout à son honneur malgré tout), le film ne convainc pas…

 

   

 

Pas franchement emballant tout ça donc. « Insurrection » marque le début du déclin de la saga au cinéma, un déclin que parachèvera le film suivant, « Nemesis » en 2002, avant que J.J. Abrams ne la relance en 2009 sur une timeline différente, puis que la série ne retrouve la place qui lui est due à la télévision. Star Trek est éternel, malgré ses failles. 😀

 

 

  
FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail