Un château sous la mer, de Greg Egan – Hors-série 2021 « Une heure-lumière »

Posted on 9 juin 2022
Les éditions du Bélial’ aiment Greg Egan. Ce n’est pas un scoop, c’est régulièrement affirmé ici ou là, et le fait qu’Olivier Girard, le boss du Bélial’, indique dans l’édito de ce hors-série 2021 de la collection « Une heure-lumière » consacré à l’auteur australien via la novelette « Un château sous la mer » traduite par L’Epaule d’Orion, que la bibliographie de l’auteur sera rééditée au fil des ans au sein de ces mêmes éditions en est une preuve supplémentaire.

 

Quatrième de couverture :

Une heure-lumière, c’est la distance que parcourt un photon dans le vide en 3600 secondes, soit plus d’un milliard de kilomètres…

C’est aussi le nom d’une collection réunissant à ce jour trente-et-un titres, un espace éditorial inédit, unique, tant par le fond que par la forme, qui s’est bâti un statut de référence dans le paysage éditorial hyper-saturé des littératures de genre.

Si Une heure-lumière célèbre les horizons nouveaux, nos hors-séries fêtent Une heure-lumière et ses auteurs emblématiques. Dont ici Greg Egan, qui a offert à cette même collection deux courts romans remarquables : Cérès et Vesta et, tout récemment, À dos de crocodile.

Une heure-lumière… aux racines du sense of wonder !

 

Greg Egan est un chocolat…

Lire du Greg Egan, c’est toujours une aventure. Intellectuelle. A un point tel que le cerveau finit parfois par ne plus suivre tout à fait. Quoique, quand même, avouons que la réputation de l’auteur lui donne parfois des airs d’épouvantail de la SF, alors que ses textes (du moins ceux que j’ai lus) sont globalement très bons et pas si ardus que ça. Et depuis quelques années, Greg Egan c’est aussi un peu comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Car il s’est dernièrement fait moins hard, plus accessible. Alors voilà, lire du Greg Egan, c’est aussi jouer à la loterie : hard-SF ou pas ?

Et ici, avec « Un château sous la mer », la réponse est non. Pas vraiment. Donc on imagine que le texte est parfaitement compréhensible par tout un chacun ? Ben non, raté. Enfin pas complètement hein. On en comprend 96,4%. Il ne manque juste que les deux dernières pages qui m’ont, et je ne suis pas le seul, plongé dans des abîmes de perplexité. Deux pages sur 55 (d’où les 96,4%, c’est Greg Egan quand même, il faut être précis !), c’est peu et beaucoup à la fois, surtout quand ces deux dernières pages sont censées renverser la perspective sur ce qu’on vient de lire auparavant, et qu’on est incapable d’en comprendre le sens profond. C’est très frustrant.

Parce que tout ce qui vient avant ces deux dernières pages est 1. limpide, 2. Tout à fait pertinent. On y parle de quatre frères nés sur un bateau, le « Physalia » (je vous laisse chercher sur Google la référence, elle n’est évidemment pas anodine), détenu par une secte qui avait pour objectif, en expérimentant divers procédés sur de jeunes enfants, de créer un « esprit de ruche transcendantal ». Les autorités sont intervenues, les responsables jetés en prison (dont les parents des quatre frères Caius, Rufus, Linus et Silus), et les enfants libérés. Des enfants qui ont donc gardé un lien neural qui leur permet, dans leur sommeil, de récupérer les souvenirs de leur fratrie.

Jusqu’au jour ou l’un des frères, Linus, disparaît en rompant son lien neural. Enlèvement, disparition volontaire, fuite amoureuse, désir de discrétion ? Toutes les questions se posent, et le texte est le récit de l’enquête des trois frères restants pour retrouver le quatrième.

Liens fraternels, poids du regard des autres, choix de vie, pression familiale, identité, indépendance d’esprit, libre-arbitre, Greg Egan aborde de manière pertinente, avec justesse et en peu de mots une multitude de sujets, tout en montrant comment les quatre frères parviennent, chacun à leur manière, à gérer cet afflux mental de manière très « picturale ».

Et puis arrive cette fin abrupte et cryptique. Gâche-t-elle le texte ? Non, mais un peu quand même, comme s’il manquait la dernière brique à une belle construction d’ensemble : ça reste beau, mais il y a truc qui gêne un peu… Pas grave Greg, il y a plein d’autres textes à venir au Bélial’ (ou déjà parus) pour repartir sur des bases moins obscures… 😉

 

Lire aussi les avis de Baroona, Yogo, Vert, Célindanaé, Le chien critique, Ombre Bones, Dionysos, Aelinel, Artemus Dada, Laird Fumble

 

  
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