Noon du soleil noir, de L.L. Kloetzer

Posted on 23 juin 2022
Retour aux affaire du couple Kloetzer. On l’avait notamment connu avec les roman « Cleer » et « Anamnèse de Lady Star », deux textes pas forcément simples d’accès. Changement de registre radical avec « Noon du soleil noir », un pur récit de sword & sorcery, hommage avoué au « Cycle des Épées » de Fritz Leiber. Et devinez quoi ? Et bien on en redemande !

 

Quatrième de couverture :

Cela se passe dans la plus grande ville du monde connu. La Cité de la toge noire, la Ville aux mille fumées, donnez-lui le nom que vous voulez, vous y êtes déjà allé, vous y retournerez. Surplombée par le palais du Suzerain et les temples de l’allée des dieux, port maritime autant que fluvial, elle grouille de marchands, de prêtres, de voleurs. On y respire les parfums de pays lointains et la puanteur de la misère. C’est là qu’est né, c’est là que survit Yors, ancien mercenaire devenu un peu philosophe par la force de l’âge et des choses. Mais la sagesse ne nourrit pas son homme et Yors n’a plus un sou en poche quand commence notre histoire. C’est par hasard qu’il va se mettre au service d’un jeune homme, un étranger venu faire des affaires en ville. Pas n’importe quelles affaires : de la sorcellerie. Nul ne l’ignore, les sorciers sont des crapules malhonnêtes, des vendeurs de malédictions, des préparateurs de potions aux doigts sales… Courtois, un brin naïf, certain d’être le meilleur dans sa partie. Il s’appelle Noon, et son emblème est un soleil noir…

 

Fafhrd Yors et le Souricier Gris l’Oiseau Noir

Fritz Leiber a marqué de son empreinte le genre de la « sword & sorcery » avec son fameux « Cycle des Epées » (encore un fameux cycle que je n’ai pas lu en entier…) et son duo emblématique, Fafhrd et le Souricier Gris. Le couple Kloetzer semble faire partie des admirateurs de ce cycle, « Noon du soleil noir » est là pour le prouver. Hommage appuyé (et assumé), le roman met en effet en scène deux personnages (tiens tiens), l’un plutôt massif (tiens tiens) et un brin philosophe nommé Yors, l’autre plus frêle (tiens tiens), pratiquant la magie (tiens tiens), venant faire des affaires en ville et qui donne son nom au roman, Noon. Une ville jamais nommée autrement que par ses surnoms : la Cité de la Toge Noire (tiens tiens), la Ville aux Mille Fumées…

Bon, il serait malvenu de relever toutes les similitudes entre « Noon du soleil noir » et le « Cycle des Epées », car si elles sont nombreuses, elle n’empêchent pas le roman d’avoir une vraie identité. Grâce à ses personnages notamment : Yors et Noon font forcément penser à leurs alter egos « leiberiens » mais ils n’en sont pas des copies conformes. Noon est doté d’un bon fond mais semble un peu naïf, même s’il possède de réelles capacités magiques, alors que Yors ne montre pas ses muscles à la première occasion, il est d’ailleurs déjà un peu sur le retour, cabossé (il boîte) par la vie soldatesque.

Leur rencontre fortuite à l’entrée de la ville (Noon veut s’installer tandis que Yors est en manque d’argent et cherche donc à se faire engager) va les mener à d’abord se faire une place dans un « secteur d’activité » qui demande de graisser certaines pattes bien placées, puis ensuite à enquêter sur un bijou disparu réclamé par une belle jeune femme. Les choses ne seront pas aussi simples que les deux acolytes le pensaient et leur aventure les amènera, comme de juste en sword & sorcery, à croiser dieu maléfique, créatures étranges, cultes infâmes, magie pernicieuse et potions salvatrices, en plus d’être confrontés à la trahison, le mensonge, ou les alliances de circonstance, le tout en évitant toutefois le rocambolesque outrancier.

Tout cela fait vivre au lecteur une aventure courte et très rythmée, parsemée d’humour (le récit est conté par un Yors un rien blasé…), même si le statut de départ du texte (une nouvelle) se fait parfois sentir puisque certains éléments, densifiant le texte et « l’univers » des deux héros, rallongent un peu la sauce (tout en restant extrêmement agréables, c’est à souligner), d’autant que le récit ne s’emballe (et le puzzle ne se met en place) qu’assez tardivement.

Reste au bout du compte deux personnages (et même un peu plus…) éminemment sympathiques sur lesquels il nous reste beaucoup à apprendre et qu’on a hâte de revoir (ce qui est d’ores et déjà programmé, le contraire aurait d’ailleurs été étonnant et décevant au vu des dernières pages), une ville marquante que l’on aimerait connaître un peu plus en profondeur (alors que les illustrations de Nicolas Fructus, nombreuses, en donnent déjà un superbe premier aperçu et contribuent largement à l’identité unique du roman), une plume très agréable et évocatrice, à la fois simple et raffinée sans jamais sombrer dans la surenchère « pour faire genre », et une aventure ô combien plaisante qui, on l’espère, ne marque que le début du « Cycle de l’Oiseau Noir » (ce nom n’est pas copyrighté ! 😀 ) du couple Kloetzer.

Allez, entrez au cœur de la Cité de la Toge Noire et faites connaissance avec Yors et Noon du soleil noir, vous ne vous ennuierez pas un seul instant !

 

  
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