Star Trek : Picard, saison 1

Posted on 22 mai 2023

Après en avoir terminé avec les films, il est temps de se tourner vers la suite, en l’occurence la suite de la vie de Jean-Luc Picard. Car on ne peut nier le fait que la conclusion de « Star Trek : Nemesis » laisse un sérieux goût d’inachevé de ce côté-là. Il aura donc fallu attendre près de 20 ans pour en savoir plus sur le devenir de Picard, notamment après le drame de la mort de Data. C’est clairement ce que présente la série avec dans les premiers épisodes un Picard vieillissant, qui a démissionné de Starfleet suite à l’annulation de l’opération de sauvetage de la population romulienne (menacée par une supernova) et au bannissement de toute forme de vie synthétique après l’attaque d’androïdes sur Mars. Un Picard aigri, qui ne fait que ressasser le passé, et qui au fond ne s’est jamais totalement remis de la mort de Data.

 

   

   

 

Et voilà que surgit Dahj, une jeune fille qui se fait rapidement tuée sur Terre par ce qui semble être des agents romuliens. De fil en aiguille c’est un enjeu civilisationnel qui finit par se dessiner, entre prophétie interprétée de différentes manières par différents partis, agents infiltrés, manigances romuliennes, exploitation de la technologie Borg (parce que dès qu’on veut explorer les traumas de Picard, les Borg sont inévitables), et dernier baroud d’honneur d’un ancien amiral à la retraite qui voit là l’occasion, peut-être, de faire une dernière chose concernant Data, et surtout de montrer que le Jean-Luc ¨Picard bien connu n’est pas complètement enfoui au fond de de ce vieil homme qui ne fait que s’occuper de son exploitation viticole à La Barre en France.

 

   

   

 

Mais évidemment, pour une opération spatiale (et comme dans tout bon Star Trek qui se respecte), il faut un vaisseau et un équipage. Picard n’étant plus vraiment en odeur de sainteté au sein de Starfleet, il va plutôt devoir opérer discrètement, en dehors des sentiers balisés. On oublie donc les vaisseaux « officiels » de Starfleet pour se diriger vers un transporteur rapide privé (nommé La Sirena) opéré par le capitaine Rios (ancien de Starfleet lui aussi), assisté par Raffi Musiker (ancienne de Starfleet, décidément, et un brin accroc à la bouteille), le tout accompagné en cours de route par le Docteur Agnès Jurati, spécialiste en cybernétique (et donc un peu désoeuvrée depuis le bannissement des êtres synthétiques après l’attaque sur Mars), Elnor, un jeune guerrier romulien qui a juré de protéger Picard, et Soji, soeur jumelle de Dahj. Tout un équipage que le spectateur va apprendre à connaître, malheureusement un peu maladroitement, certains passages les développant tombant parfois comme un cheveu sur la soupe (notamment concernant Raffi, alors que le passé de Rios a au moins le mérite d’être connecté à l’intrigue principale), en plus d’être vite expédiés.

 

   

   

 

P¨lein de nouvelles têtes donc ! Mais pas que. Parce que « Star Trek : Picard » joue beaucoup, BEAUCOUP sur la nostalgie. À travers le personnage principal déjà, guidé par son passé. Mais la série ne va pas se retenir de faire également de très nombreuses allusions à certains faits ou personnages vus dans les séries ou films précédents. Il est clair que ça fait battre le petit coeur des trekkies comme moi, mais pour le spectateur qui n’a pas un peu de bagage concernant la saga, le risque d’être perdu n’est pas négligeable. Mais bon, il faut être clair, revoir Hugh, Riker, Troi ou Seven of Nine (quelle présence à l’écran de Jeri Ryan !), ça fait quand même un petit quelque chose. Les producteurs ont pris des risques en procédant ainsi, mais il faut bien admettre que la série est là pour offrir un arc de conclusion à Picard, elle est donc essentiellement tournée vers ceux qui ont connu le personnage dans les opus précédents, films ou séries.

 

   

   

 

Sur le plan du scénario, il y a du bon et du moins bon. Le bon c’est Picard lui-même, qui mène la danse de belle manière, mais aussi cette façon de présenter la vie synthétique et son interaction avec la vie organique. Certes, pour faire simple, la menace que les androïdes pourraient faire peser sur l’humanité en cas de soulèvement n’a rien de nouveau, mais elle s’ouvre ici (bien qu’un peu tard), avec un twist plutôt sympa basé sur la manière de voir les choses différemment, sur une menace bien plus terrible. Intéressant mais finalement trop peu exploitée, j’aurais bien aimé voir de plus près ce crossover Star TrekMass Effect. 😉 Et du côté du bon, voire du très bon, il y a la conclusion de la saison, dont je ne vous parlerai évidemment pas mais que j’ai trouvé très réussie, pour Picard d’une part (d’une manière à laquelle je ne m’attendais pas, mais pourquoi pas) et surtout… d’un autre pour lequel je trouve qu’on touche à la perfection.

 

   

   

 

Du côté du moins bon, certaines choses vont trop vite, l’équipage ne dispose pas d’assez de temps pour être pleinement développé et devenir autre chose que des sidekicks pour Picard, certaines intrigues secondaires (pas si secondaires que ça d’ailleurs) que les scénaristes jettent par la fenêtre en cinq secondes chrono (Bruce Maddox, dont la recherche était pourtant le moteur de l’intrigue… ou bien le devenir de Narek, dont le spectateur ne saura rien), quelques incohérences qui semblent être devenues le lot des séries modernes et quelques deus ex machina un peu trop voyants (Riker…). Et donc, comme je le disais plus haut, le fait que certains éléments de la série en laisseront certains sur le bord du chemin, mais cela dépend directement de la connaissance qu’a le spectateur de la saga (sans que cela ne soit rédhibitoire malgré tout, heureusement).

 

   

    

 

Mais pour l’essentiel, on reste dans le haut du panier, et surtout, malgré un début qui aurait pu faire penser le contraire, la série reste pleinement dans le mood Star Trek, avec cet indéfectible humanisme dont Picard fait preuve et qui est plus qu’une simple posture facile qui triompherait un peu naïvement de tous les obstacles. C’est un état d’esprit, qui ne vaut pas que pour le personnage mais pour toute la société de la Fédération, quand bien même il y a quelques (gros) égarements parfois, des moutons noirs comme partout ailleurs et que la guerre n’est jamais loin. Humanisme donc, le respect des autres aussi, la célébration de la vie, quelle que soit la forme sous laquelle elle se présente (un élément exploré de nombreuses fois dans la saga). Tout ça est synthétisé (haha) dans le personnage de Picard, interprété impeccablement par un Patrick Stewart parfait, qui finit même peut-être par se confondre avec son personnage, vieux, fatigué, abimé par la vie, mais aussi porté par les sentiments qu’il éprouvait envers Data et toujours avec cet humanisme chevillé au corps qu’il n’hésite pas à transmettre (enseigner ?) aux autres.

 

   

   

 

Cette saison n’est sans doute pas parfaite, elle use parfois de quelques grosse ficelles, mais elle prend le temps de se développer par de nombreux dialogues (là encore c’est l’effet Picard : la discussion, le négociation avant tout), n’abuse pas de scènes de grosses scènes d’action (même s’il y en a quelques-unes) et offre une sorte de nouveau départ vers une vraie fin qu’on espère digne de ce personnage inoubliable. Direction la saison 2.

 

   

   

 

  
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