Zapping VOD, épisode 69

Posted on 28 août 2022
C’est l’été, les vacances pour les enfants qui vont parfois voir de la famille, et ça laisse du temps aux parents pour regarder quelques séries télé. D’où ce zapping uniquement constitué de séries. Et la qualité est au rendez-vous.

 

The Boys, saison 3, de Erik Kripke

On reprend les mêmes (du moins ceux qui ne sont pas morts) et on recommence, en encore plus fort. La recette n’a pas changé, c’est toujours violent, trash, dégoûtant, et aussi très drôle. Jusqu’où s’arrêteront les producteurs de la série ? Difficile à dire quand on voit les effets d’un éternuement d’un pseudo Ant-Man enfoncé dans un tuyau bien particulier. Oui, je vois quelques connaisseurs sourire parmi vous chers lecteurs. Je vous comprends : j’ai éclaté de rire. Mais je ne suis pas adepte du bon goût, alors ça ne plaira peut-être pas à tout le monde… 😀

Bref, on retrouve dans cette saison un casting parfait qui peut maintenant se permettre d’aggraver une situation déjà bien mal engagée dans les saisons précédentes, avec notamment un Homelander toujours plus au bord de la folie (quoique après réflexion, il est déjà complètement fou !), l’occasion de saluer la performance ahurissante d’un Anthony Starr qui bouffe littéralement l’écran dans le rôle absolument flippant de ce super-héros tout puissant mais surtout totalement déséquilibré et qui, malgré ses faiblesses psychologiques, ses actes et ses maintenant nombreux ennemis, semble se diriger vers un contrôle et un pouvoir total. A ce titre, le dernier plan de la saison promet énormément pour la quatrième saison (enfin, ça dépend pour qui côté personnages, mais côté spectateur c’est déjà gagné !).

En attendant, cette troisième saison poursuit donc son entreprise de mise à bas du mythe du super-héros, tout en s’alimentant de manière évidente de l’actualité de notre monde. Trump, le Capitole, les méga-entreprises ultra capitalistes et sans éthique, l’extrême-droite, etc…, tout y passe et est exposé avec lucidité et acidité. Pas de doute, « The Boys » reste encore une série à ne pas rater. Pourvu que ça dure.

 

Halo, saison 1, de Kyle Killen et Steven Kane

Hé oui, « Halo », encore ! En série télé cette fois. En projet à maintes reprises, puis maintes fois annulée, la saga de jeux vidéo a enfin droit à son adaptation télévisée. Alors soyons clair, on parle bien d’une adaptation, pas d’un média qui viendrait enrichir le déjà copieux univers mis en place dans les jeux vidéo, les romans, les comics, courts-métrages, etc… Donc cette série ne peut pas être considérée comme « canon » puisque certains éléments viennent contredire ce qui a été clairement énoncé ailleurs. Disons qu’il s’agit d’une version « parallèle », ou d’une timeline différente.

Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’offre pas d’intérêt, bien au contraire. Et cette fois, elle a même de quoi plaire à ceux qui ne connaissent pas l’univers puisqu’elle ne nécessite aucune connaissance particulière de celui-ci.

J’avoue, j’étais hésitant avant de regarder le premier épisode. Je l’étais aussi après, car même s’il est efficace, ce premier contact avec la série n’offre guère de surprise : un avant-poste perdu sur une planète désertique, une invasion extraterrestre, tout semble perdu et puis les soldats surentrainés débarquent et réduisent les envahisseurs en charpie. Pour un piètre résultat cependant : une seule survivante. L’action est bien menée, c’est efficace, pas forcément au top sur les effets spéciaux mais rien de bien dramatique. Ca a fait certes battre mon petit cœur de fanboy mais en toute honnêteté ça ne va pas plus loin.

C’est après que ça prend vraiment son envol. Avec un Master Chief / John-117 qui enlève l’implant qui supprime ses émotions et fait de lui un soldat sans états d’âme, on explore la psyché et le passé d’un homme qui ne sait pas d’où il vient et qui refuse de se laisser manipuler. La confrontation entre sa véritable histoire personnelle et ce qu’on lui a fait croire va l’amener à provoquer un conflit avec sa « créatrice » alors que l’humanité, en lutte contre les Covenants, est sur le point de découvrir un artefact extraterrestre qui pourrait lui permettre de faire basculer la guerre.

Les Covenants, les Spartans, Reach, le Docteur Halsey, Cortana, Jacob et Miranda Keyes, tous ces termes résonnent aux oreilles des amateurs. Oui, ils sont tous là. Est-ce à dire que l’adaptation est fidèle ? Tout dépend de ce que l’on met sous le terme « fidèle ». Le cœur de la saga est bien là, mais les changements sont nombreux. On pourra trouver à y redire (personnellement ce qui me gêne le plus c’est la relation entre Cortana et John, trop conflictuelle alors qu’elle était parfaitement fluide et même de confiance dans les jeux, mais cela sera sans doute amené à changer dans les saisons suivantes), mais pour ceux qui ne connaissent pas l’univers c’est une question qui n’a pas d’intérêt. Tout comme le visage de John, qui a tant fait parler puisque le personnage étant l’avatar du joueur, il n’avait jusqu’ici jamais été dévoilé. Mais il était évidemment difficile de faire autrement dans une série télé…

Et donc on retrouve bien les fondamentaux de la saga « Halo », sans que cela ne soit noyé dans des scènes d’action qui ne sont finalement pas si présentes que ça mais qui, quand elles arrivent, respectent le cahier des charges. Le gros bémol de la série c’est finalement l’intrigue secondaire, centrée sur le personnage de la jeune Kwan, qui n’offre que très peu d’intérêt. Alors quand on épisode entier lui est dédié, ça a un peu de mal à passer.

Pour le reste, sans faire d’étincelles particulières, la série installe des bases solides, transgresse parfois un univers bien établi sur d’autres médias dans le but de trouver sa propre voie (le surprenant personnage de Makee). Pour le moment je valide, mais il faudra aller plus loin dans la saison suivante et peut-être augmenter un peu le rythme parce qu’en l’état nous ne sommes même pas arrivés au début du jeu « Halo 1 »… Et moi je veux voir ces architectures forerunners titanesques, je veux voir le Pillar of Autumn, je veux voir le Halo, je veux voir le Cartographe Silencieux, la Bibliothèque, etc… Les fans comprendront… 😉

 

The Sandman, saison 1, de Allan Heinberg, David S. Goyer et Neil Gaiman

Inadaptable « The Sandman » ? C’est ce qu’on a longtemps cru, devant la complexité de ce que propose la série de comics, très diverse dans ce qu’elle aborde (aussi bien au niveau des très nombreux personnages que des intrigues très variées) et nécessitant un budget conséquent (et une bonne longueur) pour que le travail soit fait à peu près correctement. Maintes fois abordé, maintes fois annulé, le projet d’adaptation a pourtant fini par arriver à son terme, avec une série Netflix. Alors, inadaptable « The Sandman » ? Devant le résultat, la réponse est à l’évidence non.

Non parce que les comics sont parfaitement respectés, avec une intrigue très similaire avec juste ce qu’il faut de changements logiques et nécessaires pour mettre à l’écran une série de comics qui a maintenant plus de 30 ans. Force est de constater que les choix sont bons et permettent aussi bien à ceux qui connaissent bien les comics qu’aux nouveaux venus d’apprécier (et de comprendre) ce qu’ils voient. Certes, les premiers épisodes retrouvent un peu les défauts du comics : une intrigue de « mise en place » d’un univers, avec une quête relativement classique mais intéressante parce que justement cet univers est assez éloigné de ce qu’on a l’habitude de voir.

Le niveau est donc déjà très bon durant les quatre premiers épisodes avant d’atteindre des niveaux stratosphériques dans les épisodes 5 et 6 (qui sont aussi les sommets de la première intégrale des comics). C’est là que « The Sandman » s’exprime le mieux : dans ces « side stories » qui tournent autour du personnage mais (presque…) déconnectées d’une éventuelle intrigue principale tout en densifiant l’univers. C’est d’autant plus frappant que les épisodes suivants (7 à 10) ne retrouvent pas ces instants de grâce des deux épisodes précédents, alors qu’ils adaptent de manière un peu longuette par moments une histoire plus dense en terme de narration. Et avec l’épisode bonus (11), retour à des histoires indépendantes, à nouveau remarquables, notamment celle relative à la muse Calliope.

Ceci dit, globalement, le niveau reste remarquable et l’adaptation, menée de main de maître par Neil Gaiman himself qui s’est beaucoup investi dans le projet, est d’une fidélité à souligner. Fidélité narrative et fidélité thématique. Toutes les qualités du comics (célébrées un peu partout, faut-il le souligner) se retrouvent donc dans cette série, d’autant plus que le casting est très réussi. Tom Sturridge en Morphée fait très bien le job (même si par moment on pourrait le trouver pas suffisamment inquiétant par rapport à ce que propose le comics), et même s’il est impossible en ces quelques lignes de tous les nommer, on portera quand même une attention toute particulière sur la courte mais lumineuse apparition de Kirby Howell-Baptiste dans le rôle de Mort. Magistral.

Bref, pas grand chose à ajouter, « The Sandman » est une franche réussite, et on ne peut qu’espérer voir une prolongation de la série pour aller au bout de ce que proposent les comics. Ce qui n’est pas une mince affaire puisqu’on a pour le moment à peine dépassé le premier volume des intégrales qui en comptent sept. Il y a encore beaucoup à faire, croisons les doigts.

 

  
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