Notre part de nuit, de Mariana Enriquez, Prix Planète-SF 2022

Posted on 4 octobre 2022

Nous autres membres du jury du Prix Planète-SF avons rendu notre verdict pour l’édition 2022. Je vais faire le fainéant et recopier ici le communiqué publié sur le blog du PSF, parce qu’il est beau. 😀

 

 

Né en 1973 à Buenos Aires, Mariana Enriquez est une journaliste, romancière et novelliste.

En français on peut lire d’elle le recueil de nouvelles « Ce que nous avons perdu dans le feu » et, depuis l’an dernier, le gros roman « Notre part de nuit ».

Après une délibération animée, « Notre part de nuit », traduit par Anne Plantagenet et édité aux Editions du Sous-Sol, a obtenu le Prix Planète-SF des Blogueurs 2022.

« Notre part de nuit » est un roman-fleuve qui est autant une histoire fantastique d’une grande cruauté qu’une évocation du passé troublé de l’Argentine – le pays d’origine de l’autrice. C’est aussi la mise en lumière noire de rapports père-fils, avec tout ce que ces rapports comportent d’ambiguïté entre amour et exigence, ou encore de relations familiales dysfonctionnelles jusqu’à l’inimaginable.

Récit émietté, récit développé sur des décennies, récit éparpillé entre les lieux et les époques, récit kaléidoscopique mais toujours limpide, « Notre part de nuit » donne la parole à tous – même à ceux dont on sait qu’ils sont déjà morts -, ou lance à son lecteur quantité de références comme autant d’easter eggs à savourer. Un lecteur qui s’émerveille donc, avant de s’horrifier de ce dont il est témoin.

Colossal et convoluté comme une cathédrale baroque, « Notre part de nuit » est un récit larger than life, avec un fantastique larger than life, des personnages larger than life, la folie larger than life d’une grand-mère malfaisante, l’amour larger than life d’un père pour son fils, le délire larger than life d’une dictature criminelle, le tout lié par une structure proprement stupéfiante par la manière avec laquelle elle parvient à faire tenir le tout ensemble.

« Notre part de nuit » a déjà gagné les prix Imaginales, GPI, et Herralde en Espagne. On dira alors peut-être que nous ne sommes pas originaux. Mais pourquoi vouloir être original quand cela signifie passer à côté d’un roman d’une telle qualité ?

 

  
FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail