Les enfants de Paradis, de Arnauld Pontier

Posted on 8 mai 2023
Arnauld Pontier semble se faire une petite place dans le monde de la SF francophone. Déjà auteur de plusieurs textes en littérature générale, il s’acoquine depuis un certain temps (voire un temps certain) avec la SF, un genre que visiblement il apprécie depuis longtemps et auquel il continue de s’abreuver régulièrement (cf la très bonne interview de l’auteur menée par Le chien critique). Et il fait feu de tout bois dernièrement, avec un recueil, « Invasions plurielles », un roman paru en avril, « Exodes », et le court roman ici présent, « Les enfants de Paradis », paru en fin d’année 2022. Après le très bon « Sur Mars » et le plus déroutant « Monsieur Merlin », où va nous emmener cette fois Arnauld Pontier ?

 

Quatrième de couverture :

Au fond du cratère, assis, adossé à un monticule, se tenait les restes d’un être humanoïde de grande taille, enveloppé dans ce qui semblait être une combinaison spatiale. Une armure qui, dans sa partie supérieure, ressemblait à une broigne médiévale. Mais sous ce qui restait du plastron d’écailles, aucun corps ne subsistait. Ce qui était inhabituel, outre la taille de cet être – près de trois mètres – était la forme triangulaire de ce qui avait dû être un casque…

Cette extraordinaire découverte, près d’une base lunaire russe, va conduire à l’exploration d’une lointaine planète, aussitôt baptisée Paradis, qui, si elle s’avèrera parfaitement adaptée à la vie humaine, révèlera bien des surprises…

Sommes-nous seuls dans l’univers ? Existe-t-il d’autres civilisations compatibles avec la nôtre ? Où se situe la véritable liberté ? Ce sont quelques-unes des questions que posent ce planet opera riche en rebondissements. Ce sera au commandant de l’Anterus, Mac Bain, à son équipe de scientifiques et à son étrange partenaire, la belle Irina Kheraskov, d’y répondre.

 

Melting pot en terre creuse

Loin. Arnauld Pontier nous emmène loin avec « Les enfants de Paradis ». Pourtant, les choses commencent doucement et de manière très « Clarkienne » avec la découverte, encore gardée secrète (enfin, plus ou moins, dans cette époque future où le moindre évènement qui sort de l’ordinaire a bien du mal à rester caché des différentes nations qui, même regroupées au sein d’une Fédération, ont gardé leurs spécificités mais aussi leurs rivalités), d’un scaphandre humanoïde de très grande taille sur la Lune. La découverte subséquente de deux autres scaphandres avec des inscriptions faisant penser à des coordonnées, vont amener l’espèce humaine à monter une expédition (constituée de scientifiques et de militaires, parce que bon, on ne sait jamais, et pour cause…) vers une exoplanète qui se verra baptisée Paradis, à l’issue d’un voyage d’une vingtaine d’années.

Mais est-elle vraiment un paradis ? L’arrivée sur la planète, plutôt du genre catastrophique, fera penser le contraire… Mais ce ne sera que le début d’aventures qui fleurent bon le planet opera d’antan comme on n’en fait plus vraiment aujourd’hui. Et c’est bien dommage d’ailleurs, mais si Arnauld Pontier prend le relais de la manière dont il le fait ici, personnellement ça me va bien.

Il faut dire que l’auteur a presque fait un best-of des tropes du genre, et que ce melting pot réjouissant a tout pour plaire, en embarquant le lecteur vers des aventures extraplanétaires, pleines de découvertes surprenantes. Les ingrédients de « Les enfants de Paradis », à savoir évidemment premier contact, mais aussi Terre creuse, xénoarchéologie et deux ou trois autres qu’il me faut passer sous silence pour ne pas spoiler, rappellent donc un peu, dans leur manière d’être présentés, l’âge d’or de la SF. Et de cette période, sans doute pour y être fidèle au maximum ( 😉 ), Arnauld Pontier a aussi repris un héros, le commandant de l’expédition, Mac Bain, un peu lourdingue et insistant lourdement sur ce qu’il ressent à propos de sa « seconde » (Number One aurait dit le Capitaine Picard de Star Trek), Irina Kheraskov, dont la beauté n’a d’égale que la froideur (ou l’inverse…). Un peu cliché et largement trop récurrent dans les premières pages du roman, mais on s’apercevra par la suite que c’est pour mieux tordre ce cliché et le faire revenir sur des bases nettement plus modernes et donc, touchants. Mais on n’est pas passé loin de l’overdose de gros lourd quand même. 😀

Si je dis âge d’or, c’est aussi parce que l’auteur convoque plusieurs auteurs de cette époque. Comme souvent en pareil cas, en dire trop risque de déflorer le sujet, mais en plus d’Arthur C. Clarke dont j’ai déjà parlé plus haut (le début du roman fait évidemment penser au début de « 2001 » ou à la nouvelle « La sentinelle », de même qu’un autre élément (voire plusieurs) rappelle(nt) largement « Les chants de la Terre lointaine »), il est difficile de ne pas citer le maître du planet opera, Jack Vance. On a vu pire comme références. Mais Arnauld Pontier n’a pas fait que regarder dans le rétro puisqu’il a parsemé son récit de références et de thématiques plus modernes.

Bref, « Les enfants de Paradis » s’avère donc être un fort bon roman d’aventures, qui sent fort le pulp mais qui ajoute une couche de modernité dans sa manière d’aborder les relations humaines et d’apporter un cadre politique et technologique (même esquissés à grands traits) au texte. Mêlant humour, bienveillance et positivité, le roman offre donc largement de quoi satisfaire un lecteur à la recherche d’aventures spatiales. Inoubliable non mais agréable, absolument !

 

Lire aussi l’avis de Anudar, Yogo, Le chien critique, Laird Fumble, Célindanaé.

 

  
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