Star Trek : Picard, saison 2

Posted on 2 juin 2023

Après la saison 1, embarquement immédiat pour la saison 2 ! Revoir Picard fut un petit bonheur, pas de raison de s’arrêter en si bon chemin, surtout si la qualité reste au rendez-vous, notamment pour les fans du personnage qui voient dans cette série, à raison, le moyen d’obtenir une vraie conclusion sur la vie de Picard, chose à laquelle il n’avait pas eu droit avec le dernier film de l’ère The Next Generation, « Star Trek Nemesis », qui ne concluait rien (sauf en ce qui concerne Data). Alors on repart pour un tour… et on déchante assez vite…

 

   

   

 

Car après avoir fait un peu avancer le background des personnages depuis la fin de la saison précédente dans son premier épisode (Elnor est devenu un cadet de Starfleet, Raffi et Rios ont repris du service, ce dernier devenant même le capitaine d’un vaisseau), on s’aperçoit vite où les choses vont nous emmener : on a droit aux Borgs (oui, encore), et à un voyage temporel/réalité alternative/uchronie. On tombe là sur le premier écueil de cette saison : la série a le bon goût de s’affranchir d’éléments trop classiques (pas de Klingons ici, les Romuliens sont des alliés intégrés à Starfleet) mais continue de se reposer sur d’autres trop souvent explorés (les Borgs donc, le voyage dans le temps qui est un peu le marronnier de Star Trek, la fusion machine-homme déjà vue dans la saison 2 de la récente série « Discovery » par exemple). Le syndrome Star Wars peut-être . Oui je trolle. 😀

 

   

   

 

Bon, le voyage dans le temps n’a certes rien de nouveau mais ça peut quand même donner des choses intéressantes. Sauf qu’ici, ça n’est pas le cas. Le voyage temporel est justifié par l’apparition d’une uchronie. En effet, plus qu’une réalité alternative, on est bien sur une divergence temporelle provoquée en 2024 par ce génial personne qu’est Q (et on se régale de le revoir à l’écran, toujours superbement interprété par John DeLancie) et l’époque à laquelle évoluent Picard & co (en 2401) voit la Fédération être devenue une Confédération totalitaire et xénophobe, militairement dirigée par un Picard qui se fait une joie de mettre la tête des vilains extraterrestres sur des piques et de les garder en trophée dans son bureau… Il faut donc réparée la timeline et faire en sorte que la divergence n’ait pas lieu. Retour donc en 2024. Et donc deux choses : tout d’abord la Confédération tyrannique ressemble terriblement à ce qu’on a déjà vu, là encore à plusieurs reprises dans les différentes séries, avec l’univers miroir (dernièrement dans « Discovery » là encore). Et ensuite, le retour à une époque contemporaine fait immédiatement penser, l’humour en moins, à ce qui a déjà été fait avec le film « Retour sur Terre ». Niveau originalité, on repassera…

 

 

   

 

Donc c’est du déjà vu, et là ça s’étale (pour la partie contemporaine) sur, disons, huit épisodes environ (sur dix au total…). Ça fait beaucoup. Là ou le film « Retour sur Terre » misait sur l’humour et le décalage entre ces vieux explorateurs du XXIIIe siècle et les années 80, ici ça se prend très au sérieux. Le début et la fin de cette saison sont certes intéressants (d’ailleurs on notera que la série sait indubitablement amener d’efficaces conclusions, c’était le cas en 1ère saison, ça l’est à nouveau ici, avec une petite larme pour un personnage emblématique de l’ère TNG), de même qu’une certaine approche frontalement sociale (sur la gestion de l’immigration mexicaine), mais le tunnel entre les deux est trop long, à l’image du siège du Château Picard dans le 9ème épisode, pas franchement passionnant, ou des délires métaphysico-psychologiques de Picard (malgré un dédale dans le dit Château Picard qui est l’image du traumatisme de jeunesse du personnage, une bonne idée sur le papier mais qui ne marche pas tant que ça à l’écran). Sans compter sur le fait que le voyage dans le temps fonctionne à peu près bien scénaristiquement à la condition de ne pas y regarder de trop près (attention aux noeuds au cerveau sur la relation GuinanPicard à travers le temps, puisqu’ils se sont rencontrés auparavant au XIXe siècle dans la série TNG, et on aura beau justifier tout cela par les différentes timelines qui existent ou n’existent pas en fonction des évènements, tout cela reste assez obscur et pas d’une logique à toute épreuve…).

 

   

   

 

Pour les amateurs connaisseurs de Star Trek, il y a évidemment toujours de quoi se mettre sous la dent, puisque la série continue de jouer sur la nostalgie. On retrouve donc Q, Guinan (Whoopi Goldberg bien sûr, mais aussi Ito Aghayere) et plein d’autres références (dont un de pur fan-service dans le dernier épisode) qui vont de l’easter egg réservé aux connaisseurs (comme Jurati citant Dixon Hill, le détective dans la peau duquel Picard avait l’habitude de se glisser dans l’holodeck de la série TNG, ou bien l’adresse du bar de Guinan à Los Angeles : 10 Forward Avenue, ou encore la référence à la navette OV-165, visible dans le générique de la série « Star Trek Enterprise ») à des éléments plus évidents (le vaisseau de Rios, l’USS Stargazer, du nom du premier vaisseau commandé par Picard). Et il y en a beaucoup, beaucoup d’autres. De quoi ravir les fans.

 

   

   

 

Mais on ne peut pas dire que cela fasse de cette saison une bonne saison. C’est un peu la douche froide après la bien bonne première saison… C’est poussif, c’est peu inventif, c’est déjà vu, c’est… contemporain (ceux qui veulent voir des vaisseaux et de l’exploration en seront pour leur frais, on navigue certes, mais entre La Barre en France et Los Angeles…) ! Et c’est trop long. Il y a quelques bonnes idées certes (on pourrait penser qu’utiliser « Non, je ne regrette rien » d’Edith Piaf est encore un gros cliché américain sur la France, mais il faut avouer qu’il y a là une vraie signification thématique et c’est plutôt bien vu), et ça se laisse regarder, mais on finit par se surprendre à faire autre chose en même temps… Pas vraiment bon signe. Déception donc. Reste à espérer que la saison 3 redresse le niveau, parce qu’avec cette seconde saison, le bateau Picard tangue sérieusement. Il est sans doute déjà temps de conclure…

 

   

   

 

 

  
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