Cosmos : nouveaux mondes, de Ann Druyan

Posted on 19 octobre 2022
Une fois n’est pas coutume, parlons un peu science, et non pas science-fiction. Quoique, peut-être un peu des deux quand même… Quoi qu’il en soit, on va s’intéresser aujourd’hui au livre « Cosmos : nouveaux mondes », signé Ann Druyan, qui fut l’épouse du célèbre Carl Sagan. Et là, je vois déjà les yeux de certains d’entre vous qui pétillent au souvenir de la fameuse série de 1980, « Cosmos », initiée par le célèbre astronome, ou bien de son itération plus récente de 2014, « Cosmos : une odyssée à travers l’univers ». Voici le livre compagnon de la troisième saison de ce qu’il faut bien désormais appeler une série, « Cosmos : nouveaux mondes ».

 

Quatrième de couverture :

« Cosmos : nouveaux mondes » est le nouveau chapitre de l’incroyable périple initié par Carl Sagan et Ann Druyan. Phénomène mondial, la série « Cosmos : Une odyssée à travers l’univers » a été diffusée dans 181 pays. Aujourd’hui, avec « Nouveaux mondes », Ann Druyan explore 14 milliards d’années d’évolution du cosmos jusqu’aux plus petites particules de la matière. Elle nous invite à marcher dans les pas de celles et ceux qui ont poursuivi leurs recherches sans relâche, parfois au péril de leur vie, afin de mieux comprendre le vaste univers.

Dans cet ouvrage captivant, Ann Druyan s’attache à dépeindre le futur que nous pouvons encore bâtir – à condition d’employer nos sciences et nos technologies avec la plus grande sagesse. Il est temps de larguer les amarres et de voguer vers les étoiles !

 

Le pouvoir de la science, et l’avenir qu’elle peut nous apporter 

Soyons honnêtes, « Cosmos » est plutôt connu, et reconnu, pour ses épisodes télévisuels, mettant en avant la science, dans ce qu’elle offre de meilleur et de plus étonnant, accompagnés de visuels éblouissants. Quoi de plus normal venant de Ann Druyan (qui, précisons-le d’emblée, n’est elle-même pas scientifique), qui a été à bonne école auprès de Carl Sagan dans son intention de démocratiser la science et de la rendre intelligible et attractive auprès du plus grand nombre. La troisième saison du show, écrite, dirigée et produite par Ann Druyan elle-même (avec l’aide de nombreux scientifiques bien évidemment), accompagnée de Brannon Braga (scénariste notamment d’une centaine d’épisodes et de deux films de la saga « Star Trek », vous voyez bien que la SF n’est jamais loin ! 😀 ) bénéficie d’un livre-compagnon, qui reprend les thèmes visités par la série. Plus qu’un livre-compagnon, on peut même franchement parler d’une adaptation de la série en livre.

Et donc, « Cosmos : nouveaux mondes », c’est la science, de la plus petite échelle à la plus grande, dans des domaines très différents, du plus lointain passé jusqu’à un avenir distant de plusieurs milliards d’années. Biologie, physique quantique, neuro science, botanique, astronomie, chimie, physique nucléaire, Ann Druyan accompagne le lecteur à travers de nombreux domaines scientifiques, s’intéressant autant à l’origine de la vie sur Terre qu’à l’apparition des premiers hommes et l’exploration de l’espace (dans ce qu’on pourrait estimer être de la SF mais qui n’a pourtant pas grand-chose de techniquement infaisable, en y mettant un peu de bonne volonté), en passant par toutes sortes de découvertes scientifiques qui ont jalonné l’histoire de l’humanité.

Et le sous-titre du livre, « Nouveaux mondes » n’est pas présent pour rien puisque l’autrice profite de ce voyage à travers la science, le temps et l’espace pour s’intéresser à certaines personnalités qui ont marqué la recherche scientifique. Pas forcément les plus connus d’ailleurs, le voyage aurait été trop balisé, non, plutôt des scientifiques importants mais discrets, ou au destin tragique. Des scientifiques qui ont tout donné, jusqu’à leur vie même, pour faire avancer la science et découvrir « ce qui se cache derrière » ce que l’on ne comprend pas, ces fameux « nouveaux mondes ».

Il est difficile de rester de marbre devant la tragique histoire de Nikolaï Vavilov, biologiste martyr de l’état russe, ou bien devant le précurseur ukrainien du scénario du rendez-vous en orbite lunaire qu’utilisera le programme Apollo, Alexandre Chargueï, plus connu sous son nom d’emprunt (pour des raisons que le livre explique très bien) de Iouri Kondratiouk. On y parle aussi de Jean-Dominique Cassini, de l’animosité entre Gerard Kuiper et Harold Urey (qui furent tous deux les professeurs de Carl Sagan, on a vu pire comme mentors…), de l’avant-gardiste Angelo Mosso et ses travaux au XIXe siècle sur ce qui deviendra la neuro-imagerie, de Karl von Frisch qui a décrypté le langage des abeilles, de Thomas Young et ses travaux sur la lumière, de Marie Curie aussi, bien sûr, de Robert Oppenheimer et d’Edward Teller à propos de la bombe nucléaire, du chimiste surdoué Victor Goldschmidt, etc, etc…

Le discours est clair, parsemé d’exemples pour mieux aborder certains domaines plus obscurs (à titre personnel, j’ai particulièrement apprécié le passage sur le roman « Flatland » de Edwin Abbott, lisez « Flatland » c’est un ordre !), le voyage est vaste mais toujours passionnant, sur un ton très humaniste, non dénué de regards sur les problématiques de notre époque, mais dans un but d’amélioration de notre avenir, en prenant exemple sur ces scientifiques qui ont fait avancer la science, et l’humanité avec elle.

On pourrait certes trouver certains enchaînements narratifs un peu forcés, ou même le discours global un brin naïf. Le livre se termine d’ailleurs sur un chapitre consacré à une Exposition Universelle du futur (en 2039), où l’optimisme scientifique (qui n’a pourtant rien de béat) d’Ann Druyan est très marqué. Certes. Mais en ces temps troublés, c’est un point de vue qui fait finalement plaisir à voir.

« Cosmos : nouveaux mondes » n’est donc pas un livre scientifique en tant que tel, on y trouve de la vulgarisation bien sûr, l’approche est facile d’accès (une seul équation y est écrite, celle de Frank Drake pour estimer le nombre de civilisations extraterrestres de notre galaxie avec qui nous pourrions entrer en contact), mais c’est avant tout un livre SUR la science, à large spectre, dans le but de provoquer une sorte « d’enlightenment » dans l’esprit du lecteur, très bien rendu par la belle traduction d’Alice Gallori.

Un récit optimiste sur ce que l’humanité peut réaliser si elle ouvre les yeux sur le potentiel bénéfique de la science et les possibilités qu’elle offre de pouvoir sortir de l’ornière que notre espèce a elle-même creusée. Il y urgence, Ann Druyan est claire sur le sujet, mais le défaitisme n’a pas sa place ici, l’espoir est encore permis, à nous de nous y mettre.

 

  
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