Les mondes de Tolkien, de John Garth

Posted on 11 avril 2023
Dernière lecture pour le moment sur l’oeuvre de Tolkien, « Les mondes de Tolkien » revient sur les nombreuses influences géographiques de l’auteur anglais qui l’ont mené à imaginer, voire à imager, la Terre du Milieu. Des influences géographiques vues au sens large puisque le livre ne contente pas d’explorer notre monde, mais va plus loin en revenant sur de nombreux autres lieux issus d’autres oeuvres littéraires, picturales, etc…

 

Quatrième de couverture :

ENTRE LE RÉEL ET LE FANTASTIQUE
Sur les pas de Tolkien, partez à la découverte des lieux qui ont inspiré la création de la Terre du Milieu dans « Le Seigneur des Anneaux ».

Parcourez la Grande-Bretagne – notamment les West Midlands et Oxford, que Tolkien aimait tant – et laissez-vous porter au-delà des mers, aux quatre coins du monde. Décelez les moindres endroits qui ont fait naître Hobbiteville, la vallée el que de Fendeval, les Brillantes Cavernes de la Gorge de Helm et bien d’autres sites encore.
Une centaine de documents illustre les pages : des dessins signés par Tolkien lui-même, des œuvres d’autres artistes, des images d’archives, des cartes et des photographies plus récentes.
Ce livre témoigne de la personnalité hétéroclite d’un auteur sans égal : ses voyages, la variété de ses lectures et sa carrière de professeur à Oxford.

John Garth, journaliste, chercheur et grand spécialiste de Tolkien, est l’auteur de « Tolkien et la Grande Guerre », livre de référence. Il vit dans le comté de l’Hampshire, mais voyage à travers le monde pour donner des conférences et des cours.

 

Rempli d’informations !

Pas facile de commencer la critique d’un tel ouvrage, tant il déborde d’informations ! C’est un véritable déluge, et c’est absolument passionnant. Commençons par un mot sur l’auteur, John Garth. Auteur et journaliste, il a notamment écrit, en plus de nombreux articles sur Tolkien, le livre « Tolkien et la Grande Guerre », qui lui a valu un Mythopoeic Award en 2004. Bref, à l’évidence, avec « Les mondes de Tolkien » on a affaire à du sérieux, du documenté, du référencé, du solide. Et c’est peu de le dire, même s’il est important de préciser que le livre est remarquablement facile à lire dès lors que le sujet éveille l’intérêt du lecteur, bien évidemment. Pas d’académisme lourd ici, c’est à souligner.

Et donc, pour ce qui est du sujet du livre, John Garth se propose de nous faire découvrir les lieux qui ont inspiré Tolkien, qu’ils soient réels, imaginaires, issus d’oeuvres d’arts, contemporains, anciens, etc… Le « corpus » est vaste, et pour cela l’auteur a divisé son livre en chapitres thématiques (la mer, la montagne, la forêt, les tours, les sites archéologiques, la guerre, l’Angleterre bien sûr, etc…) pour mieux aborder les multiples références (basées sur des articles biographiques, des interviews de Tolkien, ses lettres bien sûr, innombrables, ou bien d’autres essais), qu’elles soient reconnues par l’ensemble de la communauté tolkiennienne ou bien le fruit d’une réflexion plus personnelle de Garth mais toujours à bon escient.

Je ne m’aventurerai pas ici à tenter une quelconque énumération, tant il y aurait à dire, avec d’inévitables pertes, mais j’insiste sur le fait que l’ensemble du livre est passionnant, rempli à ras bord d’informations pertinentes, parfois connues, parfois moins, le tout richement illustré (une centaine de documents nous dit la quatrième de couverture, je ne me suis pas lancé dans un comptage…).

Et on passe donc des lieux de l’enfance de Tolkien en Angleterre (Sarehole, Moseley Bog…), tentant au passage de replacer le pays sur la carte de la Terre du Milieu (et ce à plusieurs époques de l’écriture des textes de Tolkien, donc aussi bien sur la Terre du Milieu elle-même que plus tôt sur Tol Eressëa, à l’époque de l’écriture du « Livre des Contes Perdus » avec notamment Oxford comme marqueur géographique) à différentes influences légendaires et mythologiques, de toutes origines (celtiques ou scandinaves bien sûr, mais aussi gréco-romaines, voire même africaines et mésopotamiennes), en passant pas des éléments qui peuvent paraître peu de choses mais desquelles Tolkien s’est largement inspiré pour ses écrits (son voyage en Suisse et les montagnes alpines qui l’ont beaucoup marqué, mais aussi le cours du Rhin). Une foultitude d’éléments donc, parfois des détails (Orthanc qui semble être un neck volcanique, comme celui de Borgarviki en Islande que Tolkien connaissait bien puisqu’il y est fait référence dans une saga), parfois des lieux géographiques réels ou légendaires, parfois des sites archéologiques (la campagne autour d’Oxford n’en manque pas : le Cheval Blanc d’Uffington, les Rollright Stones, Maiden Castle un peu plus au sud, mais aussi tertres et tumulus scandinaves, comme ceux d’Uppsala, devenant les Coteaux des Tertres ou les Tumulus des Rois à Edoras dans « Le Seigneur des Anneaux », ainsi que bien d’autres lieux, scandinaves ou autres), parfois des références plus générales (le lien entre Númenor et l’Égypte, avec embaumement, tombeaux massifs et statues colossales). Et la Grande Guerre bien sûr, puisque John Garth a déjà écrit sur le sujet. Les Marais Morts, la plaine d’Anfauglith au Beleriand après la bataille de Dagor Bragollach dans « Le Silmarillion », le plateau de Gorgoroth en Mordor peuvent sans doute être vus comme des réminiscences des horreurs de la guerre et des no man’s land entre les tranchées. Rivières, lacs, mers, montagnes, architecture et même artisanat, tout y passe, bien souvent sans négliger l’étude étymologique, je le redis c’est foisonnant et passionnant, et reflète bien l’intérêt que portait Tolkien aussi bien à l’Histoire qu’aux dernières découvertes archéologiques de son époque. Et finalement, je n’ai donc pas pu m’empêcher d’énumérer un peu… 😀

On pourrait avoir peur d’une sorte d’inventaire à la Prévert, mais outre le chapitrage qui permet d’ordonner tout ça, John Garth fait bel et bien ici oeuvre d’essai remarquablement documenté, avec renvois lorsque les informations sont croisées sur plusieurs chapitres, de nombreuses notes, un important index, le tout dans une mise en page claire et agréable.

« Les mondes de Tolkien » s’avère donc être sans nul doute un incontournable parmi les études sur l’oeuvre de Tolkien. Son sujet est à la fois vaste et précis, et son exécution n’est jamais prise en défaut. Passionnant autant qu’important, c’est un indispensable à tout amateur de Tolkien qui souhaite se plonger dans les nombreuses influences qui ont mené l’auteur anglais à l’écriture des chefs d’oeuvre que l’on connait.

 

  
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