Zapping VOD et série TV, épisode 58

Posted on 26 mars 2021
Le dernier zapping date du mois d’août… J’ai sans doute zappé (haha) quelques trucs. Petit retour en arrière donc, sur des visionnages importants de ces derniers mois, séries ou films, rapidement car mes souvenirs s’estompent… 😀

 

The Terror, saison 1, de David Kajganich et Soo Hugh

Adaptation du célèbre roman de Dan Simmons, « Terreur » (que je me suis juré de lire un jour), « The Terror » relate donc la fameuse expédition Franklin, chargée de découvrir au milieu du XIXe siècle le fameux passage du nord-ouest. Récit historique donc, puisqu’il suit (avec évidemment quelques « aménagements » puisque si le sort de cette expédition est bien connu, la façon dont tout s’est joué l’est beaucoup moins) peu ou prou ce à quoi a été confronté l’équipage de cette expédition. Mais, étant basé sur le roman de Dan Simmons, s’y ajoute un élément fantastique qui pourrait faire figure d’incarnation de la nature et qui est une démonstration que l’homme n’est pas forcément le plus fort.

Cet aspect fantastique a toujours été pour moi, a priori puisque je n’ai pas lu le roman de Simmons, son point faible : j’avoue que je me serais très bien contenté d’un récit purement historique, cette expédition étant bien assez dramatique sans en rajouter. Et c’est toujours ce que je ressens à l’issue de cette saison (qui relate l’expédition en entier, la saison 2 n’a plus rien à voir avec cela), avec la sensation que cet élément fantastique enlève un peu de la rudesse de la situation vécue par ces hommes (avec une nature extrêmement hostile « passivement » et qui tue les hommes à petit feu, contrairement à ce côté fantastique plus actif et plus expéditif). Mais que cela soit aussi bien clair : en l’état cette série est malgré tout absolument passionnante.

Porté par des acteurs qui font un excellent boulot (mention spéciale à Jared Harris qui campe un magnifique capitaine Francis Crozier), par des décors éblouissants et réellement terrifiants (cette blancheur, cette banquise infini, ce désert de pierre sans vie…), et par une expédition dont le sort a nourri (et nourrit encore, malgré les découvertes récentes des deux bateaux) de nombreux fantasmes, la série s’avère très addictive, même si elle ne repose pas, bien au contraire, sur l’action effrénée et le suspense à tout prix.

Jouant sur les antagonismes et les sentiments humains d’un équipage perdu au milieu de nulle part sans possibilité d’être secouru, c’est évidemment un drame qui se déroule sous les yeux des spectateurs, et qui ne peut que mal finir. Pas grand chose à redire donc à un show scotchant, terriblement froid, fascinant, hypnotisant même par moments. Le seul petit reproche que je lui ferais serait une gestion un peu hasardeuse de l’écoulement du temps qui, bien qu’il soit régulièrement rappelé en début d’épisode, manque de clarté. Pourtant, se rendre compte que pour les plus endurants de l’équipage, le calvaire a pu durer environ deux ans dans cet environnement où l’homme n’est pas le bienvenu est quelque chose qui ne manque pas d’ajouter une couche supplémentaire à l’horreur qu’ils ont vécue. Mais peu importe, « The Terror » (ou du moins cette saison 1, la deuxième a beaucoup moins bonne presse…) est une superbe série qu’il serait bien dommage de rater.

 

Les figures de l’ombre, de Theodore Melfi

Film relatant l’histoire de Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson, et par extension de ces nombreuses femmes noires « calculatrices » de la NASA qui ont grandement contribué, malgré la ségrégation d’alors, à la réussite du programme spatial américain en calculant trajectoires des fusées ou des capsules, points de chute des astronautes, etc…, le tout avant l’avènement des ordinateurs (et même après, même si ce n’est pas tout à fait dans le film qui s’arrête aux environs de l’année 1962 et du vol de John Glenn, qui a contribué à l’aura de Katherine Johnson en demandant à ce que ce soit elle qui vérifie et valide les calculs faits par un ordinateur), « Les figures de l’ombre », même s’il prend quelques libertés avec la réalité pour les besoins d’une adaptation sur grand écran, fait partir de ces films « nécessaires » qui éclairent une histoire vraie, parfois méconnue, un moment de l’Histoire (ou des personnes) qui mérite(nt) d’être mis(es) en plein lumière.

Film très académique mais au propos limpide et important, il évite l’écueil d’un certain ennui poli en saupoudrant son propos de petites touches d’humour et de fraîcheur qui l’éloignent d’une lourdeur qui l’aurait évidemment desservi. Car ici, si la mise en scène est très classique, sans chichi, le film est doté d’un certain entrain, d’une… oui d’une fraîcheur qui n’affadit absolument pas l’importance de son discours. En d’autres mots, c’est « léger », parfois drôle, parfois touchant, parfois révoltant, mais ce n’est jamais pesant.

Et tout cela fait de ce film un excellent moment de cinéma, qui dénonce une époque et ses travers choquants tout en se faisant l’écho d’une période résolument tournée vers le progrès, même s’il a été d’avantage scientifique et technologique que social (ou en tout cas que ces deux aspects n’ont pas progressé à la même vitesse, même si le côté politique de la chose est assez peu abordé ici). Avec à la clé trois jolis portraits de femmes, incarnées par trois excellentes actrices (Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monáe), et en bonus un Kevin Costner comme on aimerait le voir plus souvent. Chaudement recommandé !

 

Space sweepers, de Jo Sung-hee

Vous vous souvenez du film « The wandering earth », cet énorme succès chinois adapté d’un texte de Liu Cixin, d’une époustouflante beauté mais très balisé et surjoué à un point qu’il en devenait risible ? « Space sweepers » est dans la même veine, en gommant quelques défauts, mais pas assez. Parce qu’encore une fois, c’est magnifique, encore une fois le scénario est sans grand intérêt, et encore une fois au bout d’un moment on regarde ça sans avoir grand chose à faire de ce qui s’y passe.

Le cinéma asiatique (« The wandering earth » était chinois, « Space sweepers » est coréen) montre qu’à l’évidence sur le plan des effets spéciaux ils n’a plus grand chose à apprendre des américains, il lui reste encore, dans le domaine de la SF sapce-opera à grand spectacle, à réaliser des choses intéressantes scénaristiquement parce que pour le moment on en est encore à des séries Z déjà vues mille fois, caricaturales et uniquement faites pour éblouir les mirettes des spectateurs. Bon ok, c’est aussi souvent le cas d’Hollywood…

Bref, c’est beau mais c’est vide. Et même si c’est (heureusement !) moins surjoué que « The wandering earth », il n’y a pas non plus le même sense of wonder. Après tout, il ne s’agit pas de déplacer la Terre, juste de sauver une petite fille soupçonnée d’être potentiellement une arme de destruction massive (même si cela passe par des évènements… destructeurs !). Au jeu de l’échelle de la démesure, « The wandering earth » l’emporte donc largement, en plus d’offrir quelques plans assez vertigineux (aaaaaah, Jupiter…) que n’a pas « Space sweepers », malgré son rythme et son contexte spatial propres à en mettre plein les yeux.

Donc au bout d’un moment, avec ce scénario pas fou fou, ces personnages assez caricaturaux (mais par moment assez justes pourtant, comme dans la séquence flashback de Kim Tae-ho) et cet humour un peu lourdaud qui ne fonctionne pas tout le temps, l’attention faiblit pour suivre le tout d’un oeil distrait. Allez, un bon point quand même : dans ce futur spatial, on entend les principales langues de la Terre, et ça fait du bien de ne pas entendre que de l’anglais. Vive l’espace multilingue ! 😉

 

La mission, de Paul Greengrass

Paul Greengrass à la réalisation, Tom Hanks, un western, il n’en n’a pas fallu plus pour me convaincre de regarder ce film. Paul Greengrass m’avais surpris, en bien, avec des films qui, au départ, n’avaient rien de très engageant mais qui se sont pourtant révélés excellents (« Vol 93 » et « Capitaine Phillips »). Pas question donc de bouder ce nouveau film dans lequel il retrouve Tom Hanks, avec qui il avait déjà travaillé sur « Capitaine Phillips ».

L’intrigue est simplissime : Tom Hanks joue le rôle du capitaine Jefferson Kyle Kidd, un texan ancien combattant de la guerre de Sécession qui s’est « réorienté » vers le métier de rapporteur public pour lire les journaux dans les villages reculés. Lors d’un de ses voyages, il tombe sur une petite fille esseulée, apparemment enlevée par les Indiens Kiowas depuis quelques années et qui ne parle plus anglais. Il décide de la ramener à sa famille biologique.

A partir de là, il faut être très clair : le film est cousu de fil blanc, il n’y a absolument aucune surprise à attendre. De la petite fille qui ne connait rien du monde des blancs auquel elle n’appartient plus depuis plusieurs années à l’ancien officier au grand coeur, en passant par les méchants qui veulent récupérer la petite dans un but évidemment tout à fait ignoble, la famille de la même petite qui n’est pas si accueillante que ça, etc… Tout y est, et vous connaissez plus ou moins le cheminement du film et bien évidemment la fin avant même d’avoir dépassé la première demi-heure.

Et vous savez quoi ? Peu importe ! Car d’une part le film est très bien réalisé (réalisation classique mais très léchée, belles images, une musique discrète mais très plaisante de James Newton Howard), d’autre part les acteurs sont irréprochables (même si Tom Hanks ne force pas vraiment son talent) avec notamment une Helena Zengel qui fait un travail à la fois simple et sensible, et enfin parce que le film porte un message intéressant sur la force de l’information, sur l’importance qu’elle a auprès des personnes qui ont un choix à faire, et sur la liberté de la presse. Et si le film ressemble plus à un travail réalisé par un Paul Greengrass qui a pris des habits d’élève appliqué, ça n’en fait pas moins un joli long-métrage, qui contrebalance son scénario sans surprise par une exécution certes sans éclat particulier mais surtout sans faille non plus.

 

  
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