Pluie, Blackwater tome 6, de Michael McDowell

Posted on 15 mai 2023
Il faut bien en finir au jour… Je ne dis pas cela par lassitude, bien au contraire, mais plutôt sur un ton mélancolique. Car il est temps, avec ce sixième et dernier tome de la série « Blackwater » de Michael McDowell, de dire adieu au clan Caskey. Et ça n’a rien de facile, ni pour le lecteur, ni pour les personnages eux-mêmes…

 

Quatrième de couverture :

Si le clan Caskey accuse le poids des ans, il est loin de s’être assagi : révélations écrasantes, unions insolites et réceptions fastueuses rythment leur vie dans une insouciance bienheureuse. Mais quelque chose surplombe Perdido, ses habitants et ses rivières. Le temps des prophéties est enfin venu.

 

Red rain is pouring down

Voilà, nous y sommes. This is the end. Quel chemin parcouru, sur une cinquantaine d’années (en temps intradiégétique) entre le début du premier tome et la fin de ce sixième. Quelle addiction aussi (même si j’ai pris mon temps pour lire la saga en entier), entretenue par le talent d’un auteur qui écrit simplement mais efficacement et qui, surtout, a su donner du caractère (et quel caractère !) à ses personnages pour les rendre si ce n’est attachants (car ils ne le sont pas tous), du moins inoubliables en un sens. Et même si, pas plus que pour les tomes précédents, je ne compte trop en dévoiler sur l’intrigue de ce volume, il faut bien avouer qu’il ne ménage ni le lecteur ni les personnages. Car le temps passe, il est inéluctable et personne (du moins presque personne…) ne peut lutter contre lui.

Et donc, les générations passent. Mais le clan Caskey reste bien vivant, même si la main est passée à d’autres membres de la famille. Oh ne vous méprenez pas, Elinor est toujours là, mais la direction financière et donc la tête du clan est bel et bien détenue par Miriam, depuis le volume précédent déjà. Mais Elinor reste au centre du jeu, de par sa nature même. D’une certaine manière, c’est peut-être même elle, arrivée de l’extérieur dans des circonstances bien particulières, qui a fait que le clan a traversé les années, là où l’autoritarisme d’une Mary-Love aurait pu, à terme, faire des ravages et mener la famille à l’explosion.

Ainsi donc, les Caskey, plus riches que jamais, perdurent. La société a évoluée des années 20 aux années 70, mais les Caskey restent pourtant fidèles à eux-mêmes (sans que les évènements extérieurs n’aient vraiment de prise sur eux, en dehors du fait qu’ils leur ont permis de faire fortune, ce qui est déjà pas mal), dans un mélange de modernité, de passéisme et d’anachronisme. Voire d’étrangeté quand on constate que leur manière bien à eux de gérer leur progéniture reste ancrée dans leurs gênes. Pourtant, certains actes passés semblent devoir être payés, et certains personnages, même innocents (mais qui l’est vraiment totalement ?), devoir rendre la monnaie de leur pièce (littéralement si je puis dire…).

Les femmes restent définitivement au pouvoir, les hommes n’étant finalement que des suiveurs sans aucune force de décision. Et les luttes de pouvoir restent constantes, en sous-main mais bien présentes malgré tout. Pourtant, à la veille d’une inéluctable fin que personne ne pouvait prévoir (quoique…), certains inimitiés (pour dire le moins) semblent devoir être mises en sourdine, allant même jusqu’à une certaine forme de réconciliation distante, liée à la nature même du caractère des personnages en question.

Et puis enfin, la fin. Dont je ne dirai bien évidemment rien mais qui est magnifique, terrible et d’une certaine manière logique. J’ai lu le dernier chapitre en apnée. Il ne peut d’ailleurs pas être lu autrement. Et quand enfin vient le temps de dire adieu à Perdido et à la famille Caskey, alors qu’on se demande malgré tout quel sera leur avenir, forcément bien différent de ce que leur vie a été jusqu’ici, le pincement au coeur attendu est bien là. C’est à la fois beau et triste, surprenant et logique, à l’image finalement de la saga entière.

Il faut donc absolument remercier les éditions Monsieur Toussaint Louverture et les traductrices Yoko Lacour et Hélène Charrier pour nous avoir permis de découvrir, sous un superbe écrin signé Pedro Oyarbide, cette série qui laissera une trace. Impossible de regretter ce voyage en Alabama mené de main de maître par notre guide Michael McDowell. Bravo et merci.

 

Lire aussi les avis de… plein de monde, il y a en a des dizaines sur le net ! 😉

 

  
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