Zapping cinéma et VOD, épisode 68
J’ai lu il y a quelques semaines le récit de Jon Krakauer, « Tragédie à l’Everest », voici son équivalent cinématographique, même si la perspective est un peu différente puisque Krakauer n’est qu’un personnage secondaire du film. Néanmoins, c’est bien le drame de l’été 1996 sur l’Everest qui est dépeint ici.
Un film plutôt bien fichu, qui expose relativement bien les faits (même si certains éléments sont trop rapidement survolés, leurs conséquences manquent donc parfois de clarté et cela nuit un peu à la compréhension de la chronologie des évènements), et qui sur le plan visuel tient largement la route.
On pourrait trouver qu’il a tout de même un peu de mal à faire ressentir au téléspectateur les conditions atmosphériques au-dessus de 8000 mètres, notamment quand le soleil est présent. Après tout, il fait beau, le temps est clair, elle est sympa cette petite randonnée, non ? Sauf que non, il fait -30° et mettre un pied devant l’autre à cette altitude relève déjà de l’exploit physique. C’est un élément important puisque cette fatigue avancée des grimpeurs fait partie des choses qui ont fait virer la montée à la catastrophe, mais le spectateur ne la ressent pas vraiment.
En revanche, quand le mauvais temps arrive, là oui, les températures descendent encore, le vent est glacial, il fait sombre et avec le blizzard on n’y voit pas à deux mètres devant soi. Et les évènements s’enchaînent, pas grand-chose, quelques petits manques ici ou là, quelques petits arrangements pour satisfaire le plus de monde possible, un peu de concurrence aussi et la présence de journalistes avec les retombées potentielles en cas d’article positif… Catastrophe inéluctable.
C’est prenant, c’est bien mis en scène, c’est terrible, touchant aussi et terriblement triste à travers quelques mots échangés alors que l’espoir s’éloigne… Rien à dire sur les acteurs qui font le job correctement (mais le long métrage n’est pas à voir pour ça) mais cela participe à la réussite d’un film qui fait son petit effet, d’autant plus quand on s’intéresse à l’alpinisme évidemment.
The Northman, de Robert Eggers
Libre adaptation de la légende de Amleth (qui inspira par la suite Shakespeare pour sa célèbre pièce « Hamlet », vous remarquerez avec quelle maestria le dramaturge anglais manie le déplacement de lettre… 😀 ), « The northman » est une plongée dans l’Islande viking. Avec une esthétique sublime, le film, très documenté, mêle (on pourrait presque dire « comme à l’époque ») réalité, mythologie et croyances pour donner un pur récit de vengeance (Amleth, en fuite suite au meurtre de son père par son oncle, va tout faire pour prendre sa revanche) dans lequel l’honneur et le destin, des éléments fondamentaux de la culture islandaise d’alors, sont capitaux, au-dessus de tout le reste.
On y trouve les berserkers, les valkyries, les serments faits devant les dieux, et ce mélange de « saga légendaire », de réalité historique et de croyances mythologiques font de « The Northman » une sorte de film halluciné à la beauté plastique renversante, mené par un acteur habité (Alexander Skarsgård) accompagné d’un casting très relevé (Anya Taylor-Joy, Nicole Kidman, Ethan Hawke, Willem Dafoe ou bien Björk en inquiétante sorcière slave).
C’est sombre, violent, déterminé et jusqu’au-boutiste, comme le sont la plupart des sagas islandaises. A ce titre, c’est une superbe adaptation d’une époque, d’une légende d’un autre temps que la société d’aujourd’hui, si elle la regarde avec ses yeux modernes, ne peut accepter ni même comprendre, les valeurs d’alors n’étant plus « entendables » aujourd’hui. Ce film est un anti présentisme social.
Cela peut gêner, il faut juste savoir dans quoi on met les pieds : dans un film qui illustre les valeurs d’alors, accompagné des croyances de cette époque. C’est un voyage totalement halluciné, plus d’un millénaire en arrière, sale et beau à la fois, un voyage mythologique et spirituel (aaaaah, cette scène de la valkyrie…) qui peut déranger mais qui n’a guère d’égal sur ces points. Pas facile d’accès (il mériterait sans doute un deuxième visionnage, pour y saisir les différents niveaux de lecture), mais incroyablement prenant et formellement renversant.
Everest avait dû me marquer point de vue ressenti des alpinistes, car quelques jours après j’ai rêvé de manière assez angoissante d’un précipice plein de neige… ^^ Ça doit aussi être sympa à voir en connaissant les faits.
Ah moi The Northman j’ai surtout trouvé ça chelou. Enfin je te rejoins sur quasiment tout ce que tu dis, mais c’était tellement bizarre, les gens déclamaient tellement leur texte d’un air halluciné que je suis un peu restée bouche bée tout du long.
PS: L’amie avec qui j’ai vu The Northman m’a recommandé cette vidéo, qui est très bien: https://www.youtube.com/watch?v=5AedvqIYPjE C’est un peu dommage que je ne l’ai vue qu’après avoir vu le film, car ça aurait attiré mon attention sur certains points de reconstitution qui sont vraiment intéressants. Je pense que j’aurais quand même trouvé le tout super chelou, mais j’aurais plus profité de ces aspects-là. ^^
Je n’ai regardé que le début pour le moment mais ça a en effet l’air très intéressant. Ça peut se voir avant ou après le film. Ou les deux. 😀 Je me garde cette vidéo de côté en tout cas, pour plus tard. Merci pour la découverte (toute la chaîne a l’air intéressante en fait ! 😀 ). 😉
PS : désolé pour les réponses tardives, je manque vraiment de temps en ce moment… 😉
Oui, toute la chaîne est très bien. Je regarde peu de ses vidéos à cause de l’éternel manque de temps (trop de chaînes YouTube, trop de vidéos, trop de tout), mais celles que j’ai vues sont bien. Il est très décontracté et positif. 🙂 Il a fait des vidéos sur The Witcher, je crois, genre parce que les armures sont absurdes… ^^
Tu parles des armures en spaghetti de la saison 1 ? 😀
MDR. J’ai ri en lisant ta réponse, même si mon propre délai de réponse permet d’en douter. ^^
Bon, j’ai repris la Roue du Temps et c’est un peu cheap aussi par moment, mais ça tient quand même mieux la doute sur le plan matériel.
De toute façon, « Everest » est forcément marquant quand on sait, même sans connaître les faits en détail, que ça s’est vraiment passé comme ça, à peu de choses près. Un vrai drame humain quoi.
Sut « The Northman », tu mets le doigt sur un élément qui m’a moi aussi frappé (mais dont j’ai oublié de parler), surtout au début du film, c’est à dire son côté très théâtral. Les répliques sont déclamées comme sur une scène de théâtre, sur un mode très grandiloquent. 😀 Cette sensation est ensuite, en tout cas pour moi, passée au second plan ensuite. Peut-être parce que je m’y suis habitué. 😀