Star Trek : Picard, saison 3

Posted on 12 juin 2023

La première saison était très sympa, la deuxième beaucoup moins… Alors forcément, on a un peu peur à l’orée de la troisième, ce serait quand même bien dommage qu’après avoir attendu une vingtaine d’années pour avoir une vraie conclusion au cycle « The Next Generation », on se retrouve avec un truc pas à la hauteur du mythe (oui je sors les grands mots si je veux ! 😀 ). Avec les promesses entrevues lors des deux saisons précédentes, notamment via l’accent mis sur une certaine nostalgie (autrement appelée fan-service… 😀 ) des téléspectateurs en faisant revenir de nombreux personnages des séries précédentes (et pas uniquement de TNG) ou en faisant de très nombreuses références à des évènements passés, tout semble au vert de ce côté-là. Reste à ne pas sombrer dans l’ennui avec une intrigue paresseuse et déjà vue comme en saison 2, d’autant que le seul fan-service ne peut pas suffire à garantir la qualité de la série.

 

   

   

 

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est cette fois largement à la hauteur ! On est même parmi les toutes meilleures saisons de la franchise en fait. Oui, rien que ça. Est-ce l’effet « The Next Generation », avec un casting aux petits oignons, comme au bon vieux temps ? Sans doute un peu, oui, mais ce serait trop réduire la série à son seul aspect nostalgique qui, s’il est bien présent (en se permettant d’invoquer rien de moins que les trois séries des années 90, à savoir « The Next Generation », « Deep Space 9 » et « Voyager »), n’élude pas les qualités narratives qu’elle présente.

Au scénario ici, un appel désespéré de Beverly Crusher à Picard, alors qu’elle est attaquée et blessée dans son vaisseau. Picard décide de mettre son début de romance avec Laris de côté pour voler à son secours, et retrouve Riker qui lui propose un plan : prétexter une visite d’inspection surprise sur l’USS Titan-A (successeur du vaisseau dirigé par Riker que l’on voit dans les deux premières saisons de « Lower Decks »), dirigé par un peu serviable capitaine Shaw, lui-même secondé par Seven of Nine, pour aller secourir Crusher. En parallèle, Raffi Musiker, oeuvrant pour les services de renseignement de Starfleet, tente de récupérer une arme volée qui, selon son mystérieux supérieur, pourrait semer la destruction.

 

   

   

 

Sans surprise les deux intrigues, qui restent parallèles un bon moment, vont se retrouver liées, chacune ayant ses propres références, toujours à bon escient, toujours faisant battre le coeur des trekkies. Personnages, évènements passés, vaisseaux, tout est fait pour que l’ensemble soit finalement bien plus que la troisième saison de « Star Trek : Picard », mais carrément la huitième saison de « The Next Generation ». Et bon sang, ça fonctionne diablement bien ! L’équilibre est toujours bien tenu entre action, émotion, révélations, développement des personnages dont les interactions étaient restées en suspens il y a plus de vingt ans. Il y a un nombre impressionnant de scènes qui font vraiment plaisir à voir, entre pure nostalgie et vrais moments émouvants (cette scène très forte et très lumineuse avec les souvenirs de Data…).

 

   

   

 

La caractérisation des personnages, qui aurait pu être figée dans le marbre, continue d’évoluer et c’est vraiment une excellente surprise car aucun n’est laissé de côté, ils ont tous quelque chose à dire (contrairement à l’équipage de « Discovery », qui a vraiment du mal à exister au-delà de Burnham et Saru), à ajouter à leur histoire déjà longue. Alors oui, pas de faux suspense ici (je me suis longtemps demandé si je devais y faire allusion, mais à quoi bon passer sous silence ce qui n’a plus rien d’un secret), tout le casting de « The Next Generation » se retrouve réuni (et pas seulement le casting principal, je pense ici à un personnage bajoran à cheval sur « The Next Generation » et « Deep Space 9 »…), et de la plus éblouissante des manières (mais je me garderai bien d’en dire plus, même si ce n’est pas l’envie qui me manque). C’est sans doute ce qu’au fond tout le monde attendait, et c’est donc du pur bonheur.

 

   

   

 

Difficile donc de faire la fine bouche avec une intrigue prenante et palpitante (qui prend ses racines dans « Deep Space 9 » autant que dans « The Next Generation »), des enjeux colossaux (même si on pourrait regretter que tout repose à nouveau sur ce fameux équipage, ça devient une rengaine…), des acteurs au top, un humour qui refait enfin surface (merci Worf, qui m’a fait rire plus d’une fois, notamment sur un « threesome » hilarant ! 😀 ) et des effets spéciaux impeccables.

Et il me faut parler de la musique, signée Stephen Barton, et Frank Wiedmann. Jeff Russo, compositeur des musiques de « Discovery » et des deux premières saisons de « Picard » passe donc le relai et le résultat est une superbe réussite. J’ai toujours trouvé les compositions de Russo sympathiques mais jamais mémorables, toujours trop discrètes. Ici, sans faire dans le pompier, les compositeurs sont parvenus à mélanger modernité (avec des sonorités « synthétiques ») et orchestration plus classique (avec des reprises à bon escient des thèmes iconiques de la franchise : ici du Alexander Courage (les premières notes du thème bien connu de la série originale), là du Jerry Goldsmith (pour sa célèbre composition du premier film, reprise ensuite au générique de la série « The Next Generation »), mais aussi un peu de « Deep Space 9 », « Voyager » ou « First Contact »), en ajoutant de nouveaux thèmes bien à eux pour un résultat impeccable qui sait être doux ou épique quand il le faut, avec bien plus de corps que ce qu’a fait Russo jusqu’ici. Cette BO est incontestablement un des gros points forts de la saison, et devient même sans doute une des meilleures BO de la franchise depuis très très longtemps. À écouter en boucle (2h30 quand même 😉 ) sur toutes les plateformes de streaming musical.

 

   

   

 

Le design global met une petite claque à l’autre série récente dans l’univers Star Trek, « Discovery » (je n’ai pas encore vu « Strange New Worlds »). On se souvient de la refonte des Klingons dans la première saison de « Discovery », avec des vaisseaux disons… surprenants, et un design des vaisseaux de la Fédération qui n’avait pas convaincu grand monde au delà du Discovery lui-même (encore heureux…). Dans cette troisième saison de « Picard », on est au top niveau. Le design des vaisseaux, s’il n’est pas toujours totalement original dès lors qu’on est sur des races extraterrestres (le Shrike par exemple semble être un mix entre un vaisseau des Ombres de « Babylon 5 » et un vaisseau Cylon de « Battlestar Galactica »…), oscille en revanche entre l’excellent et le quasi-parfait, et sait parfaitement les mettre en valeur (avec un petit quelque chose du premier film, en moins long… 😉 ). Avec toujours en vue un délicat équilibre entre l’hommage aux anciens vaisseaux et un design plus moderne, plus futuriste en somme, les designers, qui avaient déjà frappé un grand coup avec le nouveau Stargazer en saison 2, ont renouvelé l’exploit avec l’USS Titan-A, pur bonheur de design dont la soucoupe semble très inspirée de l’USS Entreprise-A (sans doute LE vaisseau de la saga, au design inégalable) et la coque technique issue de l’USS Excelsior, modernisant le tout sans lui faire perdre sa personnalité et c’est une absolue réussite (il ne manque plus que la moquette ! 😀 ). Et puis il y aussi… non je me tais ! 😀

 

   

   

 

Cette saison est donc une friandise à consommer sans modération. Un éventuel problème tout de même, accentué par ce qui est présenté dans cette troisième saison : il faut ici, plus que dans tout autre série, avoir vu la série « The Next Generation » pour profiter pleinement du spectacle. Non pas sur le plan de la compréhension de l’ensemble, mais simplement pour le côté hommage et nostalgie de la chose. Ne pas avoir vu TNG rend un peu caduque les retrouvailles d’un équipage qui se connait depuis longtemps et qui a traversé de multiples épreuves en compagnie des téléspectateurs. L’effet n’est pas du tout le même sans cette expérience TNG. Indubitablement, la série « Picard » s’adresse aux fans de TNG, c’est vers eux qu’elle est tournée, autant que vers les personnages de cette période. Mais l’un ne va sans doute pas sans l’autre…

 

   

   

 

Et donc, pour finir, on a enfin une conclusion largement plus satisfaisante pour Picard & Co que celle de « Star Trek : Nemesis » qui n’en était pas une. D’une certaine manière, même s’il reste une possible ouverture vers d’autres aventures (mais pas nécessairement pour les mêmes personnages), la série nous offre ici une fin apaisée et si on peut être triste que cette ère se termine là, il faut avant tout être heureux d’avoir pu la voir (et l’avoir). Conclusion éclatante donc, qui ne s’épargne pas de quelques menues longueurs ici ou là, qui use un peu trop d’une photographie très sombre (qui fait certes ressortir la luminescence des décors mais bon…), qui n’est pas toujours follement originale (le prétexte pour nous ressortir un « vieux » vaisseau résonne beaucoup comme l’idée même qui a permis au Battlestar Galactica de ne pas être détruit dans la série du même nom…) ou qui se permet quelques séquences un peu too much (le X-Wing Titan-A qui slalome dans l’Étoile de la Mort un cube Borg), mais qui surtout offre un feu d’artifice de tous les instants et un final épique tout à fait à la hauteur d’un équipage légendaire (avec un dernier plan qui rend hommage au dernier plan du dernier épisode de la saison 7 de la série « The Next Generation »), à l’image de son capitaine devenu amiral. Une saison à voir et sans doute à revoir (elle a vraiment les épaules pour être visionnée plusieurs fois) tant elle regorge de qualités. Du grand, du très grand Star Trek !

 

   

   

 

 

  
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