La maison, Blackwater tome 3, de Michael McDowell

Posted on 13 juin 2022
Allez hop, on repart à Perdido pour poursuivre le haletant feuilleton familial « Blackwater » de Michael McDowell. Après les excellents « La crue » et « La digue », voici maintenant « La maison », un volume encore une fois mitonné avec soin par les éditions Monsieur Toussaint Louverture.

 

Quatrième de couverture :

1928 à Perdido. Alors que le clan Caskey se déchire dans la guerre intestine et sans merci que se livrent Mary-Love et sa belle-fille, et tandis que d’autres crises – conjugales, économiques, existentielles – aux répercussions défiant l’imagination se profilent, dans les recoins sombres de la maison d’Elinor, la plus grande de la ville, les mauvais souvenirs rôdent et tissent, implacables, leurs toiles mortelles.

 

La petite grande maison dans la prairie à côté de la rivière

*  Chronique garantie sans spoiler !  *

La couverture (première et quatrième) de ce tome 3, comme pour les précédents, annonce la couleur. Des vitres brisées, des balles, des armes, deux « standing liberty quarters », un squelette, une clé, une porte de sous laquelle semble émaner une lumière, et la rivière Perdido, toujours, immuable. Alors oui, il va y avoir du mouvement, oui il va y avoir des conflits, oui il va y avoir des victimes, oui il va y avoir du mystère. Comme dans les tomes précédents. Arrivé à ce tome 3, il n’était pas question pour Michael McDowell de changer sa formule. Après tout, si le lecteur l’a suivi jusqu’ici, c’est qu’il aime ce qui a été fait auparavant, il n’y a donc pas de raison de ne pas continuer sur cette lancée.

Pourtant les années passent, et l’ouverture du roman, centrée sur les jeunes Frances et Miriam, annonce bien le renouvellement des générations. Et alors que le conflit larvé entre Mary-Love et Elinor reste présent, il se pourrait bien qu’il finisse par déplacer son centre de gravité vers d’autres personnages. L’avenir le dira. Un double-conflit donc, comme le montrent les quatre portraits visibles en couverture.

Michael McDowell poursuit donc sa saga familiale, en égrainant les ans et en s’intéressant successivement à quelques personnages à chaque chapitre, abandonnant les autres momentanément. Une technique narrative qui fonctionne toujours aussi bien, permettant au lecteur d’avoir une vue globale du clan Caskey et de la ville de Perdido, sans jamais perdre le lien entre tous ces éléments.

La crise de 1929 a frappé, mais Perdido, qui n’avait pas vraiment connu la période faste qui avait précédé, reste ici également relativement épargnée, du moins dans un premier temps. Mais sur un cadre plus restreint, plus intime, la crise, familiale cette fois, frappe bel et bien. Et là encore, c’est bien Elinor, même si c’est discrètement, qui va prendre les choses en main, et plus d’une fois. Une Elinor toujours aussi difficile à cerner, mais qui avance ses pièces, parfois sans état d’âme, sur le jeu d’échecs de Perdido face à son adversaire Mary-Love. L’occasion aussi de se régaler à nouveau de cet élément fantastique et horrifique qui infuse la saga, d’autant que, cette fois, il semble prendre un peu d’ampleur, un peu de noirceur aussi, et ne pas forcément se limiter à Elinor, comme on avait pu le pressentir lors du dernier chapitre du volume précédent (et cette fameuse porte que l’on retrouve en quatrième de couverture…).

Mais au final, que dire de plus ? Le changement dans la continuité ? Car si Michael McDowell, avec sa science affirmée du roman-feuilleton, poursuit sa saga sur les mêmes bases que précédemment, il n’en oublie pas pour autant de rebattre les cartes et à ce titre, la fin de « La maison » laisse augurer de sacrés mouvements, que l’on a hâte de découvrir dans le tome 4 déjà paru dont le titre peut être interprété de différentes manières : « La guerre ». Tout un programme…

 

Lire aussi l’avis de Gromovar

 

  
FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail