L’art et l’âme de Dune, de Tanya Lapointe et Stefanie Broos

Posted on 1 avril 2024
« Dune » encore, avec les films une nouvelle fois, mais cette fois en s’intéressant aux livres consacrés à la réalisation des dits films et qui ont accompagné chacun d’entre eux, comme on en voit souvent lors des « grosses » sorties cinés. Retour donc sur des volumes qui sont autant des artbooks que des making-of des longs métrages de Denis Villeneuve.

 

Quatrième de couverture (première partie) :

De ses impressionnantes conceptions environnementales et ses créatures saisissantes, à la création de costumes complexes et l’utilisation d’effets numériques remarquables, cette splendide exploration visuelle du processus de réalisation du film offre un aperçu inégalé de la genèse du projet. Écrit par la productrice exécutive de « Dune », Tanya Lapointe, « L’art et l’âme de Dune » met en avant l’approche visionnaire de Denis Villeneuve dans la réalisation du classique de science-fiction de Frank Herbert, et se présente comme un guide essentiel du dernier chef d’oeuvre du réalisateur.

 

Quatrième de couverture (deuxième partie) :

Dans « Dune : Deuxième partie », le cinéaste Denis Villeneuve achève son adaptation du roman révolutionnaire de Frank Herbert en ramenant le public sur la planète désertique Arrakis, où Paul Atréides prend en main son destin et conduit le peuple Fremen dans une bataille paroxystique contre des forces malfaisantes. Dans cet ouvrage visuellement captivant, la productrice Tanya Lapointe et Stefanie Broos présentent cette saga cinématographique sous un éclairage inédit. Des illustrations conceptuelles aux photos de tournage en passant par les story-boards et les séquences détaillées, « L’art et l’âme de Dune : Deuxième partie » vous ouvre les coulisses d’un film-événement.

 

Les making-of livresques des films de Denis Villeneuve

Les deux films « Dune » (première et deuxième partie) de Denis Villeneuve ayant fait plus que leur petit effet (je pense même, avec un peu de recul, qu’ils m’ont vraiment marqué, y compris sur le « simple » plan du design puisque quand je pense à un élément de cet univers en particulier je le vois avec ce qu’en a fait Villeneuve dans ces films, ou s’il ne l’a pas mis en scène je l’imagine dans la même veine esthétique), je n’ai pas manqué de me procurer les deux volumineux artbooks qui leur sont dédiés.

Un par film donc, gros volumes quasi carrés (28,6×26,4cm) sous coffret, bardés d’illustrations régulièrement en pleine page ou en double page, c’est typiquement ce que les américains appellent des « coffee table books », ou plus explicitement chez nous des « beaux livres ».

Et il n’en fallait sans doute pas moins pour faire découvrir au lecteur tout le travail qu’a nécessité la production de ces deux films. Entre illustrations préparatoires, photos de tournage ou de décors (tels que présentés dans le film ou en cours de montage/construction), textes explicatifs, on se rend bien compte de l’ampleur de la tâche. Certes, s’agissant d’un making-of, on n’aura pas ici autant de détails que dans un making-of filmé (genre bonus de DVD/Bluray, tout le monde de souvient par exemple des énormes et passionnants making-of des éditions collectors du « Seigneur des Anneaux » de Peter Jackson), mais ces livres proposent une belle richesse visuelle très agréable à parcourir sur papier glacé, en plus de fournir malgré tout une somme de renseignements tout à fait respectable. Intention du réalisateur sur telle ou telle scène, sources d’inspirations, recherche esthétique, modification de scénario pour X raisons, réalisation technique de scènes particulières, il y a de quoi faire, l’ensemble de ce qui est abordé respectant dans les grandes lignes la chronologie narrative des films tout en étant détaillé sous forme thématique.

On apprend donc entre autres choses (je replace tout ça dans le désordre le plus complet alors que les livres présentent les choses dans l’ordre chronologique du récit des films) que le design du vaisseau des soeurs du Bene Gesserit qui atterrit sur Caladan, de forme ovoïde (symbole de fertilité), ne doit rien au hasard, que le style de combat des Atréides est en partie basé sur art martial philippin, la balintawak eskrima, que le vaisseau de Duncan Idaho devait au départ figurer dans la scène d’intro du premier film (dans laquelle on devait voir Idaho sauter du vaisseau en haute atmosphère pour rejoindre les Fremen et se faire son avis sur le peuple d’Arrakis), que la salle du trône du Baron Harkonnen ressemble à une cage thoracique pour évoquer la mort et la décrépitude, que le maquillage du même Baron (incarné par Stellan Skarsgard) prenait jusqu’à sept heures, que les habituels écrans bleus ont souvent été remplacés par des écrans couleur sable ce qui permettait de travailler sur l’ambiance lumineuse de nombreuses scènes des films (et il faut saluer là l’exceptionnel travail de Greig Fraser sur la photographie) tout en pouvant les retoucher en post-production (puisqu’en couleurs inversées, le sable donne du… bleu !), que le design des ornithoptères est basé sur plusieurs insectes (libellule, bourdon…), qu’ils ont été construits en Angleterre et que les amener sur les lieux de tournage a nécessité l’emploi d’un gigantesque avion-cargo, que certaines scènes ont été tournées sous surveillance militaire en Jordanie (y compris en utilisant certains de leurs hélicoptères pour filmer des scènes), que le tournage dans le désert s’est principalement fait aux premières ou dernières heures de la journée, que l’abri-distille du fremkit est inspiré de la carapace d’un cafard tandis que la tente des Feydakins vient plutôt du pou, que la langue chakobsa a été particulièrement développée pour le film (sur le plan oral comme écrit, avec de nombreuses glyphes), que le feu d’artifice Harkonnen provient de gouttes d’encre projetées dans un alcool clair, etc, etc… Je passe bien évidemment sur un myriade d’autres renseignements passionnants.

Avec un avant-propos de Denis Villeneuve et une introduction de Brian Herbert et Kevin J. Anderson, les continuateurs de l’oeuvre de Frank Herbert, ces deux ouvrages atteignent largement leur but : présenter le processus de réalisation des films, depuis l’acquisition des droits des romans, la constitution de l’équipe des films et les premières recherches préparatoires jusqu’à la réalisation elle-même, dispatchée sur plusieurs sites (Budapest pour les scènes en intérieur, mais aussi la Jordanie, Abu Dhabi, l’Italie, la Norvège et la Californie), avec tous les écueils qu’elle a pu présenter aux équipes de production.

Pas la peine d’en dire beaucoup plus, pour les amateurs des films ce sont deux très beaux ouvrages (on regrettera juste quelques textes écrits en couleur argentée sur fond clair, ce qui nuit à la lisibilité ou bien certaines illustrations qui manquent un peu de définition), plein d’images et de renseignements intéressants, présentés de manière non pas luxueuse (ce serait un brin exagéré, on n’est pas chez Taschen) mais malgré tout très soignée (on peut se faire une idée de la présentation et la mise en page sur la page Amazon du deuxième volume). C’est une somme conséquente à investir (50€ par volume), mais je ne le regrette absolument pas.

 

  
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