Un château sous la mer, de Greg Egan – Hors-série 2021 « Une heure-lumière »
Quatrième de couverture :
Une heure-lumière, c’est la distance que parcourt un photon dans le vide en 3600 secondes, soit plus d’un milliard de kilomètres…
C’est aussi le nom d’une collection réunissant à ce jour trente-et-un titres, un espace éditorial inédit, unique, tant par le fond que par la forme, qui s’est bâti un statut de référence dans le paysage éditorial hyper-saturé des littératures de genre.
Si Une heure-lumière célèbre les horizons nouveaux, nos hors-séries fêtent Une heure-lumière et ses auteurs emblématiques. Dont ici Greg Egan, qui a offert à cette même collection deux courts romans remarquables : Cérès et Vesta et, tout récemment, À dos de crocodile.
Une heure-lumière… aux racines du sense of wonder !
Greg Egan est un chocolat…
Lire du Greg Egan, c’est toujours une aventure. Intellectuelle. A un point tel que le cerveau finit parfois par ne plus suivre tout à fait. Quoique, quand même, avouons que la réputation de l’auteur lui donne parfois des airs d’épouvantail de la SF, alors que ses textes (du moins ceux que j’ai lus) sont globalement très bons et pas si ardus que ça. Et depuis quelques années, Greg Egan c’est aussi un peu comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Car il s’est dernièrement fait moins hard, plus accessible. Alors voilà, lire du Greg Egan, c’est aussi jouer à la loterie : hard-SF ou pas ?
Et ici, avec « Un château sous la mer », la réponse est non. Pas vraiment. Donc on imagine que le texte est parfaitement compréhensible par tout un chacun ? Ben non, raté. Enfin pas complètement hein. On en comprend 96,4%. Il ne manque juste que les deux dernières pages qui m’ont, et je ne suis pas le seul, plongé dans des abîmes de perplexité. Deux pages sur 55 (d’où les 96,4%, c’est Greg Egan quand même, il faut être précis !), c’est peu et beaucoup à la fois, surtout quand ces deux dernières pages sont censées renverser la perspective sur ce qu’on vient de lire auparavant, et qu’on est incapable d’en comprendre le sens profond. C’est très frustrant.
Parce que tout ce qui vient avant ces deux dernières pages est 1. limpide, 2. Tout à fait pertinent. On y parle de quatre frères nés sur un bateau, le « Physalia » (je vous laisse chercher sur Google la référence, elle n’est évidemment pas anodine), détenu par une secte qui avait pour objectif, en expérimentant divers procédés sur de jeunes enfants, de créer un « esprit de ruche transcendantal ». Les autorités sont intervenues, les responsables jetés en prison (dont les parents des quatre frères Caius, Rufus, Linus et Silus), et les enfants libérés. Des enfants qui ont donc gardé un lien neural qui leur permet, dans leur sommeil, de récupérer les souvenirs de leur fratrie.
Jusqu’au jour ou l’un des frères, Linus, disparaît en rompant son lien neural. Enlèvement, disparition volontaire, fuite amoureuse, désir de discrétion ? Toutes les questions se posent, et le texte est le récit de l’enquête des trois frères restants pour retrouver le quatrième.
Liens fraternels, poids du regard des autres, choix de vie, pression familiale, identité, indépendance d’esprit, libre-arbitre, Greg Egan aborde de manière pertinente, avec justesse et en peu de mots une multitude de sujets, tout en montrant comment les quatre frères parviennent, chacun à leur manière, à gérer cet afflux mental de manière très « picturale ».
Et puis arrive cette fin abrupte et cryptique. Gâche-t-elle le texte ? Non, mais un peu quand même, comme s’il manquait la dernière brique à une belle construction d’ensemble : ça reste beau, mais il y a truc qui gêne un peu… Pas grave Greg, il y a plein d’autres textes à venir au Bélial’ (ou déjà parus) pour repartir sur des bases moins obscures… 😉
Lire aussi les avis de Baroona, Yogo, Vert, Célindanaé, Le chien critique, Ombre Bones, Dionysos, Aelinel, Artemus Dada, Laird Fumble…
Paf, sortie d’un hors-série du Bélial’ et directement une chronique par Lorhkan, quelle rapidité – hein ? comment ? l’année ? rien qu’un détail.
« hard-SF ou pas ? Et ici, avec « Un château sous la mer », la réponse est non. Pas vraiment. » : enfin peut-être que c’est de la Hard-SF en fait, on ne sait pas, vu qu’on n’a pas compris.
Ahah, excellent. Tellement hard-SF mais tellement bien caché, normal qu’on soit largués, bien vu ! 😀
RDV l’année prochaine pour le HS 2022 ? 😉
Très joliment dit… et entièrement d’accord avec toi !
En attendant de lire le HS 2022 (et attendre est le maitre mot !)
Merci. 😉
Oui attendons hein, on n’a pas vraiment le choix je crois… 😀
Trop fort. J’ai commencé à lire le billet en pensant que c’était ta chronique du hors-série 2022. J’avais oublié cette histoire de fin, mais ça m’est vite revenu. C’est dingue comment tout le monde en parle, ça doit vraiment être chelou!
PS: J’ai regardé la page Wiki de la physalie. C’est hyper chelou aussi, comme bestiole. (C’est peut-être pour ça que le texte est chelou aussi? Tout s’explique!) Ça semble tout droit sorti des confins de l’espace.
Il faut croire que Greg Egan aime le chelou. 😀
Sauf que pour la physalie, le rapport avec les quatre frères « connectés » est évident. Ouf, on aura au moins compris un truc dans ce texte. 😀
Ce n’est pas vraiment qu’elle est cheloue cette fin, elle a sûrement une signification profonde, mais tellement profonde qu’on n’arrive pas à l’atteindre… 😀 Plus sérieusement, elle tranche avec ce qui est écrit avant, elle fait clairement basculer le récit, sans qu’on ne parvienne à appréhender sa signification. Mais Greg Egan est plus intelligent que nous, c’est bien connu ! 😀
Lol!! (Insérer ici des tas d’émojis qui rient ^^)