Star Trek : Premier contact, de Jonathan Frakes

Posted on 4 février 2022

Après le passage de témoin entre l’équipage de la série originale et celui de « The Next Generation » dans « Star Trek : Générations », c’est maintenant à Jean-Luc Picard et son équipe d’occuper le grand écran. « Premier contact » est régulièrement cité parmi les meilleurs films de la franchise. Je crois pour ma part qu’il EST le meilleur film. Tout est réuni pour une grande réussite : un nouveau vaisseau (le superbe Enterprise-E), un voyage dans le passé à une époque charnière de l’évolution de l’humanité (peu avant le premier contact avec les Vulcains, en 2063), l’intervention des ennemis les plus coriaces de Star Trek (les Borgs), avec l’inévitable réactivation d’un trauma (vu dans les célèbres épisodes « The best of both worlds » des saison 3 et saison 4 de « The Next Generation ») que Picard n’a jamais totalement évacué (l’introduction du film le montre bien, superbe séquence d’ailleurs). Si on ajoute à ça une réalisation maîtrisée de William Riker Jonathan Frakes, un scénario rythmé oscillant entre deux intrigues liées, on obtient un cocktail tout à fait convaincant qui fait de « Premier contact » non seulement un excellent film Star Trek mais aussi un excellent film de SF, tout simplement.

 

   

 

Pour ce qui est de l’intrigue du film, elle est finalement assez classique mais parfaitement efficace : les Borgs sont de retour, et ils s’en prennent directement à la Terre. Au départ tenu à l’écart de la bataille à cause de son engagement émotionnel vis-à-vis des Borgs, Picard finit par désobéir et rejoint la défense terrienne, où il retrouve Worf à la tête du vaisseau USS Defiant (les amateurs de la série « Deep Space Nine » comprendront). Grâce aux conseils de Picard, la flotte finit par détruire le cube Borg, mais ce dernier parvient à lancer une sphère qui ouvre un portail temporel. L’Entreprise-E suit la sphère, et juste avant de plonger dans le portail, on aperçoit une Terre devenue entièrement Borg. Car ceux-ci sont allés dans le passé (la veille du premier contact avec les Vulcains, en 2063) pour altérer le présent et assimiler l’espèce humaine plus facilement. Comment ? En faisant échouer le premier contact de l’humanité avec les Vulcains, déviant ainsi, pour son malheur, le cours de l’évolution de l’espèce humaine. Picard et son équipage vont donc tenter, dans le passé, de faire échouer le plan des Borgs. Simple, limpide, efficace.

 

   

 

On se retrouve ensuite avec deux fils narratifs séparés : d’un côté Picard, Data, Crusher et Worf qui doivent lutter contre une invasion des Borgs à bord de l’Entreprise, de l’autre Riker, Troi et LaForge, envoyés à la surface et chargés de faire en sorte que le premier contact ait bien lieu. Les deux trames narratives sont efficaces, bien menées, avec chacune leurs caractéristiques. Celle de RikerTroiLaForge est plutôt axée sur l’humour (avec une Deanna Troi ivre…) mais n’oublie pas de développer certains personnages, notamment celui de Zephram Cochrane, finalement assez éloigné de ce que l’Histoire retiendra de lui. Une dichotomie intéressante mettant en lumière les choix de chacun et leur interprétation, parfois éloignée des faits réels.

 

   

 

De leur côté, PicardDataWorfCrusher sont sous la pression des Borgs, l’ambiance est beaucoup plus sombre, au propre comme au figuré puisque les couloirs de l’Enterprise ne sont que peu éclairés alors que les Borgs ne cessent de gagner du terrain. Cette ambiance reflète ce qui se passe dans la tête de Picard, lui que son assimilation au sein du collectif Borg dans la série n’a jamais cessé de hanter. Cette mission devient pour lui quelque chose de purement personnel, au point d’en quelque sorte le déshumaniser, d’une manière différente de celle des Borgs, mais le résultat est là. C’est flagrant dans sa manière de tuer des Borgs, eux qui étaient des membres de son équipage quelques minutes plus tôt. On a rarement vu le capitaine prendre les armes de cette manière (avec un bon gros fusil phaser), dans une opération commando absolument implacable (en traitant au passage Worf de pleutre, une insulte suprême pour un Klingon !) mais surtout désespérée. De même, sa conversation avec Lily, une amie de Cochrane, est très marquante et illustre parfaitement son jusqu’au-boutisme. On saluera à cette occasion, mais ce n’est pas une surprise, le jeu d’acteur de Patrick Stewart, toujours impeccable.

 

   

 

Et puis il y a Data. Ah, Data… Ce chaînon manquant entre l’homme et la machine… Il ne pouvait qu’avoir un traitement particulier avec les Borgs, eux qui sont aussi, à leur manière, un assemblage de cybernétique et d’organique. Une belle utilisation (je n’en dirai pas plus) de ce personnage dans ce « Premier contact », une de plus pour un protagoniste toujours aussi intéressant.

 

 

Voilà, pas grand-chose à ajouter, tout dans « Premier contact » est à sa juste place. Même aujourd’hui (le film a plus de 25 ans tout de même), il reste toujours aussi agréable à regarder. A la fois tendu, questionnant, bien réalisé (il y a eu du budget et ça se voit), ajoutant quelques d’humour sans lourdeur, avec un focus sur l’aspect humain, « Star Trek : Premier contact » marquait le retour de la franchise au premier plan cinématographique. Ce sera malheureusement de courte durée…

 

 

  
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